Non-alimentaire
Chimie verte et biocarburants, “une logique de production”
Des produits agro-sourcés pour redonner à la France sa vocation de chimiste
«Il faut trouver des solutions productives au niveau de l'amont et de la transformation industrielle sur nos territoires” : c'est un discours neuf de la part des autorités, qui nous regardent trop souvent sous un prisme davantage réglementaire, sans suffisamment se focaliser sur la nécessaire productivité de nos filières », se réjouit Michel Boucly, directeur général adjoint du groupe Sofi-protéol et membre de l'“Équipe projet”, qui a élaboré la feuille de route “Chimie verte et biocarburants” sous la houlette du ministère de l'Économie. Elle fait partie des 34 plans de la Nouvelle France industrielle, qui ont vocation à faire émerger des investissements et des emplois. Concernant la chimie verte et les biocarburants, « ce sont 45 projets industriels » – représentant « 2 Md€ d'investissements d'ici 2020, 5.000 emplois créés ou pérennisés, et une création de valeur ajoutée supérieure à 3 Md€ » – qui ont été identifiés « pour donner un coup d'avance à la France des molécules vertes dans l'anticipation de l'après-pétrole », souligne le ministère de l'Économie et du Redressement productif.
Des produits agro-sourcés pour redonner à la France sa vocation de chimiste
« En plus d'un volet sur “comment rendre la chimie traditionnelle plus durable” (par des process économes en énergie, etc.), le groupe de travail a aussi, et surtout, débattu sur une nouvelle chimie qui serait fondée sur des matières premières locales, avec à la clef une réflexion sur la compétitivité de l'agriculture nationale et de ses filières industrielles », explique Michel Boucly. Il a été montré que « l'on peut obtenir des molécules chimiques et des biocarburants innovants, élaborés dans l'Hexagone à partir des productions agricoles françaises », et non basés sur l'importation de pétrole et autres matières premières. Ainsi un des quatre projets que Sofiprotéol envisage de lancer, dans le cadre de cette feuille de route, concerne l'installation d'« un pilote de biotechnologie, sur son site de Venette (Oise), dans le domaine de la chimie du végétal ».
Cet équipement permettra, « à partir d'huile ou de glycérine (coproduit du biodiesel), de fabriquer par voie fermentaire, et non chimique, des produits finis aux nouvelles fonctionnalités, avec des rendements industriels attractifs et une moindre consommation énergétique ».
Pérenniser la 1G, pour capitaliser sur la 2G
Par ailleurs, « le comité de pilotage et le gouvernement ont reconnu qu'il n'y aura pas de deuxième génération (2G) si l'on ne met pas en place les conditions de pérennité de la première génération (1G) », insiste Michel Boucly. Ces dernières passent notamment, pour le biodiesel, par la publication au JO de « l'arrêté relatif à l'autorisation du B8 », commente-t-il. Il s'agit d'autoriser les pétroliers à incorporer dans leur diesel 8 % de biodiesel, afin de pouvoir compléter les 7 % de biodiesel végétal – « comme s'y est engagé le Président de la République » – par des biodiesels avancés, comme ceux à base de déchets (huiles usagées, résidus d'abattoirs...). Et ce, « en attendant d'ici 2020-2025 les biodiesels 2G, sur lesquels travaille le pilote du projet BioTFuel, à Venette », illustre le dirigeant de Sofiprotéol. La parution de cet arrêté lui permettrait de lancer « l'un des quatre projets phare que nous avons mis dans la Nouvelle France industrielle », à savoir « la modernisation de nos installations de Sète, afin de développer la production de biodiesel sur la Méditerranée pour approvisionner, en particulier, les raffineries de Fos ».
Karine Floquet