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Énergie : la nutrition animale en ordre de marche

Outre l'ouverture du marché de l'électricité, l'actualité de l'énergie est très chargée cette année. Les grandes entreprises devront en effet avoir réalisé un audit énergétique sur au moins 65 % de leur facture d'énergie d'ici le 5 décembre. C'est pourquoi le centre technique de la nutrition animale, Tecaliman, consacre son symposium à ce sujet, le 24 mars prochain à Nantes.

«Nous proposons le premier guide sectoriel pour aider les industriels de l'alimentation animale à choisir des auditeurs qui vont leur apporter réellement quelque chose. Il s'agit ici non d'un audit sur un cahier des charges, comme la conformité qualité, mais d'une démarche de diagnostic et de préconisation de moyens pour faire baisser les consommations. Or, le process de la nutrition animale est très particulier, les consommations varient beaucoup d'un type d'aliment à l'autre. Il faut bien connaître la fabrication pour faire des préconisations dans la possibilité des outils, réaliser les mesures pertinentes, établir des recommandations en phase avec les capacités d'investissements et qui présentent un bon retour sur investissement », explique Fabrice Putier, directeur de Tecaliman. Pas question par exemple de s'entendre dire qu'il faut économiser de l'énergie au broyeur si, en contrepartie, l'échauffement excessif des produits conduit à des pertes économiques du type humidité des matières premières...

Des réductions de coûts de 20 % en vingt ans, selon Tecaliman.

Des gains énergétiques déjà réalisés

Le centre technique sait de quoi il parle : il réalise des diagnostics en usines depuis 1986 et a créé son Club énergie (appelé désormais Observatoire de l'énergie) au début des années 90. Il s'agit d'un outil de benchmark : une cinquantaine d'usines, qui représentent environ 40 % du tonnage d'aliments français, se comparent deux fois par an à l'ensemble des autres (qui restent anonymes). « Nous leur livrons à chacune un rapport de seize pages qui analyse, d'une part, globalement les performances énergétiques de toutes les usines et, d'autre part, spécifiquement les performances de chacune : les consommations d'électricité et d'énergie thermique, le prix d'achat de chaque énergie, le coût en €/t et, depuis 2007, les émissions de gaz à effet de serre », détaille le dirigeant. Cet outil comparatif est efficace en termes de réduction des coûts : les usines d'aliments ont gagné environ 20 % depuis vingt ans. « Même si, malheureusement, ces gains ont été quasiment effacés par l'augmentation du coût de l'énergie. Et cela ne va sûrement pas s'arrêter car la baisse de l'énergie de 2014 est en toute probabilité un épiphénomène », estime Fabrice Putier.

Un cadre très précis... et des exceptions

Le Code de l'Énergie (articles L233-1 à L 233-3) impose désormais aux grandes entreprises de réaliser tous les quatre ans un audit énergétique de leurs activités. Le décret 2014-1393 du 24 novembre 2014 et l'arrêté publié à la même date ont précisé les conditions de cette application.

La notion de grande entreprise relève des définitions européennes. Sont concernées les entreprises dont le chiffre d'affaires excède 50 M€ ou dont le total de bilan dépasse 43 M€ ou bien encore employant plus de 250 salariés. Ces chiffres concernent les entreprises autonomes. C'est-à-dire que les entreprises de taille inférieure appartenant à un groupe doivent tenir compte de la taille de ce dernier. Le premier audit, celui qui doit être réalisé avant le 5 décembre prochain, doit couvrir 65 % du montant des factures énergétiques acquittées par l'entreprise. Les audits suivants devront couvrir au moins 80 % de ce montant. L'audit concerne trois postes : le process, les transports, le bâtiment. Il existe certaines exemptions. Par exemple, pour le bâtiment, peut tenir lieu de premier audit, tout audit énergétique effectué entre décembre 2012 et novembre 2014, selon le cahier des charges de l'Ademe. Pour les transports, il en est de même, pour tout diagnostic réalisé avant le 31 décembre 2014 selon la charte “Objectif CO2” de l'Ademe.

Enfin, lorsque l'entreprise bénéficie d'un système de management de l'énergie (Iso 50001: 2011), elle peut être exemptée de l'audit.

Une R&D nécessaire à la poursuite des efforts engagés

Il est cependant optimiste : il reste des gains à réaliser sur certaines usines en poursuivant les démarches déjà engagées, comme l'optimisation de la gestion des lots (et donc des marches à vide) par l'automatisation, le calorifugeage des circuits de vapeur, la gestion de l'air comprimé, les nouveaux moteurs ou bien encore la généralisation des variateurs de vitesse. Mais l'essentiel des gains viendra probablement de la R&D et de la meilleure connaissance des procédés. Le centre technique s'inscrit par exemple dans la perspective d'une étude sur l'optimisation des broyeurs à marteaux. Le responsable de production aura toutefois du mal à agir sur un autre des facteurs expliquant la consommation d'énergie : la qualité des matières premières. Plus un blé est humide, plus son broyage demandera de l'énergie, par exemple. « Nous avons donc demandé notre accréditation comme auditeur en privilégiant les aspects process, n'étant pas pour l'instant experts dans les transports ou les bâtiments. Actuellement, nous pouvons réaliser une dizaine d'audits par an », indique Fabrice Putier.

Actuellement très centré sur la nutrition animale, le centre technique a pris des contacts avec d'autres métiers qui travaillent sur des pulvérulents, comme la meunerie. « Nous ne nous interdisons pas d'envisager un élargissement de notre domaine d'expertise dans les cinq prochaines années », conclut le dirigeant.

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