Des opportunités pour le blé dur français sur la Turquie
La Turquie est devenue depuis quelques années importatrice de blé dur, du fait du fort développement de son industrie pastière. La France pourrait ainsi avoir une carte à jouer.

Étant moi-même minotier, j'utilise du blé dur français », a confié Murat Bozkurt, président de l'Association des pastiers turcs, lors de la 17e Journée de la filière blé dur, organisée sur Tours par Arvalis le 5 février. Les exportateurs hexagonaux peuvent se réjouir. La Turquie est devenue depuis deux à trois ans un importateur net. La raison principale est le fort développement de l'industrie des pâtes et par ricochet des exportations du pays. « Entre 2008 et 2013, les volumes de pâtes exportés ont été multipliés par plus de 3, passant de 176 kt à 690 kt. La principale destination est le continent africain, qui représente 60 % des volumes. Les 40 % restants vont au Japon, au Vénézuela, au Moyen-Orient
Les volumes de pâtes exportées ont été multipliés par plus de 3 en cinq ans.
et un peu en Europe. Mais la production nationale de blé dur n'a pas suivi », détaille le président ” de l'association.
La hausse de la production ne suit pas les besoins croissantsEt, selon l'expert turc, cette tendance n'est pas prête de changer sur le court terme, bien que « les semis aient progressé de 10 % cette année ». La Turquie est un gros consommateur de blé dur. Si elle produit en moyenne chaque année 3 Mt, ses besoins s'élèvent à 4 Mt, dont 2,5 Mt pour la consommation intérieure et 1,5 Mt pour l'exportation. « Le blé dur turc est de qualité moyenne. Ses gros points positifs sont la couleur et le taux de gluten », détaille Murat Bozkurt. Du côté des industriels, la production de pâte s'élève en 2014 à 1,3 Mt, répartie entre une vingtaine de fabricants, essentiellement familiaux, dont les capacités de production varient entre 8.000 et 250.000 t/an. Près de 550.000 t sont restées sur le marché intérieur, et 750.000 t sont parties à l'export. « Notre industrie se caractérise par une forte compétitivité, grâce à des coûts de main-d'œuvre très bas. À titre comparatif, ces coûts sont ”75 % inférieurs à ceux de l'Italie », explique l'expert turc. Et de préciser que « la réglementation nationale nous oblige à ne produire des pâtes qu'à partir de blé dur. Les mélanges avec le blé tendre sont interdits. »
L'industrie turque est compétitive grâce à des coûts de main-d'œuvre très réduits.
« Pour l'importation, nous n'avons pas de préférence. Nous avons importé quelques volumes en provenance d'Europe l'année dernière, mais le Mexique a été le principal fournisseur », témoigne Murat Bozkurt. L'origine mexicaine a en effet le gros avantage d'être disponible avant tous les grands exportateurs mondiaux, c'est-à-dire dès la deuxième quinzaine de mai. Mais la France a elle aussi ses atouts : savoir-faire, proximité géographique...
À charge pour elle de les mettre en valeur. Kevin Cler