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Des circuits courts dans la filière blé-farine-pain

Des céréaliers intégrent la première transformation à leurs activités et s’ouvrent aux circuits courts, nouveaux débouchés générateurs de marge

TENDANCE. Comme l’a annoncé le ministre de l'Agriculture Michel Barnier le 14 avril à Vanves, le gouvernement entend favoriser la commercialisation de produits agricoles en circuits courts, consistant à mettre directement en contact producteurs et consommateurs. Les Amap, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, en font partie. Il s’agit en fait de groupes de consommateurs souhaitant s’associer à des producteurs agricoles pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Ses mem­bres s’engagent à prépayer leurs achats, directement au producteur, en l’échange d’un panier hebdomadaire. Si ce système est le plus souvent adopté par les maraîchers, les céréaliers commencent à s’y mettre en proposant des farines et pains produits à la ferme.

Des céréaliers se mettent aux Amap

En Ile-de-France, les producteurs de blé ont fait leur apparition dans ces circuits courts, qui améliorent leurs marges et diversifient leurs débouchés. C’est notamment le cas d’Emmanuel Vandame, agriculteur dans l’Essonne et membre de l’Amap “les jardins de Cérès”, qui a réussi à faire passer une partie de ses productions vers ce type de circuit. Pour lui, ce nouveau débouché « est socialement et économiquement avantageux et permet de recréer des relations entre les agriculteurs et les consommateurs. »

En intégrant la meunerie à ses activités, Emmanuel Vandame déclare multiplier par 5 ou 7 ses marges à l’hectare et souhaite étudier la faisabilité de la construction d’un four à pain. Pour le moment, 4 ha sont consacrés aux amapiens, soit 1 % de ses surfaces, ce qui couvre les besoins de 50 à 60 adhérents. Ces derniers s’engagent, au travers d’un contrat, à rémunérer des lots de m 2 cultivés. 11 m 2 de blé permettent par exemple à l’amapien d’obtenir 3 kg de farine.

L’évolution du code rural du 25 mars (évoquée dans notre édition du 3 avril) permet désormais d’exempter les producteurs des droits de mouture si les volumes traités sont inférieurs à 350 qx par an (cf. art.D.666-25). Ceci devrait faciliter le développement de moutures à la ferme sur de faibles tonnages.

Un prix garanti quel que soit le niveau de production

Le fonctionnement de l’Amap part du principe « d’une double solidarité entre producteurs et consommateurs face aux aléas des productions agricoles », selon Emmanuel Vandame.

En effet, si les adhérents de l’association s’en­gagent à payer à l’avance les produits qu’ils consomment, l’agriculteur garantit des prix stables. Ainsi, entre 2006 et 2009, ces derniers n’ont pas évolué.

L’idée d’une alimentation de proximité part d’une démarche éthique des “consom’acteurs”, tel qu’aiment à se faire appeler les amapiens. Ceci induit la possibilité, pour les adhérents, de visiter les lieux de production et de donner des coups de mains au producteur. Ainsi, les consommateurs tiennent compte de l’état d’avancement des cultures, et si les récoltes subissent des aléas climatiques, les amapiens devront se contenter des disponibilités.

Emmanuel Vandame explique que « cela peut en dégoûter certains » mais que « plus l’Amap vieillit, plus les amapiens qui restent ont compris le principe », qui est de soutenir le paysan pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

Une coordination nécessaire des Amap par l’intermédiaire d’une charte

Les circuits courts d’approvisionnement alimentaires, alternatifs à la grande distribution, se développent. A la marge, Denis Durand, artisan boulanger, apporte son pain en complément de contrats d’Amap en maraîchage. Il travaille à 100 % avec de la farine biologique certifiée. Mais aucun lien direct n’existe entre les agriculteurs et les consommateurs. Afin de clarifier la situation, le réseau national des Amap –appellation protégée par l’Inpi– a mis au point une charte. Celle-ci n’oblige pas l’agriculteur à certifier en bio son exploitation, mais suggère d’en appliquer les principes. Le document incite aussi à éliminer les intermédiaires entre producteurs et consommateurs. La charte interdit ainsi la revente de produits achetés par les producteurs sans accord des consommateurs.

Avec quatre céréaliers en Amap sur l’Ile-de-France, la meunerie reste une activité marginale dans ce secteur. Mais les récents soutiens apportés par le gouvernement aux circuits courts pourrait faire se développer ces canaux d’approvisionnements.

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