Face aux craintes des industriels, Euronext défend son contrat Sucre
Cristal Union et Tereos formulent des inquiétudes vis-à-vis de la viabilité à long terme du futur contrat Euronext sur le sucre prévu pour 2017.
Les responsables de Cristal Union ont fait part de leurs doutes concernant le bien-fondé de la création d'un contrat Euronext sur le sucre en 2017, après la fin des quotas, lors de la présentation de l'exercice 2014/2015 du groupe le 7 mars à Paris. « Trop petit, le marché du sucre européen n'est pas assez “liquide” et donc vulnérable. Il y a déjà eu une expérience malheureuse avec le lait. (…) Nous avons été consultés et nous n'en voulons pas », s'est exprimé Olivier De Bohan, président de Cristal Union. Stanislas Bouchard, directeur général de Cristal Co, ajoute « qu'il existe déjà des marchés à terme à New York et à Londres. Ce dernier n'a d'ailleurs pas suffisamment de liquidité. » Une opinion que partage le groupe Tereos. Stanislas Bouchard explique également que le marché du sucre européen est trop éclaté, pas assez standardisé, comme peut l'être celui du blé tendre, avec des points de livraison trop nombreux. Ainsi, il craint de voir un marché papier trop déconnecté du marché physique, et donc pas suffisamment transparent. De plus, « les opérateurs sont plus habitués au gré à gré, par des contrats spécifiques ». Olivier De Bohan enfonce le clou : « Il ne cesse d'y avoir des mécanismes qui dérégulent les marchés, en donnant trop la possibilité de spéculer. Or l'agriculteur a besoin de sécurité, de visibilité et d'une forme de régulation. »
Un marché suffisamment “liquide”, selon Euronext
Euronext explique de son côté que la liquidité ne devrait pas être un problème. « Nous sommes en surcapacité de raffinage en Europe. De plus, l'UE est vouée à augmen-ter sa production après la fin des quotas sucriers », témoigne Olivier Raevel, directeur des matières premières chez Euronext. « Euronext est un outil de couverture, et donc de gestion de la volatilité des prix comme un autre. (…) Nous travaillons actuellement afin de définir les points de livraison en Europe de l'Ouest, afin de rendre le marché transparent et le plus connecté possible au marché physique », ajoute-t-il. Et de terminer en précisant que, par le passé, « il y avait des craintes similaires de la part des opérateurs concernant le blé et le colza. Et finalement, ces contrats sont des réussites. » François Thaury, responsable du bureau Sucre chez Agritel, ne croit pas au fait que la création d'un marché à terme européen verra sa liquidité affectée par l'existence de ceux de Londres et de New York. « Le marché à terme du sucre européen est prévu pour représenter les flux sur l'intracommunautaire, et non pas le marché mondial. S'il correspond bien aux spécifications du marché européen, la liquidité viendra d'elle-même. » Tout comme la transparence. Et d'ajouter que la participation des fonds spéculatifs est indispensable au bon fonctionnement du marché, car les opérateurs, industriels et betteraviers, ne suffiront pas. Enfin, le contrat Euronext leur permettra plus de flexibilité et d'optimiser leur commercialisation, selon le spécialiste du marché du sucre.