Filière colza : les triturateurs en portuaire favorisés ?
Après la fermeture de l'usine de trituration de Cargill à Mayence, la question de la compétitivité des sites en fonction de leur localisation, portuaire ou dans les terres, se pose.
Les faibles marges actuelles des triturateurs européens inquiètent. « À plus de 100 €/t il y a dix ans, les marges des triturateurs tombent désormais à 20-30 €/t », alerte Ahmed Ben Hassine, président du cabinet de courtage Com-soléa. Conséquence, la récente fermeture de l'usine de Cargill en Allemagne, située dans les terres, en raison, entre autres, d'un accès compliqué aux matières premières. Ce qui est moins problématique en portuaire, spécialement cette année. « Il y a une logique industrielle à se positionner dans les ports. Cela permet de capter plus facilement des marchandises d'importation », explique Xavier Durand-Viel, président du cabinet de courtage Plantureux. Selon Oil World, les importations de canola en France s'élèvent à 371.000 t sur octobre-janvier 2016, contre 220.000 t en 2015. L'offre canadienne s'est implantée à hauteur de 120.000 t, contre 0 t en 2015. Selon la même source, les importations de canola australien s'établissent à 28.000 t sur janvier-mars. Reste que l'Europe est « en surcapacité de production, et que ce n'est pas la première fois qu'une usine ferme dans l'UE », ajoute Xavier Durand-Viel. Sous-entendant que si les cours des huiles ne s'améliorent pas, d'autres pourraient suivre, et les usines dans les terres pourraient être les premières à en souffrir.
Avantage simplement ponctuel du portuaire ?
Ahmed Ben Hassine estime que la compétitivité du portuaire par rap-port à l'intérieur est plus conjoncturelle que structurelle. Il rappelle le niveau très bas du fret maritime, et signale que « des partenariats solides existent dans l'Hexagone entre OS et industriels dans les terres, avec de gros contrats cadre, limitant les risques. (...) Il y aura peut-être plus de diversification dans les usines, avec davantage de lignes de trituration d'autres produits (tournesol ?) ». Et de préciser que « certaines années, des marchandises partaient vers l'étranger, sans que les sites portuaires puissent en profiter ». Michel Boucly, directeur général adjoint du groupe Avril, estime lui aussi que le problème est « essentiellement conjoncturel, lié à la baisse des prix de l'huile ».