Groupe la dauphinoise
Doublement de sa sole Soja de pays
Face aux 50.000 t de besoins régionaux en tourteau de soja non OGM, la filière Soja de pays de La Dauphinoise profite d'un large potentiel de développement pour son tourteau expeller.




« Nous avions un besoin local de soja non OGM à assouvir et nous avions la chance de pouvoir y répondre en valorisant nos semences, adaptées aux conditions pédoclimatiques de notre territoire, et les graines qui en découlent, a expliqué Grégory Pinçon, responsable de marché Élevage de La Dauphinoise (Vienne, Isère), à l'occasion des “Rencontres de l'agriculture positive” d'AgroParis-Tech, le 11 mars à Paris. C'est en 2010 qu'a germé son projet de filière Soja de pays. Le temps de la concevoir et de la valider, elle est lancée en 2012. La surface sous soja s'élève à 1.000 ha en 2013/2014, 2.000 ha cette“ campagne. « Ainsi comptons-nous doubler en 2015 notre volume de tourteaux de soja sous contrat pour attendre les 5.000 t. » Et le potentiel de développement est grand, au regard des 50.000 t de tourteau de soja non OGM consommées en Rhône-Alpes, en lien avec la vingtaine de cahiers des charges qui régissent les produits sous signe de qualité (AOP ou IGP), tels le Beaufort ou le Reblochon. « Par ailleurs, nous allons mettre en place une prestation à façon sur la trituration du soja que désirent produire nos producteurs-éleveurs en conventionnel. » En Rhône-Alpes et Franche-Comté, ce ne sont pas moins de 250.000 t de tourteaux de soja, tous confondus, qui sont consommés.
Un contrat tripartite, avec des prix fixes
Suivant sa logique de “vendre pour produire”, le groupe coopératif contractualise un volume de tourteau de soja avec un éleveur en année “n” et, au printemps “n+1”, les surfaces nécessaires à sa fabrication avec un producteur.
Un tourteau de soja non OGM 20 €/t moins cher que son homologue brésilien ou indien.
Il s'agit d'un contrat tripartite : le producteur s'engage à cultiver du soja avec une rémunération de la graine fixée pour la durée de son contrat, la coopérative s'engage à les triturer sous forme de tourteau “expeller” (en partenariat avec une huilerie locale), et l'éleveur s'engage à l'acheter à un tarif donné. « Il nous paraît important d'aider nos producteurs à assurer une marge à l'hectare régulière, et de proposer à nos éleveurs un prix de l'aliment, connu et stable longtemps à l'avance, pour qu'ils puissent piloter leur charges », souligne le dirigeant.
Un avantage certain, au vu de la volatilité du soja sur la scène internationale. « La majoration des cotations de soja non OGM et de la prime a atteint 200 % en sept ans. Et l'on peut imaginer qu'elle va encore croître, du fait de sa rareté : seuls 7 % de la production mondiale de tourteau de soja sont sous la contrainte “non OGM”, principalement au Brésil et en Inde. »
Un aliment aux vertus multiples
Actuellement, une centaine d'éleveurs se sont engagés dans la filière. Outre l'effet prix – « notre tourteau de soja de pays est 20 €/t moins cher sur les quatre dernières années que la moyenne du tourteau de soja non OGM importé » –, cette production locale permet de limiter le risque de contaminations croisées liées au transport. « Selon une étude de l'Aftalp (Association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes) menée en 2013/2014, sur 45 échantillons analysés, seuls 31 étaient conformes en termes de PCR<0,9 %. »
Ce tourteau expeller – produit azoté (45 % MAT* mini), au faible taux de matière grasse (entre 68 %) et au fort potentiel de consommation – présente un autre avantage. Il a été prouvé, essais zootechniques à l'appui, que cette « matière première, unique en Europe », permet de produire quotidiennement 1,9 litre de lait de plus par vache. Son process de trituration, thermique et mécanique, sans solvant, lui donne de surcroît une image positive.
C'est sur cette dernière que capitalise La Dauphinoise pour promouvoir son tourteau de soja de pays, auprès des éleveurs comme des consommateurs. Sa marque régionale, Loc'Alpes, créée à cet effet, mise sur son caractère durable pour se développer. « Nous avons mis en évidence en 2010, avec Coop de France, que les émissions de GES sont divisées par trois avec notre matière première métropolitaine, comparée à un tourteau de soja brésilien », illustre Grégory Pinçon.
* MAT : matière azotée totale.
La Dauphinoise a fêté en 2014 les 80 ans de son organisation coopérative. Présente en région Rhône-Alpes, elle s'articule autour de cinq pôles : “Végétal” (semences, collecte et appro.), “Animal”, “Œufs”, “Grand public” et “Biomasse”. En 2013/2014, son chiffre d'affaires consolidé sélève à 435,7 M€, la collecte du groupe à 381.000 t, la production de semences à 31.750 t, pour un effectif de 1.300 collaborateurs. La coopérative, c'est aussi 74 silos, 15 “Agricentres”, 10 entrepôts de proximité et 35 magasins mixtes agricoles et grand public.