Lesaffre
Faire « pousser » la nutrition-santé
Lesaffre a fait le choix de la nutrition-santé et des produits de protection des plantes biosourcés, en s'appuyant sur son savoir-faire développé en boulangerie. La levure reste néanmoins toujours sa carte maîtresse. D'ailleurs, le groupe devrait annoncer prochainement l'acquisition d'une nouvelle levurerie en Turquie.







Lesaffre, Bonduelle et Roquette... l'incontournable et solide tripode agroalimentaire du Nord-Pas-de-Calais. Et pour les deux premiers, leur histoire a commencé voici 161 ans, et n'est certainement pas prête de s'arrêter ! À l'origine distillateur d'alcool (dès 1853), le groupe Lesaffre a commencé ses activités de levurier en 1872. Quelque 142 ans plus tard, le numéro un mondial de la levure de panification, présent dans 180 pays, se veut désormais être « le spécialiste des ”ingrédients biosourcés à destination des marchés de la panification, de la nutrition-santé humaine, végétale et animale, et de façon plus générale de la bio-industrie ».
“Les levures, et d'autres microorganismes, peuvent apporter des réponses douces aux besoins de traitement des plantes.
Après quelques années de silence, employées à définir sa future stratégie, le groupe familial, non coté en bourse, vient d'entrouvrir ses portes à l'occasion des 40 ans de la création de son réseau mondial de baking centers, destinés à ses clients boulangers. Un prétexte surtout pour affirmer haut et fort la volonté affichée désormais par le groupe, présidé par Lucien Lesaffre, de se développer rapidement dans la bio-industrie. Avec une vraie légitimité : sa parfaite connaissance des levures et de leur biologie, ainsi qu'une véritable compétence industrielle. L'objectif global de croissance du groupe a été fixé à 5-7 % par an.
Mais combien de brevets Lesaffre dépose-t-il chaque année ? Antoine Baule, le nouveau directeur général nommé en septembre 2012, reste très discret dans le domaine de la propriété industrielle. Comme sur les efforts de R&D consentis par le groupe. Tout juste sait-on que 180 chercheurs travaillent, en collaboration avec une soixantaine de centres de recherche universitaires, à la sélection de nouvelles souches de levures, bactéries ou champignons !
« Dans les cinq ans qui viennent, notre objectif est de faire passer la part de la nutrition-santé de 20 à 30 % de notre chiffre d'affaires », précise Antoine Baule. Déjà présent dans la chimie verte et associé au projet Futurol depuis 2008, Lesaffre travaille toujours à la sélection de levures adaptées à la production de bioéthanol de seconde génération, dont « on devrait voir les premiers développements d'ici deux à trois ans », a-t-il précisé.
Lesaffre vient de racheter la société italienne Omniabios (décembre 2013). Implantée à Bagnolo Mella à 70 km à l'est de Milan, cette jeune pousse de 15 salariés est spécialisée dans la purification d'une molécule (la S-adénosyl-L-méthionine), une substance naturellement produite par le corps humain et qui possède des propriétés sur la protection des cellules du foie ainsi que sur les douleurs articulaires, comme l'arthrose.
Lesaffre a également acquis la société Agrauxine en février 2014. Cette PME d'une vingtaine de salariés, implantée à Beaucouzé, sur la technopole d'Angers, a réalisé un chiffre d'affaires de 524.300 € en 2012. Elle se développe dans le domaine du biocontrôle et de la bionutrition des plantes. Sur la base de travaux menés par l'Inra, Agrauxine devrait déposer très prochainement une autorisation de mise sur le marché d'un nouveau produit pour le traitement des maladies du bois de la vigne.