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Agrocarburants
Développer durablement aujourd’hui ou importer demain des biocarburants moins verts

La première journée du Bioéthanol à Paris le 9 novembre 2010 a mis en évidence les inquiétudes des producteurs d’alcool sur l’avenir de la filière

«EN TANT QU’INDUSTRIELS, nous avons besoin de visibilité et de lisibilité», a déclaré Bruno Hot, président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA) en introduction de la première journée Bioéthanol, organisée à Paris le 9 novembre. Un message qui résume bien les inquiétudes des producteurs français de bioéthanol. Cette matinée a mis en évidence les difficultés de fédérer autant d’acteurs aux intérêts parfois divergents.

Se protéger des géants américains
    Entre des investissements gouvernementaux massifs et des filières de production plus expérimentées car plus âgées, le Brésil et les Etats-Unis apparaissent comme des concurrents redoutables pour les producteurs d’éthanol français. D’où l’inquiétude de ces derniers concernant l’avenir de leurs investissements si le marché européen n’est pas suffisamment protégé. Et, compte tenu des négociations de l’UE avec le Mercosur, les craintes sont justifiées. « Les importations doivent être maîtrisées jusqu’à maturité de la filière, insiste Bruno Hot, président du SNPAA. Toute concession importante au Brésil peut mettre en cause le secteur français, les emplois et nos investissements. »  Certes « toute activité commerciale connaît la concurrence sur son marché. Concernant l’éthanol, le Brésil et les USA sont des concurrents, mais ils ne produisent pas de la même manière », explique Jean-François Loiseau de l’AGPB. La filière repecte notamment des critères de durabilité définis par Bruxelles pour vendre des biocarburants dans l’UE. Des contraintes pour l’instant ignorées par nos concurrents d’outre-Atlantique, leur conférant a priori un sérieux avantage compétitif sur un marché libre. « Importer nos carburants, c’est forcément renoncer à contrôler leur durabilité, estime Stéphane Demilly, député de la Somme et président du groupe d’études sur les biocarburants à l’Assemblée nationale, invité à clôturer la journée. Ce serait un gâchis, un scandale, car nous avons réussi en France et en Europe à avoir des biocarburants qui ont parfaitement prouvé leur durabilité, ce qui est loin d’être le cas partout ailleurs. »

Bonne volonté nécessaire des constructeurs automobiles et de la distribution
    Mais la stabilité de la filière française est aussi et surtout fonction du développement d’un parc automobile compatible avec les agrocarburants. Et dans ce domaine, des efforts restent à faire, même si certains constructeurs français semblent jouer le jeu. « Nous sommes les premiers en vente GPL et en vente éthanol E85. Nous avons une gamme complète en biocarburants. Renault a fait son travail », assure Noël Lamoratta du groupe Renault. Et d’aborder la question de l’E85 dont le parc automobile est toujours très limité avec environ 13.700 véhicules recensés en 2010. « Nous sommes inquiets. Heureusement qu’il y a d’autres marchés que la France pour l’E85 », lâche-t-il en référence à la Suède où est écoulée une grosse part de ses modèles. « Avant de construire plus de voitures, il faut des clients », a justifié le représentant de Renault, avant de regretter l’absence en France « d’un vrai réseau de distribution et davantage d’incitation fiscale ». « 320 pompes E85 en France, c’est déjà beaucoup au regard du nombre de véhicules Flexfuel qui roulent sur le territoire », rétorque Vincent Muller, de Siplec (E. Leclerc). « Nous sommes prêts à répondre à la demande, mais il faut que les voitures soient là. » Le serpent se mord toujours la queue.
    En conclusion, comme s’en est amusé Stéphane Demilly, « il faut encourager l’alcool au volant ». Le développement des agrocarburants, «tendance lourde » à l’échelle mondiale, « peut se faire avec nous ou sans nous, mais il se fera », poursuit-il. Pour le député, les biocarburants ont besoin de trois éléments en France. De la cohérence, en admettant d’abord « que la première et la seconde générations sont complémentaires » puis d’« un cadre fiscal et douanier européen préservant notre industrie ». De la lisibilité ensuite avec un « cadre fiscal et réglementaire clair, visible et stable ». Du volontarisme pour finir, « avec l’émission de signaux forts et clairs ». Les grands absents de cette journée étaient les raffineurs dont l’assemblée aurait certainement apprécié la présence et le positionnement, d’autant qu’ils ont fait l’objet de nombreuses, et parfois violentes, attaques.

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