Disparition de la production de féverole française dans les deux ans ?
La Fop se montre très pessimiste concernant l’avenir national de la féverole. Les espoirs persistent en pois et en soja.
« Si on continue comme ça, la production hexagonale de féverole peut disparaître dans deux ans », s’est alarmé Sébastien Windsor, vice-président de la Fop (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux). Arnaud Rousseau, l’autre vice-président de l’organisation, indique que « les surfaces 2017 au niveau national pourraient reculer de 20 à 30 % ». Rappelons qu’Agreste les estimait à 77 000 ha dans sa dernière estimation de décembre 2016.
Selon Sébastien Windsor, « la réglementation française a commis une énorme bêtise sur la féverole. Elle interdit les insecticides pour lutter contre la bruche (insecte piquant les grains), notre seul moyen de défense ». Le ravageur empêche les marchandises françaises de trouver des débouchés pour l’alimentation humaine au niveau national et à l’export, notamment en Afrique du Nord et en Asie, réduisant considérablement les prix payés aux producteurs. « Les agriculteurs ne peuvent plus bénéficier de la prime qualité alimentation humaine. La culture perd donc son attractivité économique. De plus, les OS, perdant leurs parts de marché à l’export, ne veulent plus acheter de féveroles », déplore Sébastien Windsor.
Possible stabilisation des surfaces en pois et en soja
Les autres cultures protéagineuses devraient mieux s’en sortir. En pois, les espoirs se portent sur les nouvelles variétés d’hiver, permettant de lutter contre l’Aphanomyces, champignon ravageant les variétés de printemps. « Le pois d’hiver offre des solutions très intéressantes, car moins sensibles au champignon. Même si les surfaces sont encore faibles, les premiers échos font état d’une hausse sensible des semis », se réjouit Sébastien Windsor. Ceci devrait permettre aux surfaces hexagonales de pois de faiblement reculer voire de se stabiliser en 2017, d’après lui. L’an passé, 190 000 ha de pois ont été plantés en France, selon Agreste.
En soja, « les surfaces sont passées de 40 000 ha en 2014 à 135 000 ha en 2016, ce qui est énorme. Toutefois, les débouchés industriels ne sont actuellement pas suffisants pour absorber une hausse de la production, et nous nous attendons à une stabilisation des surfaces en 2017 », témoigne Gérard Tubéry, président de la Fop. Néanmoins, deux menaces inquiètent la fédération. « Les aides couplées à la production de soja vont reculer, et la Commission propose d’interdire les pesticides sur les surfaces d’intérêts écologique », alerte Gérard Tubéry.