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Exportations céréalières - Sénalia a déjà chargé plus de 50 % de son objectif de campagne

Sénalia a exporté 2,4 Mt de grains du 1er juillet au 31 décembre, alors qu’il compte en expédier 4,4 Mt sur l’ensemble de la campagne 2022-2023. Traditionnellement, le silo portuaire rouennais charge en moyenne 35 % de son objectif de campagne sur le premier semestre.

« La fin de campagne sera plutôt calme en blé tendre, avec des destinations comme le Maroc, voire l’Algérie, la Chine étant inscrite aux abonnés absents », commente Alain Charvillat.
© Haropa Port

Les exportations de grains, chargées par Sénalia sur le premier semestre 2022/2023, s’élèvent à 2 430 000 t (contre 2 217 000 t sur la même période en 2021-2022), soit plus de la moitié des 4,2- 4,6 Mt que le silo portuaire rouennais compte expédier au 30 juin. « C’est une première ! En 2021/2022, nous avions déjà expédié 50 % de notre objectif de campagne au 31 décembre mais, traditionnellement, nous n’en chargeons qu’entre 30 % et 40 % », se réjouit Alain Charvillat, directeur céréales export de Sénalia, qui représente entre 48 % et 55 % du trafic de grains du port de Rouen, l’entité d’Haropa Port dédiée à cette activité.

Dans le détail, Sénalia a exporté 1,854 Mt de blés meunier et fourrager sur la première partie de la campagne 2022/2023 (contre 1,386 Mt du 1er juillet au 31 décembre 2021), 451 000 t d’orge fourragère (contre 293 000 t), 338 000 t d’orge de brasserie (205 000 t), 54 000 t de blé dur (10 000 t), 30 000 t de colza (19 000 t) et 1 000 t de pois (0 t).

Une Chine beaucoup moins présente qu’en 2021/2022

En termes de destinations, on retrouve le top 3 de la campagne dernière sur cette période mais dans un ordre différent. L’Algérie occupe la première place du podium, du 1er juillet au 31 décembre, avec 600 000 t réceptionnées (contre 333 000 t sur la même période en 2021), suivie par le Maroc avec 460 000 t (56 000 t) et la Chine avec 360 000 t (1,360 Mt).

Un tirant d’eau variable qui perturbe les exportations

Les problèmes de limitation du tirant d’eau dans l’estuaire de la Seine enregistrés en 2022 s’expliquent, selon Haropa Port, par plusieurs paramètres à la fois météorologiques (tempêtes printanières et sécheresse estivale) et techniques (une des deux dragues ayant été mise en arrêt technique pour maintenance).

Si le tirant d’eau à l’embouchure de la Seine revient progressivement à 11,30 mètres, d’après Haropa Port, ses variations sont source de désagrément pour le transport fluvial de céréales. C’est même « un très gros point de nuisance », affirme Alain Charvillat, directeur céréales export de Sénalia. La limitation du tirant d’eau, qui était « un fait assez récurrent ces dernières années », est « moins vrai maintenant », avec les travaux de draguage entrepris par Haropa Port, qui font que « la décote est aujourd’hui relativement faible ».

Cependant, « les courants de la Seine favorisant le dépôt de sédiments, le retard pris dans le programme de draguage de printemps [comme cela a été le cas en 2022, la drague de remplacement n’étant arrivée qu’en septembre, selon les déclarations d’Haropa Port, NDLR] a entraîné des problèmes en période d’étiage », explique Alain Charvillat. Et d’ajouter : « L’envasement des souilles, qui limite la hauteur d’eau disponible à l’aplomb des quais de chargement, et celui du chenal entre le port de Rouen et la pleine mer ont limité les tirants d’eau en période estival ». Une situation d’autant plus dommageable que c’est l’époque où le port de Rouen accueille de gros navires, comme les panamax à destination de la Chine : « Moins de tirant d’eau signifie moins de tonnes de grains pouvant être chargées sur le port de Rouen et des compléments de cale plus importants dans les ports en haute mer, tels Dunkerque, Montoir-de-Bretagne et La Pallice », se désole Alain Charvillat.

Techniquement parlant, avec un tirant d’eau inférieur à 11 mètres, un panamax sur le port de Rouen ne peut charger qu’entre 46 000 et 48 000 t de grains, contre 52 000 à 55 000 t pour un tirant d’eau compris entre 11,10 et 11,30 mètres. « Au départ de Rouen, le faible tirant d’eau a été un facteur limitant important sur la première partie de la campagne 2022-2023, qui a réduit le potentiel d’exportation de Sénalia par panamax, essentiellement à destination de la Chine, puisque cela nous a fait perdre jusqu’à 9 000 t de grains par navire, sachant que nous avons accueilli une quinzaine de panamax depuis le début de la campagne ! », insiste le directeur céréales export du silo portuaire rouennais.

