Méthanisation
Digestat : leur difficile valorisation reste le frein principal du plan EMAA
Les premières homologations sont un signe encourageant
L « a limitation du plan EMAA (Énergie Méthanisation Autonomie Azote) vient du fait que les produits finis, issus de la transformation des digestats, n'ont pas de statut réglementaire », a déclaré Patrick Dabert, directeur de recherche à l'Irstea, lors d'un point presse le 30 septembre à Paris. « Le digestat est un déchet et, à ce titre, soumis à des réglementations extrêmement dures concernant son utilisation, notamment en termes d'épandage », complète Jean-Marc Bournigal, président d'Irstea. N'étant pas considérés comme des produits, les digestats ne sont pas valorisables. « Et ce manque à gagner limite les possibilités de rentabilisation des méthaniseurs », poursuit Patrick Dabert. Pour prouver la valeur agronomique des digestats, et ainsi les homologuer en tant que fertilisants, un gros travail de caractérisation est mené par Irs-tea, à travers le projet ANR Diva (2010-2014).
Les premières homologations sont un signe encourageant
Les résultats des analyses pratiquées dans ce cadre ont participé à abonder la base de données sur les digestats du ministère de l'Agriculture. Ce qui lui a permis, suite à l'avis favorable de l'Anses et à l'enquête publique, d'homologuer, en février, les trois premiers produits issus de digestats, portés par l'installation territoriale de méthanisation Geotexia Méné (Côtes-d'Armor).
« Plus il y aura d'homologation, plus il y aura de données publiques sur ces produits et plus il sera simple de monter un dossier d'homologation, se réjouit Jean-Marc Bournigal. Si vous savez ce qui entre et ce qui sort de votre méthaniseur, et s'il existe des données comparables dans les bases du ministère, il est possible de les réutiliser. » La fréquence des homologations ne peut donc que s'accélérer, à l'en croire. Un optimisme partagé par Claire Ingremeau, chargée de mission au sein de Club Biogaz ” Atee : « Les dépôts de dossiers d'homologation permettent une meilleure connaissance du digestat, et des méthodes d'analyses à mettre en place pour l'étudier. Cette montée en compétence des laboratoires, et une meilleure connaissance pour l'Anses et le ministère sont bénéfiques pour la filière. Par ailleurs, l'accumulation de données sur les digestats est nécessaire pour monter un dossier de normalisation. »
L'accumulation de données sur le digestat est nécessaire à toute normalisation.