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Clin d'oeil

 Plombier

Après le cuisant échec du sommet des 25 à Bruxelles faisant suite au double non français et néerlandais à la Constitution européenne, puis les reports en domino du vote dans un certain nombre de pays, Tony Blair ne cache pas vouloir donner le coup de grâce à l’Europe, telle que nous l’avons connue. Par ailleurs, on constate que la plupart des commentateurs et analystes politiques, tenants du oui, continuent à tirer à boulets rouges sur «le plombier polonais». Ce pelé, ce galeux, d’où viendrait tout le mal. A savoir, avoir mis au mieux pour un certain temps l’Europe au tapis, au pire l’avoir reléguée pour longtemps au magasin des accessoires. En France, nombreux sont les politologues pour estimer que ce fameux «plombier polonais», payé au rabais, a bien été le fossoyeur du oui. Bref, qu’il est coupable d’avoir vampirisé le référendum. Ce qui n’est pas faux, puisque le sondage réalisé par la Sofres et Unilog au lendemain de l’échec du oui indiquait que la crainte pour l’emploi a été la raison principale du rejet de la Constitution, avec en exergue le dumping social, les délocalisations et le fameux projet de directive Bokelstein sur la libéralisation des services, devenue «la directive Frankenstein». 

Force est de reconnaître que depuis Fernand Raynaud et son fameux sketch (Qui c’est ? C’est le plombier) jamais cet indispensable professionnel que l’on supplie souvent pour venir colmater une fuite ou changer un joint n’avait connu une telle popularité. Au point, dans les caricatures, de se transformer en boxeur et mettre knock-out avec une clef anglaise (of course !) l’Europe ! Elaboré du côté du Puy-du-Fou, le père de ce missile est connu : c’est le président du MLF, Philippe de Villiers. Réagissant aux déclarations du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, soutenant la directive Bokelstein, il déclare dans le style particulier qu’on lui connaît : «Le principe du pays d’origine permettra à un plombier polonais de venir travailler en France, avec un salaire et la protection sociale de son pays d’origine.»

Et voilà que Fritz Bokelstein en visite à Paris début avril, relevant l’observation du marquis vendéen, déclare pince-sans-rire : «Souhaiter la présence de plombiers polonais pour faire du travail, car c’est difficile de trouver un plombier là où se trouve ma résidence secondaire dans le Nord de la France.» Le mythe du «plombier polonais» est ainsi involontairement mis sur orbite par Bokelstein, et repris en chœur par l’ensemble des médias. Il va faire mouche dans tout l’Hexagone et toucher sa cible —le oui— en plein cœur. On dit que le staff communication de Philippe de Villiers avait envisagé un temps «le maçon letton», «le jardinier estonien» ou encore «la nounou tchèque». Mais en fin de compte, c’est le «plombier polonais» qui l’a emporté. Bien vu ! Pourtant selon les statistiques, les travailleurs polonais en France sont rarement plombiers mais le plus souvent peintres en bâtiments, voire saisonniers pour les vendanges. Sans oublier dans nos orchestres nationaux un certain nombre d’instrumentistes de talent. Et Pascal Lamy prémonitoire d’épingler, quelques jours avant le référendum, le fantasme du «plombier-phobie» à relents xénophobes. Comme jadis, on l’a vu pour les Italiens puis les Portugais, «qui viennent nous enlever le pain de la bouche». Les tenants du «non» qui sont les vainqueurs de ce grand tournant pour la France et l’Europe devraient ouvrir une souscription pour élever une statue à ce fameux «plombier polonais». 

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