« Un évènement marquant de ce début de campagne réside dans le fait que les exportations ont repris dès le début juillet, sans réelle coupure. En temps normal, les pays importateurs consomment leurs propres récoltes avant de revenir sur la scène internationale », explique Alain Charvillat. Mais avec la guerre en Ukraine, qui dure sans réelle visibilité sur sa fin, a modifié les habitudes de ses nations dépendantes du marché mondial quant à leurs achats de grains. « A fin août, nous avions déjà expédié 1 Mt de grains sur les 2,4 Mt chargées sur le premier semestre, grâce à une récolte céréalière précoce et des dégagements sur le portuaire très précoces », souligne Alain Charvillat. « Après un creux en septembre, les chargements ont repris sur octobre-novembre-décembre, à un rythme plus habituel de l’ordre de 300 000 t mensuelles », ajoute-t-il.

Parmi les clients « exotiques », on peut citer l’Egypte, avec 150 000 t expédiées sur juillet-décembre, et la Colombie, avec 90 000 t.

Un transfert d’activité du blé vers l’orge sur la fin de campagne

Concernant la deuxième partie de la campagne commerciale 2022/2023, il est difficile d’y voir clair. « La France a déjà chargé 80 % de son disponible exportable de blé tendre sur pays tiers au 31 décembre, soit 8 Mt sur les 10 Mt estimées par FranceAgriMer », affirme Alain Charvillat. Sachant qu’en temps normal, le port de Rouen expédie la moitié des volumes de blé tendre destinés à l’exportation sur pays tiers et Sénalia un quart, il reste approximativement 500 000 t de blé tendre à charger sur pays tiers par le silo portuaire entre le 1er janvier et le 30 juin. « La fin de campagne sera plutôt calme en blé tendre, avec des destinations comme le Maroc, voire l’Algérie, la Chine étant inscrite aux abonnés absents », commente Alain Charvillat.

En orge fourragère, c’est moins de la moitié du million de tonnes, que Sénalia compte exporter sur la campagne 2022-2023, qui a été chargée sur la première moitié de l’exercice. « Sur les 550 000 t restant à charger sur janvier-juin, nous en avons déjà expédié 160 000 t en janvier et 200 000 t sont programmées sur le mois de février, quasi exclusivement sur la Chine. Dans ce contexte, nous espérons atteindre notre objectif car le disponible exportable est là ! », indique Alain Charvillat.

Une campagne 2023-2024 qui s’annonce bien

S’agissant des cultures d’hiver implantées, « il n’y a pas de catastrophe annoncée », déclare Alain Charvillat. Et d’expliquer : « les semis d’automne se sont bien déroulés, et la période de gel endurée n’a pas causé de dégâts. Les gelées ont simplement freiné la végétation sans endommager les plantes ». Le seul bémol concerne « les cultures de betterave, avec l’arrêt des néonicotinoïdes, qui pourrait poser préjudice en cas de pression insectes », s’inquiète le dirigeant de Sénalia.

Investissements dans le travail du grain à Bonnières-sur-Seine, une première pour Sénalia 

2022 a vu la fin d’un important programme d’investissements de Sénalia, débuté en 2015. Ce dernier a concerné le changement de l’ensemble des portiques de chargement et déchargement sur les sites de la Presqu’Île Elie et de Grand-Couronne, sans oublier la construction du nouveau siège du prestataire de services portuaire rouennais.  

« En 2023, en plus des traditionnels travaux de maintenance et de pérennisation de nos installations, nous investissons dans des équipements de travail du grain (nettoyage et calibrage des grains), sur le site de Bonnières-sur-Seine, à mi-chemin entre Rouen et Paris, qui devraient être opérationnels en juillet », indique Alain Charvillat. C’est une nouvelle activité pour Sénalia, qui ne fait actuellement que du stockage et de l’allotement de grains.  

C’est en 2018 que Sénalia a récupéré la gestion des silos de Lecureur à Bonnières-sur-Seine et à Val-de-la-Haye. « Les installations de Bonnières-sur-Seine, d’une capacité de 25 000 t exploitable sur 35 cellules, étaient, jusque-là, utilisé pour effectuer du stockage déporté pour nos silos de Rouen ou du report modal (de la àroute vers le fleuve) en direction de l’industrie de transformation parisienne. Les travaux engagés vont permettre de proposer aux organismes stockeurs un service de travail et de stockage des grains, qui pourront être acheminés par voie fluviale sur Rouen et le nord-communautaire pour l’exportation, ou encore en Île-de-France pour la meunerie et le semoulerie locales », explique Alain Charvillat. Economiquement parlant, le service de travail du grain va permettre à Sénalia d’améliorer la rentabilité de la rupture de charge, inhérente au déchargement des camions et au rechargement des péniches. Ces travaux sont ainsi une réponse à un besoin de stockage des collecteurs de grains, de massification des flux, sans oublier un moyen de libérer de la capacité logistique en termes de camions, qui n’ont plus à acheminer la marchandise jusqu’aux silos portuaires rouennais ou aux installations des clients de l’Ile-de-France et du nord de la Communauté européenne.

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