Contractualisation tripartite
La contractualisation tripartite est considérée par certains comme une solution à la crise de l'élevage. Mais attention à ne pas confondre la vision qu'en ont les enseignes de distribution et celle défendue par Coop de France. Lors de notre entretien avec Dominique Chargé, le président de la nouvelle section Agroalimentaire de Coop de France (cf. page 3), sa directrice, Rachel Blumel, est revenue sur la définition de la contractualisation tripartite que Coop de France défendrait si l'on venait à en discuter dans le cadre de la loi Sapin II. « Nous ne souhaitons pas une généralisation de la contractualisation tripartite, telle qu'appliquée dans le cahier des charges d'un certain nombre de MDD [marque de distributeur, NDLR] qui fléche un revenu à l'agriculteur, car elle implique la transparence sur la composition des prix, ce qui peut poser problème dans d'autres stratégies marketing comme celle des marques nationales, argumente-t-elle. Rentrer dans le détail de nos prix-tarifs relève de notre liberté et de notre politique commerciale. » La contractualisation tripartite soutenue par le nouveau président de Coop de France, Michel Prugue, relève davantage d'une « approche pluriannuelle » des relations commerciales entre distributeurs et IAA, permettant de « donner des perspectives aux producteurs », avec « la possibilité de rediscuter le prix quand cela est nécessaire », explique Rachel Blumel. Mais cette démarche ne suffira pas à mettre fin à la “guerre des prix”. Car si la multiplication des contrôles de la DGCCRF, avec sanctions (parfois lourdes) à la clef, ont permis de limiter les abus, elle n'a pas changé « l'état d'esprit de l'acheteur », regrette la directrice. C'est pourquoi Coop de France Agroalimentaire veut mettre en valeur le modèle coopératif (qui fait le lien entre la production agricole et le produit), afin que l'acheteur développe une réflexion “durable” : « Si je déréférence ce produit, cela va générer tel impact sur mon territoire, ce qui me pose un problème. » À n'en pas douter, c'est un chemin semé d'embuches qui attend la coopération agricole française.