Sécheresse
Des dégâts irrémédiables sur les cultures du Sud
Si la sécheresse touche particulièrement le nord du pays, le Sud souffre aussi du climat difficile.
Les restrictions d’usage de l’eau ont atteint les départements du Tarn, du Gers, du Lot et du Lot-et-Garonne. Cette extension des zones concernées est bien le signe d’une sécheresse qui s’étend désormais sur tout le pays. Dans le Gers d’ailleurs, des pertes de 20 % sur les rendements sont déjà évoquées par certains exploitants. Christelle Serveto, courtière chez Emeric courtage, est cela dit plus prudente dans ses observations, et estime qu’« il est encore un peu tôt pour quantifier les pertes, mais – précise-t-elle – les rendements vont être handicapés, c’est certain ». Les régions du sud-ouest de la France ont en plus cette particularité d’avoir des précipitations disparates, ce qui rend d’autant plus difficile les estimations sur la récolte à venir. « A Toulouse, il a plu 20 à 30 mm alors que, dans le Gers, on en est qu’à 2 mm », explique Christelle Serveto. Le Gers et le Tarn sont en en effet deux régions qui souffrent plus que leurs voisins du manque de précipitations depuis le début de la sécheresse.
Le Sud-Est mal en point
Dans le sud-est du pays la situation n’est guère plus réjouissante. « Le nord de la zone est soumis à une dure sécheresse », regrette Roger Lesbros, courtier chez Victor Giral. Selon lui, comme dans l’Ouest, les rendements en blé dur sont en baisse. ll ne devrait en effet être qu’à « 70 % correct » cette année. En effet, selon Denis Maucci qui dirige la coopérative de Bollène, les récoltes en blé dur devraient être amoindries de 20 % par rapport à l’année dernière. Le tallage du blé dur a en effet « énormément souffert, les rejets meurent », explique-t-il. Un handicap qui découle de la sécheresse, mais aussi d’un temps humide et froid qui a abimé les semences. Dans ces conditions les récoltes attendues dans le Sud-Est devraient se tenir entre 15 et 25 quintaux par hectare, soit un rendement très faible, la moyenne approchant plus généralement autour des 50 quintaux. Le bilan comporte tout de même quelques rescapés selon Denis Maucci. « La vallée du Rhône ainsi que les très bonnes terres, avec des nappes phréatiques en secours ont encore du potentiel, l’espoir persiste », rassure-t-il, « mais les pluies sont indispensables dans les prochaines jours ». Des averses très attendues sont d’ailleurs tombées le week-end dernier, mais les orages épars n’ont soulagé les champs que de 10 à 30 mm d’eau selon les zones. Un niveau de précipitations bien trop insuffisant pour compenser le manque hydrique de ces dernières semaines sur les cultures de blé dur. Heureusement, l’absence d’eau apporte au moins une bonne nouvelle. « Le stress hydrique permet au moins de relâcher la pression maladie », se rassure Denis Maucci. Une consolation qui reste tout de même bien maigre.
Un maïs épargné
Les cultures du maïs de leur côté souffrent évidemment elles aussi de ces conditions climatiques, mais de façon moindre. Selon Jean-Luc Verdier d’Arvalis, « le maïs profite de semis précoces, qui ont été réalisés dans de bonnes conditions ». Les inquiétudes sont donc moins prononcées, mais la vigilance est tout de même de mise. Pierre Bos, courtier chez Emeric, est cependant beaucoup moins confiant : « Les maïs ne sont semés que depuis quinze jours, mais il n’y a toujours pas eu une goutte d’eau, ça ne s’annonce pas bien », estime-t-il. Les craintes sont d’autant plus grandes, que les marges se font surtout sur le maïs non irrigué et que les restrictions d’eau commencent à atteindre les régions alentours. Mais contrairement au blé dur, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant d’évoquer des dégâts irréversibles sur les cultures de maïs. « Rendez-vous mi-juin pour voir ce qui sort de la terre », conclut Pierre Bos.