Dédiaboliser les biotechnologies
L'adaptation au changement climatique d'une agriculture durable passe par les biotechnologies, selon les semenciers. La sélection génomique, qui se construit dans la durée, ne suffira pas à répondre rapidement aux besoins des agriculteurs.
Le réchauffement climatique nous oblige à aller vite. Mais l'amélioration des plantes a la capacité de répondre à ses problématiques – déplacement des zones de culture, aléas climatiques extrêmes répétitifs, parasitisme croissant – si la société nous donne les moyens de travailler », a affirmé Jean-Christophe Gouache, directeur des Affaires internationales de Limagrain, lors d'un colloque du Gnis, le 9 avril à Paris.
Un outil au même titre que le système de culture, le biocon-trôle ou l'agroéquipement.
Derrière cette déclaration, c'est tout l'enjeu des biotechnologies et de leur acceptabilité par la société qui se posent. « S'il n'y a“ pas un soutien politique, au-delà de la phrase du président de la République qui a consisté à dire : “ il faut que les chercheurs soient capables de travailler dans la sérénité”, cela reste encore un sujet assez complexe et difficile, souligne Philippe Le-couvey, directeur général de l'Acta, qui participe à la mission “Agriculture-Innovation 2025”. Il faudra que l'on arrive à dire que la biotechnologie n'est pas synonyme ou associée à l'OGM. La biotechnologie est l'association de la biologie et des nouvelles technologies, avec les vertus qui consistent à apporter des réponses pragmatiques, durables et facilement accessibles. » Et Marc Richard-Molard, délégué permanent d'Initiatives biotechnologies végétales, d'insister : « Certes, la sélection génomique est prometteuse mais se construit sur la durée (dix ans). » Même si la plateforme Phénome est capable de mesurer, grâce à des méthodes à haut débit, des caractères agronomiques de ” plantes soumises à divers scénarios de climats et d'itinéraires culturaux. « N'oublions pas les perspectives que donne l'intervention au niveau moléculaire du génie génétique. Un champ de nouvelles techniques de sélection qui fait que les OGM que nous connaissons actuellement sont un peu la préhistoire de ces nouvelles technologies. »