El Niño, le fléau 2016 ?
Le phénomène climatique El Niño 2015/2016 pourrait rester dans les annales. Déjà actif dans certaines régions du globe, il commence à se faire sentir sur les prix mondiaux des produits alimentaires. En octobre 2015, l'indice FAO des prix des aliments a de fait progressé de 6 points, sa plus forte augmentation depuis juillet 2012. Ce bond s'explique principalement par le net renchérissement du sucre (+29 points) et des huiles végétales (+8,4 points), tandis que les prix des céréales ont enregistré une hausse plus modeste (+2,6 points). Et pour cause, El Niño assèche l'Asie du Sud-Est et certaines zones de l'Afrique, tandis qu'il inonde la partie méridionale de l'Amérique du Sud. Au Brésil, premier producteur de sucre au monde, les précipitations excessives freinent les récoltes de canne et amoindrissent la teneur en sucre. En Inde, deuxième producteur mondial, et en Thaïlande, la campagne sucrière a également pris du retard. L'huile de palme enregistre un renchérissement de 20 % de ses prix depuis la fin août sur la bourse de Kuala Lumpur. L'Indonésie et la Malaisie, qui représentent 90 % de l'offre globale, pourraient pâtir des effets négatifs d'El Niño sur la production 2016. En Australie, la sécheresse liée au phénomène climatique, et maintenant les pluies surabondantes en pleines moissons, vont détériorer la récolte du blé. En Europe, El Niño risque de faire chuter les températures cet hiver, avec potentiellement de grosses chutes de neige, induisant de possibles dégradations des cultures et des problèmes logistiques.
Ce raffermissement des matières premières agricoles pourrait perdurer dans les mois à venir, si l'on se réfère aux météorologistes. El Niño devrait de fait atteindre son intensité maximale entre octobre et janvier, et persister durant une bonne partie du premier trimestre 2016, avant de s'affaiblir. L'Organisation météorologique mondiale prédit même qu'il pourrait se placer parmi les quatre plus puissants observés depuis 1950. Un nouveau signe révélateur, s'il en falait, qu'il est primordial que la Cop21 aboutisse à un accord international pour enrayer le réchauffement climatique.