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Essais de blé OGM en Suisse

La recherche suisse lance un programme de suivi de l’impact environnemental des OGM

Le 18 mars dernier en Suisse, une équipe de chercheurs de l’Agroscope de Changins-Wädenswil a ensemencé 950 m 2 de blé, dont 350 m 2 d’une variété transgénique résistante à l’oïdium, dans la commune de Pully. Cet essai, qui avait capoté l’an passé pour cause de conflit entre pro et anti-OGM, a franchi l’étape des semis. La récolte aura lieu entre la fin juillet et début août. L’expérience sera normalement renouvelée encore deux années pour parfaire les analyses de l'impact de cette culture sur l’environnement.

Ce projet de recherche public s'inscrit dans le cadre du PNR 59, un programme suisse visant à répondre aux interrogations de la population concernant les biotechnologies dans l’agriculture. Plutôt hostile aux cultures transgéniques, la population a été consultée par référendum en 2005. Ce vote s’est traduit par une interdiction des cultures commerciales d’OGM pendant cinq ans, qui sera vraisemblablement reconduite pour trois ans. Seule concession : le droit pour la recherche d’évaluer leurs conséquences sur l’environnement.

Un essai « purement scientifique »

Ici comme en France, le blé fait figure de cas particulier en tant que matière première essen­tielle dans notre régime alimentaire, au travers du pain notamment. Alors pourquoi choisir le blé au risque de se mettre à dos l’opinion publique ? « Beaucoup d'études ont été réalisées sur du soja ou du maïs OGM, mais nous avons très peu d'éléments sur le blé. De plus, la variété de blé transgénique était disponible sans brevet puisque issue des travaux de la recherche publique. Et le blé est une culture importante en Suisse », explique Ronald Shori, chef de l’amé­lioration des plantes et des ressources génétiques auprès de l’Agroscope. La variété testée présente un gène de résistance hérité d’un blé et d’une orge fourragère. « L'oïdium n'est pas un problème majeur en Suisse, mais il existe tout de même », précise le responsable du projet.

Pendant les trois années du programme, neuf équipes seront chargées d'évaluer l'impact de la culture sur la faune et la flore locale. « Sur ces essais viennent se greffer plusieurs analyses. Elles porteront sur de nombreux organismes comme les microflores du sol, les mycorises ou encore les vers de terre. La dernière année sera consacrée à l'étude des repousses éventuelles », détaille le scientifique. Les effets sur la santé animale ou humaine ne seront pas étudiés. « Ces essais n'ont qu'un but scientifique, la variété testée n'est pas destinée au marché », assure Ronald Schori.

Une opposition tolérante

En Suisse aussi, la question des OGM déchaîne les passions. Comme en France, une majorité de citoyens sont méfiants à leur égard. Le jour des semis, des associations écologistes ont manifesté, mais plus calmement que chez nous. Pas de bousculades, juste un pique-nique. Mais dans ce cas précis, les intérêts sont différents de ceux rencontrés dans l'Hexagone où les essais concernent surtout des OGM à vocation commerciale. « On tolère la recherche car nous en avons besoin pour obtenir certaines réponses, mais elle cherche aussi à faire accepter les OGM », regrette Irène Gardiol, responsable des Verts de Pully. L'association Stop OGM dénonce de son côté « le concept même du programme qui exclut les questions relatives à la santé pour des raisons essentiellement financières. » Alors pourquoi se donner tant de mal ? Ronald Schori l'a reconnu lui même lors d'une réunion précédant les semis : « La majorité des consommateurs suisses ne veut pas d'OGM, et les paysans ne sont pas intéressés par leur culture. » Et d’ajouter : « l'un des principaux intérêts est d'avoir des institutions en Suisse capables de faire ce genre d'essai. »

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