Coopération agricole : des holdings pour attirer les investisseurs externes
Les coopératives font souvent appel aux associés coopérateurs pour réaliser leurs projets mais cette stratégie réduit le potentiel d'investissement. Chez nos voisins, elles ouvrent davantage leurs fonds de financements aux capitaux extérieurs.

Lors de la sixième conférence des coopératives européennes, Uni-grains et PwC ont présenté leur étude financière des grands groupes coopératifs. Traditionnellement, ceux-ci s'appuient sur des ressources issues des capitaux des associés et de financements bancaires pour investir. Mais cette situation peut freiner leur développement. Le principal enjeu est donc de concilier potentiel de financement et accessibilité des capitaux. L'ouverture aux financements externes permet de ce fait d'augmenter leur capacité d'investissement (cf. graphe).
Pour ce faire, de nombreuses coopératives ont fait évoluer leur statut juridique vers une holding de droit privé permettant d'ouvrir leur capital aux tiers. Ainsi, les cadres juridiques s'assouplissent. Pour gage, les 3/4 des coopératives européennes du top 20 ont déjà sauté le pas.
Le choix des investisseurs est culturel et géographiqueDe manière générale, les bilans des coopératives ont augmenté de 8% chaque année depuis 2010 avec un passif stable. « Nous remarquons que les groupes coopé-ratifs diversifient leurs capitaux avec des financements de marché, et ce phénomène est en pleine extension. La preuve, 2/3 des groupes coopératifs du top 30 y ont recours », explique Marion Dietz, chargée d'Études économiques chez Unigrains. Appelé phénomène de désintermédiation, ce type de financement a lieu en Europe depuis les années 2000. Ce choix est souvent culturel et géographique. Ainsi, en Amérique du Nord, les coopératives préfèrent ouvrir leurs fonds propres aux actions de préférence, celles d'Europe du Nord sont cotées en bourses tandis qu'en France, elles font appel à des partenaires financiers.
Baptiste Bannier, directeur et expert Agribusiness chez PwC, émet cependant quelques réserves, «même si les obligations et placements privés sont en hausse, ils représentent actuellement 30% de la dette à long terme », explique-t-il en précisant que le financement doit s'inscrire dans une démarche globale. Avant de définir une stratégie, il faut, entre autres, l'adapter à sa structure, la clarifier et la partager.