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Engrais azotés : les pratiques et les critères de choix des agriculteurs

Un groupe de cinq producteurs d’engrais azotés d’origine nitrique a créé un groupe de travail spécifique sur les attentes des agriculteurs.

L’AGRICULTURE française n’utilise pas plus d’azote minéral qu’il y a vint-cinq ans, alors que la production des grandes cultures a continué de progresser de 1% par an en moyenne. L’azote minéral apporté est donc plus efficace et mieux utilisé par les plantes grâce aux principes de la fertilisation raisonnée. Le choix de la forme d’azote dans les engrais minéraux est un facteur important de cette efficacité. Or, dans cette période difficile, incertaine pour les agriculteurs, il est important de suivre d’éventuels changements de pratiques ou de comportement d’achat et de développer l’efficience des engrais azotés pour protéger l’environnement. C’est pourquoi, cinq sociétés adhérentes de l’Unifa (Union des industries de la fertilisation), producteurs d’engrais azotés d’origine nitrique, ont créé un groupe de travail dans le but de mieux cerner les attentes, les perceptions et les connaissances des agriculteurs en matière d’engrais azotés. L’institut de sondage BVA a interrogé 1.006 agriculteurs, panel représentatif de 326.600 exploitations françaises. Il en ressort que la préoccupation environnementale devient de plus en plus importante et arrive en troisième position des critères de choix des engrais. Par ailleurs, si le phénomène de lessivage est bien appréhendé par l’ensemble des agriculteurs, la volatilisation ammoniacale semble moins connue.

Un groupe de travail

Lors de la dernière campagne, les apports d’engrais azotés représentaient en France 2.324.000 tonnes de l’élément azote (N), quantité particulièrement stable depuis cinq campagnes. La prospective de l’Efma (European Fertilizer Manufacturers Association) indique une prolongation de cette tendance grâce à la généralisation de l’usage des outils de pilotage. Cette augmentation de l’efficience des apports d’azote a été obtenue avec une répartition des formes d’azote, stable depuis plus de dix ans : les ammonitrates représentent plus de la moitié du marché de l’azote simple, les solutions azotées, un tiers du marché et l’urée entre 10 et 15 % selon les campagnes.

Qu’adviendrait–il de ces progrès si la répartition de ces produits devait évoluer ? En effet, la nouvelle Pac, l’augmentation des pressions réglementaires, une évolution défavorable des prix… auront-ils des conséquences sur le comportement des agriculteurs, sur la production agricole, sur l’environnement ?… Afin d’essayer de trouver des réponses à toutes ces questions, un groupe de cinq producteurs d’engrais azotés d’origine nitrique, forme prédominante du marché français et européen, a créé un groupe de travail spécifique sur les pratiques et les attentes des agriculteurs en matière de fertilisation azotée, baptisée Incona (Initiative commune pour une meilleure utilisation des engrais nitriques par les agriculteurs). Pascal Bordes de Yara France et Thierry Genter de Grande Paroisse sont les rapporteurs de cette étude qui est le résultat du travail d’une équipe composée, en plus, de François Deltour de Fertiva France, de Philippe Samyn de Kemira GrowHow et de Frédéric Altazin de DSM Agro France, sans oublier le soutien «technique et logistique» de l’Unifa.

Des résultats éloquents

Pour débuter ses travaux et faire un bilan de la situation, le groupe a sollicité l’institut de sondage BVA et lancé une étude téléphonique auprès des agriculteurs français.

Si on récapitule les faits saillants de cette étude, on constate que plus de 80 % des agriculteurs utilisent des ammonitrates, seuls ou le plus souvent en association avec d’autres formes, y compris la solution azotée. Ils bénéficient de la meilleure image auprès des agriculteurs, notamment en ce qui concerne leur facilité d’épandage, leurs qualités physiques et leur efficacité agronomique. Il est aussi l’engrais azoté simple le mieux placé en matière de respect de l’environnement. Par ailleurs, 60 % des agriculteurs utilisent des engrais composés (NPK) dont l’image est bonne en ce qui concerne l’environnement, probablement en rapport avec la notion de fertilité des sols. Quelque 37 % des agriculteurs appliquent des solutions azotées essentiellement pour leur prix abordable et leur facilité d’emploi, et 22 % d’entre eux épandent de l’urée, notamment sur maïs dans le Sud-Ouest (53 %). Ainsi la préoccupation environnementale devient-elle de plus en plus importante et arrive en troisième position des critères de choix des engrais, derrière le coût du produit et la facilité d’épandage. Cependant, si le phénomène de lessivage est bien appréhendé par l’ensemble des agriculteurs, la volatilisation ammoniacale semble moins connue. C’est pourtant un des critères clé de l’efficacité de l’azote, qui a des conséquences non négligeables sur l’environnement.

«La forme nitrique de l’azote prédomine dans les utilisations en France, cette situation repose sur la pratique et l’expérience mais aussi parfois sur des critères pas suffisamment argumentés qu’il nous faut actualiser voire renforcer», conclut un rapporteur de l’étude.

Une mission d’information

Le groupe de producteurs, conscient de ces enjeux, s’est donné comme mission d’apporter ses connaissances agronomiques et technico-économiques afin de nourrir la réflexion des agriculteurs et de ceux qui les conseillent, dans cette période d’incertitudes. Et ce, par le biais des actions de promotion en matière d’engrais nitriques que va développer l’Unifa dans les prochaines années. Ainsi cette dernière va-t-elle ouvrir dès l’automne un site d’information pour les agriculteurs, afin de favoriser une utilisation efficace des engrais azotés nitriques. Il sera complété de plusieurs publications, rédigées dans le même objectif pédagogique.

Ces thèmes seront bien entendu repris lors des prochaines “Journées de la fertilisation”, qui se dérouleront les 16 et 17 novembre prochains à Disneyland Resort (Marne-la-Vallée), puisque le sujet central en sera “Les agriculteurs s’adaptent, et vous ?”.

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