Contrat solution azotée Euronext : la prudence est de mise
Euronext et Rubis Terminal espèrent que la filière agro-industrielle, notamment les OS, sera en mesure d'optimiser sa commercialisation d'engrais grâce à cet outil de gestion du risque prix.
Le 14 novembre s'est ouvert le marché à terme de la solution azotée, le contrat Urea and Ammonium Nitrate (UAN 30) créé par Euronext. « C'est le premier contrat à terme au monde dont le sous-jacent est un fertilisant azoté proposant une livraison physique », a souligné Olivier Raevel, directeur des matières premières chez Euronext, lors d'une manifestation organisée par l'opérateur financier le 7 novembre à Paris. François Tessarin, DG de Rubis Terminal, partenaire d'Euronext et poids lourd européen dans le stockage des engrais, dont le site sur Rouen est le point de livraison physique du contrat, rappelle les raisons qui ont poussé à sa création. « La France est un marché très spécifique. Alors que l'urée est la forme azotée la plus utilisée dans le monde, c'est la solution azotée qui est privilégiée dans l'Hexagone. » Il indique aussi que, sur les 2 Mt/an consommées en France, 1 Mt transitent par Rouen. « Ce contrat permettra d'éviter l'angoisse saisonnière du dernier bateau en début de printemps », argue François Tessarin. Ce dernier fait référence à la demande, très soutenue sur la période février-mars, qui engendre un déficit d'offre et par ricochet une flambée des prix, obligeant les opérateurs à se battre pour acquérir les dernières cargaisons de solution azotée disponibles. Ensuite, le contrat « donnera la possibilité aux OS de diversifier leurs offres commerciales aux agriculteurs-clients, en leur proposant des produits leur permettant de sécuriser leurs marges, au moyen de contrats à prime in-dexés sur Euronext », confirme Olivier Raevel. Les acteurs présents à l'événement étaient prudents quant au succès futur du contrat. « Il faut voir comment ça va prendre », indique un opérateur.
L'Unifa émet quelques réserves
Florence Nys, déléguée générale de l'Unifa, explique ne pas être opposée sur le principe au contrat à terme. Toutefois, elle a tenu à rappeler que la solution azotée est « un produit importé, peu efficace sur le plan agronomique, et présente un mauvais bilan environnemental ». L'Unifa s'inquiétait le 3 novembre dans un communiqué de l'essor de la solution azotée en France, jugée comme « la forme d'azote la moins efficace après l'urée pour le rendement et la protéine dans les blés ».