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Des sécheresses préoccupantes

Le marché est concentré sur la situation météo dans plusieurs régions de production, notamment en Amérique et plus récemment en Chine

LA METEO, en Argentine puis aux Etats-Unis, a fait grimper les cours des céréales et engendré une grande volatilité sur les marchés dès le mois de janvier. Et le retour des hedge funds sur les marchés des matières premières a accompagné cette hausse. La progression des cours a eu des conséquences importantes sur le marché intérieur français, sur lequel règne la rétention, qui a suivi la logique “ Pourquoi vendre aujourd’hui ce qui vaudra plus cher demain ?”. Une détente des marchés s’est amorcée avec le retour des pluies sur l’Argentine, mais ces précipitations risquent de ne pas être suffisantes pour assurer une détente durable du marché. En effet, le weather market est désormais aussi conditionné par le Texas et la Chine, confrontés à leur tour à la sécheresse.

La sécheresse menace les cultures à divers endroits du globe

Après avoir été paralysée par plusieurs mois de grèves en 2008, l’Argentine doit faire face cette année à une sécheresse persistante frappant ses principales régions de production. L’agriculture et l’élevage représentant plus de 10 % du PIB argentin, le gouvernement a décrété l’état d’urgence le 26 janvier. « Un déficit hydrique particulièrement important est visible sur les régions de Buenos Aires et La Pampa », d’après Cécile Tartarin, ingénieur chez Geosys, société spécialisée dans l’analyse par imagerie satellite (cf. carte). Ces deux régions productrices totalisent près de 40 % de la production de maïs, 23 % en soja et plus de 50 % de la production de blé du pays. Cette dernière a déjà été révisée à 8,5 Mt par le CIC, contre 16,1 Mt pour la dernière campagne, soit le niveau le plus bas en vingt ans ! Une situation qui a amené le gouvernement argentin à stopper les certificats à l’export en début de semaine dernière. Cela devrait profiter aux Etats-Unis, au Canada, ou encore à la Russie. Pour preuve: le Brésil, qui importe près de 7 Mt de l’Argentine, a par exemple déjà acheté 60.000 t de blé aux USA. En soja, les conséquences de la sécheresse sont déjà dramatiques. Alors que pour cette campagne la surface plantée a atteint un nouveau record historique à 17,8 Mha, la récolte tomberait à 44 Mt selon Oilworld. En maïs, elle atteindrait 17 Mt. Les récentes pluies en Argentine, précisément dans les provinces de Cordoba et Santa Fe, ont quelque peu rassuré le marché. Mais les opérateurs estiment qu’elles ne seraient pas suffisantes. Ainsi, en maïs, les dernières précipitations n’auraient eu qu’un bienfait limité, en raison d’un stade de développement des plantes déjà très avancé.

Les autres pays d’Amérique du Sud ne sont pas épargnés. La sécheresse frappe également dans l’Hémisphère nord. En Chine, le déficit en eau toucherait 9,67 Mha de cultures, et affecterait environ un tiers de la production de blé. Le gouvernement vient d’ailleurs de décider d’irriguer 40 % des zones touchées. Les précipitations seraient 70 à 90 % inférieures aux années normales. Au Texas, le blé aurait été irréversiblement touché par le manque d’eau, selon les experts, ce qui pourrait conduire les agriculteurs à abandonner le blé au profit du coton.

Encore peu d’impact de la situation argentine sur les importations françaises

Pour le Port autonome de Nantes-Saint Nazaire, premier importateur de tourteaux de soja, la situation ne devrait pas être problématique, l’origine majeure étant le Brésil. Or, ce pays est touché dans une moindre mesure par la sécheresse. Pour les tourteaux importés d’Argentine, si les récoltes ne s’annoncent pas meilleures, « l’alternative sera de reporter les achats sur l’origine américaine », selon Laurent Buvry du Port de Nantes. Des opportunités pourraient d’autre part se créer en céréales. « Avec la pression moindre de l’origine argentine en céréales, des ouvertures vers le Maghreb pourraient être favorisées pour tous les ports français. »

Après l’arrivée sur le marché des récoltes d’Argentine et du Brésil, la situation dépendra de celle des Etats-Unis. Les opérateurs seront attentifs au rapport sur les cultures de soja et de maïs, qui orientera les emblavements de soja américain au printemps. Ce ratio devra rester à un niveau élevé pour compenser les pertes de l’Amerique du Sud.

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