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Filière élevage : quels leviers pour stimuler la compétitivité ?

Face au manque de compétitivité des filières françaises, éleveurs et fabricants d'aliments se sont penchés, lors de la convention annuelle de Coop de France Nutrition animale, sur les moyens de regagner des parts de marché. Image auprès des consommateurs, restructuration de l'aval, volatilité des prix des matières premières, restent à optimiser.

Être irréprochable sur la question sanitaire, accepté par la société et efficace économiquement, voilà les trois axes de travail sur lesquels la nutrition animale se focalise pour que la France reprenne sa place de leader européen de producteur d'aliments pour animaux –perdue au profit de l'Allemagne en 2010. C'est ce qui ressort des échanges entre fabricants d'aliments et éleveurs, intervenus lors de la convention annuelle de Coop de France Nutrition animale (CdFNA), le 5 novembre à Paris. Le manque de compétitivité de l'élevage français, qui perd des parts de marché, pèse sur l'industrie de l'alimentation des animaux. Le secteur travaille, avec ses clients, à la remise en forme de la filière.

Oqualim, visa pour le marché

Pour le premier axe d'action, l'accent a été mis sur la certification Oqualim, qui « permet de faire mieux au même prix, de rendre la filière plus forte et plus transparente », se réjouit Jean Louis Zwick, président de Soal. D'un coût estimé aux alentours de 280.000 €, soit 0,07 cts/t d'aliment produit, le secteur de la nutrition animale a largement adhéré au projet, puisqu'aujourd'hui, 95 % des volumes sont rentrés dans la démarche, selon les experts. « Ça marche, c'est efficace, efficient, et attendu par les consommateurs », renchérit-il. Et de mettre en garde : « ceux qui ne seront pas dans la démarche n'auront plus accès au marché », compte tenu de la hausse des exigences des consommateurs intérieurs mais aussi extérieurs. Et « deux plans spécifiques devraient voir le jour au 1er janvier 2015 : d'une part pour les filières équines, et d'autre part pour les aliments d'allaitement », souligne CdFNA.

Pour répondre aux attentes de la société, l'approvisionnement en protéines est considéré comme un élément essentiel par CdFNA. La France, aujourd'hui importatrice de soja brésilien, parfois à l'origine de la déforestation, peut se tourner vers d'autres pistes. Tout d'abord, il existe le soja durable RTRS. La solution d'augmenter la production de protéagineux en Europe est également évoquée, mais « une telle solution réduirait les surfaces d'épandage de lisier », rappelle Christiane Lambert, éleveuse de porcs, et vice-présidente de la FNSEA, et d'ajouter que « grâce aux biocarburants, la dépendance en protéines de soja étranger a baissé, face aux qualités très intéressantes du tourteau de colza ».

Gagner en compétitivité par les matières premières, des efforts superflus ?

D'autre part, les sources d'approvisionnement constituent un levier pour gagner en compétitivité. Alors que « 80 % des matières premières entrant dans l'alimentation des animaux sont d'origine française », rappelle Stéphane Hotte, directeur du pôle amont chez Novial, « 85 % des poulets mangés au restaurant sont d'origine étrangère », oppose Christiane Lambert. Face à l'adage « la viande étrangère est moins chère car les animaux y mangent moins cher », la vice-présidente de la FNSEA répond par la négative en rappelant : « En sortie d'élevage, la viande française est plus compétitive qu'en Allemagne. Par contre, c'est en sortie d'abattoir que la France devient moins compétitive, dû au coût de main d'œuvre notamment. Il y a donc une nécessité de raisonner tout au long de la chaîne ». Autre piste évoquée par Christiane Lambert, l'utilisation des protéines animales pour les monogastriques. « Je ne dis pas qu'il faille prendre une décision, mais il faut poser la question ».

Bien entendu, la volatilité des prix reste au centre des préoccupations. Le rôle essentiel des fabricants d'aliments dans le lissage des coûts de l'aliment à destination des éleveurs a été rappelé. Mais la clé de la gestion de l'instabilité des marchés se trouve dans « la contractualisation avec les éleveurs, qui leur permettra d'avoir plus de lisibilité sur une longue période », argumente Christiane Lambert, remémorant que l'aliment représente 65-70 % du coût de revient des éleveurs. Et d'ajouter qu'il faut raisonner la contractualisation en fonction du « prix d'équilibre des éleveurs ». Les coopératives aident parfois ces derniers dans les périodes difficiles, comme par exemple avec « la compression des marges », précise Jean-Claude Virenque, président de Solevial, et éleveur de porcs, et de souligner que « les coopératives, dont la gouvernance appartient aux agriculteurs, apportent plus que le privé, grâce notamment à une meilleure connaissance de l'élevage ».

La production d'aliments pour animaux en retrait

La production globale d'aliments pour animaux est projetée en recul de 0,5 % sur l'ensemble de l'année 2014, par rapport à 2013, tous secteurs confondus, pour tomber à 21,2 Mt, peut-on lire dans le rapport de Coop de France Nutrition animale. La France conserverait sa deuxième place au classement des plus gros producteurs d'aliments pour animaux de l'UE, derrière l'Allemagne, à 23 Mt, mais devant l'Espagne, dont la production se stabilise depuis 4 ans à 20,2 Mt. En détail, sur la période janvier-août 2014, la part d'aliments pour volailles régresse de 0,8 %, et celle du secteur porcin, le plus affecté, baisse de 3,7 %. La situation est un peu meilleure pour le secteur bovin, qui voit sa production d'aliments progresser de 1 %. Seule bonne nouvelle pour les éleveurs, la baisse du prix de l'aliment, consécutive à celle des matières premières.

Concernant les contraintes réglementaires, « il nous faut de l'air », déclare Christiane Lambert, en référence aux normes environnementales : directive nitrate, bien-être animal… Sur ce dernier point, les professionnels des secteurs auront fort à faire, au vu des dernières manifestations.

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