Coproduits
Drêches, avantages et limites en alimentation animale

LE SÉMINAIRE sur les coproduits organisé le 28 septembre à Paris par Arvalis-Institut du végétal et le Cetiom (Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitain), avec le soutien de FranceAgriMer, a tenté de faire un état des lieux des connaissances concernant la quantité et la qualité des drêches de céréales disponibles dans l’Union européenne. Même si les volumes restent inférieurs au « raz-de-marée » annoncé il y a quelque années, ils sont en croissance, indique Etienne Laffitte du groupe Inzo. Leur valeur alimentaire pour les animaux reste cependant très variable et leur qualité sanitaire dépend souvent de la récolte.
Des perspectives de production en hausse
Dans l’Union européenne, la production de drêches de céréales, issues de la filière bioéthanol, est tirée par les objectifs sur les énergies renouvelables à 2020. A l’heure actuelle, on enregistre une capacité de production de drêches proche de 3 Mt en Europe, sans compter les deux nouvelles usines britannique et néerlandaise mises en fonction cette année et qui à terme produiront 700.000 t supplémentaires.
Mais l’Union européenne apparaît comme un « petit joueur » à côté des Etats-Unis qui produisent près de 28 Mt de drêches (ou DDGS) issues de maïs, remarque Eric Porcheron d’Unigrains. Heureusement que ces coproduits susceptibles de contenir des OGM ne franchissent pas nos frontières. Ces dernières sont exportées à hauteur de 5,5 Mt vers le Mexique en premier lieu, puis le Canada et enfin la Chine.
Tant que l’Union européenne ne change pas de politique concernant les plantes transgéniques, les fabricants d’aliments pour animaux ne peuvent s’approvisionner en drêches qu’auprès des usines européennes… ce qui devrait en théorie limiter la variabilité qualitative de ces coproduits.
Une grande variabilité qualitative
Hélas, il n’en est rien. Car, si la qualité de la drêche dépend avant tout de la matière première dont elle est issue (maïs, blé), sa variabilité est également liée aux conditions de cultures du grain pour sa qualité sanitaire (mycotoxines, bactériologie) et au procédé d’extraction de l’éthanol pour sa compositon chimique, qui conditionne sa valeur nutritionnelle. A titre d’exemple, la teneur en mycotoxines est concentrée par un facteur trois entre le grain et la drêche. Par ailleurs, les teneurs en phosphore et en sels minéraux sont souvent dépendantes des apports en solubles, pour le premier, et des produits utilisés pour nourir les levures ou désinfecter les circuits en usine pour les seconds.
Et pour couronner le tout, les animaux d’élevage n’en tirent pas le même avantage nutritionnel. En ruminant, leur intérêt n’est plus à prouver (appétence, présence de fibres, bon taux de protéines...), comme en volaille, particulièrement en label. Par contre, pour le porc, le « constat est plus mitigé » (profil d’acides aminés déséquilibré, fibres non digestibles...), déclare le responsable d’Inzo, Etienne Laffitte.
Vers une standardisation ?
Plus généralement, même si l’ensemble des participants au colloque conviennent que les caractéristiques techniques et les valeurs nutritionnelles des drêches sont de mieux en mieux appréhendées, tous reconnaissent qu’à « une usine correspond un coproduit à un instant “t” donné », conclut Fabien Skiba d’Arvalis-Institut du végétal.
Face à cette variabilité, la question de la standardisation des drêches de céréales à destination des élevages se pose. Pour l’heure, cette dernière paraît utopique, même si la demande des fabricants d’aliments est insistante. Si les recherches scientifiques avancent d’un bon pas, la volonté des fabricants d’éthanol ne semble pas acquise. La variabilité inter-entreprises est à leur avantage : ne serait-ce pas un moyen comme un autre de fidéliser leur clientèle ?