Chaque Européen gobe au moins 500 g d'insectes par an
Le corps médical s'inquiète de la consommation d'insectes, auxquels certaines personnes allergiques sont susceptibles de réagir compte tenu de leur composition protéique.
Le corps médical s'inquiète de la consommation d'insectes, auxquels certaines personnes allergiques sont susceptibles de réagir compte tenu de leur composition protéique.
André Knult est formel : chaque Européen mange déjà des insectes, au moins 500 g/an, sans le savoir. Le scientifique, chercheur au sein du département allergologie de l'UMC de Utrecht (Pays-Bas), s'interrogeait, lors du congrès des allergologues européens spécialisés en allergies alimentaires (FAAM, Dublin, 9-11 octobre), sur les nouvelles sources de protéines. Cela, non sous l'angle marketing, mais sous celui du risque de réaction, car ce sont bien aux protéines que les personnes allergiques sont sensibles.
La consommation fortuite atteindrait même 2 kg, selon certaines estimations.
”« Les sources protéiques alternatives aux protéines animales issues d'élevage sont assez nombreuses : plantes, algues, micro-organismes, légumineuses mais aussi insectes », résume-t-il. « Les Nations Unies recommandent de consommer des insectes pour améliorer l'alimentation, une pratique déjà répandue dans certains pays, mais pas encore habituelle en Europe. Quoique ! Car, si vous n'avez jamais croqué dans un insecte entier, vous en consommez en moyenne chacun 500 g/an, sans le savoir. » Et le chercheur de le démontrer à l'aide des niveaux de contaminations autorisés par l'Agence américaine des produits alimentaires, seules données disponibles sur ce sujet (le Codex alimentarius impose à la farine de blé d'être exempte d'insectes vivants, comme d'insectes morts, en quantité susceptible de présenter un risque pour la santé) : le chocolat peut contenir jusqu'à 60 fragments d'insectes par 100 g, les jus de fruits 5 œufs de mouche par 250 ml,… Et on peut trouver 75 débris d'insectes dans 100 g de farine et jusqu'à 225 fragments dans 225 g de macaroni. La consommation fortuite atteindrait même plutôt 2 kg/an, a indiqué Philippe Schmidely, professeur à AgroPariTech, au Céréopa le 2 décembre (cf. “Évènement” p. 3).
Les allergiques aux crevettes en première ligne
Le vers de farine (larve de tenebrio molitor) est déjà disponible à la consommation en Australie, mais aussi au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique. Dans le cadre du règlement Novel Food, l'évaluation de l'allergénicité des insectes –en tant, non de contaminant, mais d'aliment– a montré la proximité de leurs protéines avec celles d'autres arthropodes. Les individus allergiques aux protéines de crevettes sont les plus exposées. Sur quinze testés à Utrecht, treize ont réagi ! Sans compter les allergies aux acariens présentant des réactions respiratoires aux insectes.