Cyclope 2015 : peu de signaux haussiers sur les marchés des grains
Les spécialistes des marchés des matières premières, réunis pour la présentation du dernier rapport Cyclope, ne voient pas pour le moment une prochaine remontée des prix.
Le temps de l'euphorie des années 2007-2014 sur le marché des matières premières est derrière nous », a déclaré Philippe Chalmin, président de Cyclope, en marge de la présentation du dernier rapport de l'association le 20 mai. L'économiste fait référence à la baisse de l'ensemble des commodités, du pétrole aux métaux, en passant par les grains.
Meilleures conditions climatiques que l'an dernierSi P. Chalmin ne remet pas en question ses projections de hausse des prix agricoles sur le long terme, peu d'éléments indiquent actuellement un retournement de tendance pour 2015/2016. « Alors que le monde est extrêmement instable au niveau géopolitique, avec les conflits entre la Russie et l'Ukraine, au Moyen-Orient, en Libye... Les échanges ont rarement été aussi peu affectés, ne provoquant que quelques mouvements haussiers ponctuels sur les marchés », souligne François Luguenot, analyste des marchés chez InVivo. La baisse de l'or noir impacte les capacités d'achat de pays importateurs tels que l'Algérie ou l'Égypte. Par ail-leurs, « les conditions climatiques sont bonnes, presque partout dans le monde, légèrement meilleures que l'an dernier à la même époque ». Si cela continue ainsi, les difficultés économiques rencontrées par les pays de la mer Noire, limitant le recours aux intrants par les producteurs locaux, pourraient être compensées. La menace el Niño plane comme chaque année. « Le risque de voir apparaître ce phénomène est un peu plus élevé cette année que l'an dernier à pareille époque », alerte l'analyste, précisant qu'il faut « attendre que les moissonneuses passent dans les champs pour en savoir plus ». Notons qu'en Inde, si la quantité devrait être au rendez-vous, la qualité de la collecte de blé aurait été affectée par les pluies, engendrant de potentiels besoins d'importation, selon François Luguenot.
Vers une baisse prolongée du pétrole ?Les comportements de la Chine et du pétrole sont d'autres éléments à surveiller. L'Empire du milieu aura toujours besoin d'importer des grains, mais elle semble modifier sa stratégie d'approvisionnement, selon les experts. « La Chine semble faire le choix de maîtriser ses circuits commerciaux plutôt que de se baser sur une politique historique de stockages massifs », indique François Luguenot. En témoignent les investissements de sociétés chinoises dans les groupes Noble, Aoste, Cochonou etc.
Du côté du pétrole, le probable accord Occident-Iran sur le nucléaire est un indicateur clef. « Cela dépendra du contenu de l'accord, mais l'Iran souhaite retrouver les parts de marché qu'il a perdu suite aux sanctions », explique Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques. En ce sens, les exportations de la république islamique pourraient reprendre de plus belle. « Auparavant, les contrats proposés n'étaient pas très sexy, mais le pays avance sur de nouveaux modèles, qui pourraient être proposés dès le mois de septembre 2015 à la conférence de Londres. » L'expert tempère tout de même en précisant que des investissements sont nécessaires pour faire redémarrer la production du pays. Le marché ne devrait donc pas être inondé de pétrole iranien en 2015.