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Filières céréalières
Des efforts logistiques au service du développement durable

De la coopération à la meunerie, les opérateurs de la filière céréales surfent sur le développement durable pour valoriser leurs économies

FORMIDABLE OUTIL de communication, le développement durable est devenu, en quelques années, l’un des premiers arguments marketing de l’industrie, tout secteur confondu. Et pourtant, dans une grande majorité des cas, le développement durable dans les entreprises se concrétise surtout par des économies d’énergie permettant des gains financiers. Du bon sens donc pour nombre de sociétés qui ont tendance à privilégier le volet développement au détriment de celui de la durabilité. Dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire et plus particulièrement au niveau de la logistique, d’importantes marges de manœuvre existent. Lors des Journées techniques des industries céréalières à Reims, l’Aemic (Association des écoles des métiers des industries céréalières) a organisé, le 16 octobre, une conférence suivie d’une table ronde pour présenter les initiatives d’importants acteurs, du champ au supermarché.

Réduire au maximum les opérations de transport
    « On fait du développement durable presque par accident », reconnaît Jean-Pierre Cochet, directeur général de Cohésis : « c’est surtout par souci d’économie ». Pour la coopérative, ces économies consistent en une réduction importante des déplacements, et donc une réduction des gaz à effets de serre. « Avec un système d’échanges, nous avons trouvé des solutions pour que nos adhérents s’arrêtent dans le silo le plus proche de leurs ferme », explique Jean-Pierre Cochet. Ainsi, les producteurs bénéficient de 250 cellules présentes dans la zone de collecte de la coopérative et ne sont plus tenus de livrer dans les 75 points de stockage appartenant à Cohésis. Ce sont alors 150.000 tonnes de produits qui parcourent 5 km de moins, soit 750.000 tonnes kilomètre économisées. Autre initiative de Cohésis, la livraison en direct de 80 % de produits phytosanitaires chez ses agriculteurs. Les dépôts sont alors supprimés, au profit de la plate-forme Sévéal qui assure la gestion de la distribution des PSV. Enfin, l’utilisation d’informations satellitaires au travers de Farmstar permet aux 25 conseillers en production végétales de Cohésis de réduire considérablement leur déplacements chez les agriculteurs, pour l’évaluation des besoins de leurs parcelles. Sur ce volet, la coopérative a fait un gain de 250.000 km.

Privilégier les modes de transports les moins polluants
    Le choix du mode de transport est aussi un axe stratégique important en matière de réduction de gaz à effets de serre. Pour preuve, les cargos permettant de charger plus de 100.000 t de blé émettent 0.65 g équivalent carbone/tonne/kilomètre (gec/t/km) contre 26 gec/t/km pour une benne de 15 tonnes qui livre à la moisson. Au cours d’une présentation consacrée aux différents moyens de transports, Laurent Wittoz, directeur des achats blé du groupe Nutrixo a mis en évidence le paradoxe actuel de la logistique.  La péniche qui est le mode de transport le moins polluant, et de loin, avec 2.6 gec/t/km, est le moins utilisé avec une part comprise entre 20 et 30 %. Il est aussi le moins cher avec un coût compris entre 8 et 11 €/t. Seul défaut, l’offre très réduite de ce mode de transport sur le territoire français. « Les péniches, de 250 à 1.250 t ont un avenir, mais seulement si les canaux sont assez profond et larges et suffisamment équipés pour les accueillir », estime Laurent Vittoz. La partie n’est donc pas gagnée, d’autant que les péniches de 250 t sont « vouées à disparaître faute de renouvellement dans le métier ». Le fret routier, qui domine aujourd’hui les autres moyens de transport avec plus de 50 % de part de marché a donc encore de beaux jours devant lui. Malgré une émission de 15 gec/t/km, « le transport routier conserve un bon rapport qualité prix compris entre 11 et 13 €/t, une grande flexibilité associée à la rapidité » remarque le directeur achat de Nurtixo. Bernard Valluis, président délégué de l’Association nationale de la meunerie française a, de son côté, insisté sur la nécessité d’autoriser les camions de 44 t (seuls les 25 t sont utilisés en France) qui permettrait de réduire le nombre de voyages et également les émissions de gaz à effet de serre.
    Quant au fret ferroviaire, il reste peu flexible, même si des améliorations sont admises, et encore cher à 14 à 16 €/t. En revanche son taux d’émission de gaz à effet de serre reste son principal atout avec 2.8 gec/t/km.
    Face à toutes ces initiatives, Gilles Rotillon, économiste de l’environnement, est resté très pessimiste. « Le développement durable ne se limite pas à faire des économies. Réduire ses émissions de gaz à effets de serre, c’est une bonne chose, mais ne rêvez pas, ce n’est pas suffisant. Vous ne parlez que de survie de votre entreprise à court et moyen termes. Le problème est beaucoup plus grave que ça. C’est la vie de milliards de personnes qui est en jeu, si on ne change pas radicalement notre société » a-t-il insisté.

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