BLÉ TENDRE ET ORGES
Exportation de blé tendre : aucune lueur à l'horizon
Les prévisons de chargement de blé tendre français sur pays tiers sont inchangées d'un mois sur l'autre à 11 Mt. Elles sont révisées à la hausse de 200.000 t en orges.


« Si les embarquements de blé tendre à l'international se font toujours sur un rythme supérieur à celui de l'an dernier, il n'est cependant pas à la hauteur de la hausse du disponible exportable, engrangé cette campagne », a indiqué Olivia Le Lamer, chef de l'unité Grandes cultures de FranceAgriMer, à l'issue du conseil spécialisé Céréales du mercredi 9 mars. Les exportations sur pays tiers au départ des ports français s'élèvent à 7,1 Mt en cumul au 4 mars. Quelque 3,1 Mt sont le seul fait de l'Algérie, auxquelles il faut ajouter 1 Mt à destination du Maroc et 300.000 t sur l'Asie. Sur les huit premiers mois de la campagne, ce sont 6,8 Mt qui ont été chargées, soit une hausse de 1,5 % par rapport à l'an dernier à la même date.
Blé tendre : toujours 6 Mt de stock de report
Au niveau du bilan Blé tendre, il n'y a aucun changement au niveau des ressources. « Nous sommes toujours dans l'attente des surfaces Pac 2015, qui nous permettront d'affiner nos prévisions de production et de collecte, précise Olivia Le Lamer. C'est là un petit élément de fragilité potentiel du bilan. »
Quant aux utilisations, seuls des changements marginaux ont été opérés. Le poste des exportations sur pays tiers est estimé à 11 Mt. « Le débouché égyptien reste compliqué. La situation ne semble pas complètement clarifiée pour les exportateurs. » Ils ne savent toujours pas quel volume ils pourront charger sur le pays d'ici la fin de campagne. « En revanche, l'élément qui laisse un peu d'espoir est le Maroc, en raison de la sécheresse extrême qui s'est abattue sur le pays. » Le stock de report reste à 6 Mt. « S'il est encore tôt pour tirer le bilan de la campagne 2015/ 2016, nous ne voyons pas une explosion de la demande dans un avenir proche. Les opérateurs sont dans l'attente de la décision de la BCE en termes d'assouplissement monétaire, qui pourrait avoir une incidence, dans un sens ou dans l'autre, sur la compétitivité de nos marchandises sur le marché mondial d'ici la fin juin. »
Et les bilans prévisionnels de la Commission européenne pour 2016/2017 dessinent « une prochaine campagne un peu du même ordre qu'aujourd'hui », avec des stocks de report haussiers en blé tendre et en orge (alors que ceux en maïs sont pour l'heure estimés en repli). « Bruxelles a fait entendre aux producteurs qu'ils devaient s'attendre à ce type de conjoncture encore pour quelques temps, commente Olivia Le Lamer. Aujourd'hui, les informations qui paraissent sur le marché ne laissent pas entrevoir de changement de dynamique majeur pour la campagne 2016/2017. » D'où la recom-mandation de Rémi Haquin, président du conseil spécialisé Céréales : « Collectivement, il faut vendre le maximum pour avoir un stock de report le plus faible possible en fin de campagne 2015/2016. Après, individuellement, chacun prend ses responsabilités et joue sa carte. »
Orges : + 0,2 Mt sur pays tiers
Les embarquements d'orge sur pays tiers au départ des ports français atteignent 3,6 Mt en cumul au 4 mars. Le total à huit mois du début de la campagne est de 3,4 Mt, soit une hausse de 66 % à même date en 2014/2015, à la faveur des exportations massives de début de campagne vers la Chine (jusqu'en novembre). Les débouchés Arabie saoudite et Maghreb (Maroc principalement) ont depuis pris le relais, mais dans de moindres proportions (cf. graphique).
Dans le bilan Orges, seule la prévision d'exportation sur pays tiers a significativement été modifiée, pour le deuxième mois consécutif, et portée à 4,1 Mt (+200.000 t par rapport à février). Cette révision s'explique, essentiellement, par les besoins accrus du Maroc en céréales fourragères, en raison d'une sécheresse extrême sur la période récente. Il en résulte une baisse dans la même proportion du disponible (en plus du stock de report moyen des cinq dernières campagnes), ce qui conduit à un stock de report de l'ordre de 1,5 Mt. « Aussi avons-nous de la marge pour exporter davantage si la parité monétaire euro/dollar nous le permet », conclut Olivia Le lamer.