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Protéagineux
Crise de l’offre pour la filière

En dépit de nombreux atouts agronomiques, la question de l’avenir des protéagineux en Europe mérite d’être posée, au vu du déclin de production

BAISSE DES SURFACES. La filière des protéagineux traverse un moment difficile, selon Pierre Cuypers, président de l’Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines (Unip), en raison d’une « conjoncture climatique exceptionnellement défavorable » (baisse des rendements, viroses….). Avec 170.000 ha estimés pour 2007, les surfaces de pois protéagineux sont en net recul par rapport à 2006 (-28%) et de façon très sensible sur deux ans (-45%). Les atouts des protéagineux dans les rotations sont pourtant avérés et des progrès génétiques récents laissaient entrevoir de belles perspectives pour les semis de cette année. Il n’est jamais trop tard pour 2007/2008... En parallèle, la demande mondiale semble s’accentuer.

En dépit des avantages, « la filière du pois est confrontée à une crise de l’offre », regrette Pierre Cuypers. Il met également en garde les opérateurs qui misent sur le « tout céréales ». « L’erreur est de raisonner à court terme », regrette-t-il, en pensant « marges par culture » et non pas « marges par assolement »...

Si les surfaces de pois sont en net recul en France depuis deux ans, celles de l’UE à 15 et à 25 suivent la même tendance : le seuil des 750.000 ha a été franchi à la baisse pour la première fois en 2006 pour l’UE à 25. La France reste, bien entendu, le premier producteur européen de pois, « mais le recul de production s’accélère plus rapidement que les autres pays de l’UE », précise Olivier de Gasquet, directeur de l’Unip. Cela laisse la part belle au Canada, avec une production de près de 3 Mt en 2006, contre seulement 1 Mt pour la France.

Autre mauvaise nouvelle, le retour du marché du pois jaune pour l’alimentation humaine, pour lequel les exports vont bon train, alimentés par une forte demande de la part du sous-continent indien. D’où la mise en garde d’Olivier de Gasquet. Ce marché pourrait « aboutir à déstructurer le marché de l’alimentation animale ». En effet, « se fixer sur le débouché de l’alimentation humaine pourrait engendrer en retour une baisse encore plus prononcée des surfaces de pois destinées à l’alimentation animale ». En France, les prévisions 2006/2007 d’utilisations du pois à destination de la nutrition animale tablent sur 555.000 t (en baisse continue depuis 2003/2004). En pois jaune pour le sous-continent indien, elles pourraient atteindre les 210.000 t pour l’export sur pays-tiers contre 97.000 t l’année précédente. Ce segment de marché est en hausse continue depuis 2003/2004. Par conséquent, les incorporations de pois en alimentation animale diminueraient, de 200 à 250.000 t, plus qu’attendu, les vendeurs privilégiant souvent les débouchés sur pays-tiers, plus rémunérateurs. Avec cette situation en France, le Canada gagne des parts de marché, avec 1,1 Mt exportées vers l’Inde en 2006/2007 (prévisions) contre 995.000 t en 2005/2006.

En féverole, les expéditions ont été régulières vers l’Égypte sur la campagne actuelle. L’Unip précise cependant que « le niveau de la campagne 2005/2006 ne sera pas atteint, faute d’offres » (à la fin mai, les chargements pour l’Égypte portaient sur 135.000 t, contre 182.000 t en fin de campagne 2005/2006).

Ces tendances de marché n’ont, bien sûr, pas été sans conséquence sur les prix. Avec les faibles disponibilités, le cours de la féverole qualité humaine en rendu Rouen a flambé dès le milieu de campagne —à titre indicatif, entre 250 et 260 €/t— et le prix du pois jaune pour le sous-continent indien dépasse largement celui du blé rendu Rouen (aux alentours de 180 €/t).

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