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Marché
Contrat blé Euronext : le couac lié au choix qualitatif de Sénalia perdure

Le silo portuaire ne reçoit plus que du 76/220/11. Or il est le seul point de livraison éventuelle des contrats passés sur Euronext... en blé standard.

LA QUALITE DU BLE aux portes des silos de Sénalia fait débat depuis plusieurs semaines, suite à la diffusion d’un compte-rendu (courant août) du conseil d’administration de la structure portuaire revoyant unilatéralement ses exigences quant au blé livré. Ainsi depuis le début de la campagne commerciale, aucun blé de type standard n’a pu faire son entrée dans une cellule du géant du stockage rouennais, systématiquement refusé au stade de la livraison pour des raisons qualitatives liées au temps de chute de Hagberg (inférieur à 220 secondes). Une dizaine de camions seraient recalés chaque jour, selon Sénalia. La question du blé standard, également appelé 76/15/4/2/2, est de nouveau en réflexion. Une réunion du Comité d’experts d’Euronext, organisée le 24 octobre, a permis à ses membres (OS, négociants, courtiers, organismes financiers) de s’expliquer sur ce dossier qui agite la filière du commerce des grains depuis cet été. En effet, ce changement de politique de Sénalia a entraîné des variations de prix excessives sur le marché à terme européen ces dernières semaines et aurait généré des pertes importantes chez certains opérateurs (sources courtiers). Au terme de la réunion du Comité d’experts, aucune solution n’a été trouvée. Mais les débats ne sont pas terminés et des propositions pourraient émerger dans les semaines à venir, pour les livraisons Euronext échénce janvier 2013.

La qualité du blé 2012 à l’origine des nouvelles exigences du silo, selon Sénalia

Sénalia étant l’unique silo de réception dans le cadre des contrats à terme Blé sur Euronext, le passage d’une qualité standard vers une qualité propre à l’export (76/220/11 mini) risque de poser problème pour un opérateur ayant acheté du blé sur Euronext et qui irait jusqu’à la livraison, puisque le sous-jacent du contrat Blé est différent en terme de qualité. Laurent Martel, président de Sénalia, justifie cette position par des contraintes à l’export qui ne sont pas compatibles cette année avec la qualité de la récolte de blé française. « Les temps de chute de Hagberg sont si bas en moyenne cette année que l’on ne peut se permettre de rentrer du blé standard dans nos silos. Si nous l’avions fait, nous aurions perdu des marchés, notamment vers le Maghreb. L’Algérie exige des blés à 240 secondes de temps de chute de Hagberg minimum. Avec de telles exigences, nous ne pouvons mélanger des blés de bonne qualité, faute de quantité suffisante, avec des standards », explique-t-il. Et d’ajouter, « sans ce choix d’écarter les blés standards, nous n’aurions pas pu exporter les quel­ques 650.000 t de blé expédiées depuis cet été ». Cette volonté de Sénalia, en tant qu’outil au service de l’exportation, n’explique pas pour autant sa position en tant que point de livraison des blés traités sur le marché à terme européen. « Le marché à terme n’a pas pour vocation à prendre livraison de la marchandise », argue Laurent Martel. Certes, mais dans la masse de contrats traités sur Euronext, une partie des opérateurs vont jusqu’à la livraison. Sur la campagne 2011/2012, les livraisons blé pour le contrat à terme Euronext se sont élevées à 4.583 lots soient 229.150 t sur 4 échéances : novembre 2011, janvier, mars et mai 2012 (plus 10 lots contractés sur l’échéance août, disparue aujourd’hui), selon Euronext. « Nous ne sommes pas au mois de novembre, donc nous parlons d’un problème qui n’existe pas encore. Pourtant, le dossier est connu depuis plusieurs mois. Cette réunion du Comité d’experts aurait pu avoir lieu bien avant. Cette situation devrait sans doute s’arranger, car on ne peut en rester au statu quo. D’autres surfaces de stockage existent à Rouen. D’autre part, l’Autorité des marchés financiers doit garantir de la viabilité du marché à terme », explique un courtier du Comité d’experts Euronext.

Un blé loyal, sain et marchand n’est pas forcément un blé 76/15/4/2/2 pour Sénalia

« Sénalia ne peut pas décider tout seul de ce que doit être la qualité du blé traité sur Euronext, toute l’industrie, fabricants d’aliments du bétail, amidonnerie ou meunerie, se réfèrant au blé standard pour ces achats ou couvertures », estime Thierry de Boussac, directeur commercial de Nidera France (Négoce). Pour le directeur de Sénalia, la référence aux critères de PS, d’humidité et d’impuretés pour qualifier le blé standard ne coule pas de sources. « Sur le marché à terme, ce qui compte, c’est la qualité saine, loyale et marchande du blé, or le 76/15/4/2/2 ne l’est pas forcément », explique-t-il. Reste que le contrat Euronext précise bien que le sous-jacent du contrat à terme Blé meunier correspond à des grains « de qualité saine, loyale et marchande, dont les spécifications sont : PS 76 kg/hl, humidité 15 %, grains brisés 4 %, grains germés 2 %, et impuretés 2 % ». « Nos caractéristiques pour le contrat Blé restent inchangées. Nous n’avons pas le projet de modifier un contrat, dont les positions sont ouvertes et les échéances engagées. Nous interrogeons la filière sur la décision de Sénalia dans le cadre de notre réflexion continue, qui vise à améliorer en permanence la qualité et l’intégrité de notre marché », a déclaré pour sa part Lionel Porte, responsable chez Nyse Liffe.

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