Cultures : des conditions météo plutôt favorables malgré le gel
Le climat est favorable dans l'ensemble, bien que les pluies aient retardé les semis de maïs, et que les gelées pourraient affecter les blés et les orges. Les opérateurs et Agreste s'accordent dans l'ensemble sur l'évolution des surfaces des cultures.

« Les conditions de culture sont bonnes dans l'ensemble, que ce soit en blé ou en orge », s'est exprimé Bertrand Alison, chargé du suivi des cultures à FranceAgriMer, à l'issue du Conseil spécialisé Céréalière du 11 mai à Paris. L'expert indique que le froid a récemment ralenti le développement des cultures, jusqu'alors en avance, et que nous revenons à une année normale. « On a noté des gelées dans le Nord et surtout dans l'Est du pays », précise-t-il. Le froid, qui est apparu en pleine méiose, un stade sensible des plantes, ce qui est susceptible d'affecter les rendements, n'inquiète pas réellement. « On a déjà eu des années similaires par le passé. Des inquiétudes émergeaient pour, au final, très peu de conséquences sur les rendements », indique Bertrand Alison. En maïs, « il n'y a eu que onze jours pour pouvoir semer, ce qui explique le retard d'environ quinze jours par rapport à l'an dernier », justifie-t-il. Il ajoute que « des opérateurs, qui avaient des inquiétudes, sont désormais rassurés avec le retour d'un climat favorable aux emblavements ». La fin du mois de mai donnera plus d'indications sur l'impact du gel sur la productivité.
Des gelées tardives peu mesurables sur les cultures
Comme dans l'ensemble du pays, les cultures dans le Sud-Ouest étaient en avance dans leur développement. Mais « nous sommes aujourd'hui revenu à la normale, du fait du froid », constate Marie Guilamoulat, responsable Stratégie cultures d'Agro d'Oc. Elle rejoint Bertrand Alison concernant l'effet du froid sur les céréales à paille. « On ne sera fixé que post-floraison, lors du stade remplissage du grain, c'est-à-dire fin mai-début juin (…) Mais nous n'avons pas connu de cas où le froid a endommagé fortement les rendements. De plus, la période sensible des blés et des orges n'est que sur deux à trois jours, et le froid n'a duré qu'une semaine, à peine. Certaines parcelles pourraient être touchées, et d'autres absolument pas. » Les pluies ont retardé de manière significative les emblavements de maïs, spécialement en Aquitaine. Mais là non plus, pas d'inquiétude pour le moment quant aux rendements futurs. « La période clé pour le maïs est l'été. On en saura plus à ce moment-là. » Dans l'Est de la France, ce sont les orges qui semblent avoir le plus subi les gelées tardives. « Nous sommes en train de mesurer les dégâts sur les parcelles. Les blés, à un stade moins avancé, ne semblent pas avoir subi de séquelles. Avec le temps chaud et humide actuel, la pression maladie est de plus en plus élevée. Il faut espérer que la météo permette aux agriculteurs d'agir pour la protection fongique », explique Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles chez Vivescia. Il ajoute qu'en colza, le fleurissement est à son apogée, et la plante se développe bien. Tout comme dans le Centre, où pour Axéréal 50% des cultures de colza sont dans un “très bon à bon” état.
Dégâts d'altise dans le Nord
En Picardie, « des gelées ont eu lieu mais les dégâts causés aux cultures ne seront mesurables qu'à l'épiaison », explique Philipe Pluquet, responsable technique Productions végétales chez Noriap. Malgré le bon état de développement des blés, il fait également remarquer que ceux-ci souffrent de jaunisse nanisante, due au décalage de l'intervalle “semi-insecticide”, à un risque de verse avec une végétation importante et une très forte pression maladie. Ces symptômes sont les conséquences d'un hiver doux. Concernant les colzas, « les dégâts d'altise en automne sur 30 à 40 % des surfaces risquent de pénaliser les rendements », constate-t-il. Concernant les surfaces, la dernière note d'Agreste estime une hausse des emblavements en blé tendre, en blé dur, en orge, en soja et en colza (cf. tableau). Un repli est signalé en maïs et en tournesol. Ce que confirme globalement les opérateurs en région. En Champagne-Ardenne et en Picardie, les surfaces de maïs ont été transférées principalement en blé d'hiver. « La conjoncture économique actuelle de ce marché a incité les agriculteurs à semer moins de maïs, en faveur du blé d'hiver. De plus, les bonnes conditions d'emblavements à l'automne leur ont permis de semer en toute tranquillité », constate Jean-Olivier Lhuissier. « Il ne faut pas oublier les exploitations qui cessent leur activité d'élevage, impliquant une diminution des surfaces en maïs fourrager », fait remarquer Philippe Pluquet.
Surfaces en jachère
La tendance à la baisse des emblavements de maïs se vérifie également dans le Sud-Ouest. « Les prix bas ne sont pas de nature à encourager les producteurs à planter une culture dont les coûts de production sont assez élevés », analyse Jean-Baptiste Revel, responsable de la commercialisation des grains chez Grains d'Oc. Un constat que partage Michel Devignes, directeur des opérations terrain chez Maïsadour. Il ajoute que la grippe aviaire, qui a touché la région, a eu un petit impact sur le choix des producteurs. « Ce n'est pas énorme, mais on voit quelques exploitations qui ont mis des surfaces en jachère au lieu de semer du maïs, par peur de manquer de débouchés. » Le soja, constituant une bonne solution de rotation, a progressé dans la région. Et ce, malgré des aides à la cultures inférieures à ce qu'attendaient les producteurs.
Les surfaces européennes de blé tendre sont évaluées à 24,151 Mha en 2016, contre 24,312 Mha en 2015, selon Agreste. Celles de maïs atteindraient 9,209 Mha, contre 9,266 Mha l'an dernier. En orge, les superficies dans l'Europe des 28 sont estimées à 12,607 Mha, contre 12,167 Mha en 2015. Celles de colza passent de 6,372 Mha à 6,697 Mha, et celles de tournesol de 4,156 Mha à 4,165 Mha.