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Chine : agitateur ou stabilisateur des marchés ?

Les experts, présents lors d'une table ronde organisée par l'APCA, estiment que l'évolution de la politique agricole chinoise déterminera si le pays sera source de plus grande volatilité sur les marchés des matières premières agricoles.

La Chine sera-t-elle stabilisatrice des prix des viandes et des céréales, ou verra-t-on les cours faire les montagnes russes, selon ses besoins ou intérêts ponctuels ? C'est la question que se sont posée les spécialistes présents à la table ronde organisée par l'APCA le 27 septembre à Paris. Le paramètre à observer serait l'orientation prise par la politique agricole chinoise. « Il y a un débat entre deux courants de pensée au sein du gouvernement chinois : ceux qui estiment qu'il faut ouvrir encore plus les frontières, l'autosuffisance alimentaire ne pouvant être atteinte par la production, et ceux qui pensent qu'il faut l'augmenter, ce qui permettra de moins dépendre des achats extérieurs », détaille Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste au sein de l'Idele.

Surfaces minimums de 120 Mha de grandes cultures

Le 13e plan quinquennal adopté par la Chine en mars dernier laisse penser pour le moment que les autorités ont opté pour une solution intermédiaire, selon les experts. À savoir le maintien d'une production de grains élevée, tout en ayant recours aux importations. « La Chine a compris qu'elle ne pourrait pas tout produire, mais ne souhaite pas trop dépendre d'autres pays non plus. Elle a donc fixé des lignes rouges à ne pas franchir », précise Jean-Marc Chaumet. Pour les grandes cultures, elle s'élève à 120 Mha, a-t-il rappelé.

Les signaux envoyés par la Chine divergent néanmoins et déstabilisent les analystes, spécialement des États-Unis. Alors que la demande en grains est amenée à croître, les importations chinoises ne vont pas forcément exploser, ou se réduire drastiquement, contrairement à ce qu'a projeté l'USDA à plusieurs re-prises ces dernières années (cf. graphe). « La Chine est imprévisible. Elle est adepte du “stop and go”. On l'a vu pour le lait ou les orges », renchérit Yves Trégaro, chef de l'unité Produits animaux chez FranceAgriMer.

Sur le court-moyen terme, le blé et le maïs ne devraient pas être source d'importations démesurées, au contraire du soja. « Le gouvernement semble avoir accepté qu'elle dépendra du soja extérieur », estime Thierry Pouch, responsable du service Économie et prospective de l'APCA. La Chine entretient ainsi des relations très étroites avec le gouvernement argentin comme l'explique l'ouvrage Déméter 2017. Mais le pays sud-américain souhaite augmenter la surface de 2,6 Mha en 2020 par rapport à 2016, soit 9,2 Mha.

33 Mha de maïs et 24 Mha de blé en 2020

Pour le maïs, la Chine souhaite réduire la production, au profit notamment du soja, et surtout moins stocker. « La Chine devrait voir ses surfaces reculer de 3 à 6 % pour 2016/2017. Cependant, le but n'est pas de réduire la production de manière trop drastique, mais de déstocker, et aller directement vers la consommation animale », explique Jean-Marc Chaumet. Les autorités chinoises souhaitent que les surfaces de maïs tombent à 33 Mha à l'horizon 2020 (-9 % par rapport à 2015). Celles de blé se stabiliseraient entre 2015 et 2020, soit aux alentours de 24 Mha. 

Une gouvernance agricole mondiale nécessaire ?

La Chine manque de céréales et de viandes mais pas de devises. Ce dernier atout lui offre un pouvoir de nuisance potentiel considérable, selon Thierry Pouch, responsable du service Économie et prospective de l'APCA. « La Chine pourrait à l'avenir s'accaparer les ressources agricoles mondiales en achetant massivement à l'extérieur, mettant sous pression d'autres pays importateurs. » Le champ d'action de l'OMC étant jugé insuffisant, « il faudrait réfléchir à une gouvernance mondiale qui offre un cadre légal de fond, avec obligation pour les états du monde de communiquer en toute transparence sur leurs stocks. (…) On pourrait réfléchir à un système de stockage public mondial, permettant de subvenir aux besoins de pays importateurs en cas de crise et de lisser la volatilité des prix », songe Thierry Pouch.

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