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Châlons-en-Champagne, rendez-vous de la bioéconomie

Fin mai à Châlons-en-Champagne, les agro-industriels proposaient un état de l’art en la matière, plus une convention d’affaires au Siñal. La filière a créé 100 000 emplois en 20 ans.

Christian Rousseau, président délégué à l’agriculture et l’innovation chez Vivescia (photo 1), est revenu le 30 mai au Siñal à Châlons-en-Champagne sur les moyens de favoriser l’accès et l’approvisionnement en bio-ressources, autour du modèle de la Ferme 112. Notant que la région fournit un blé à 10,7 de protéines, ne répondant pas aux besoins des meuniers, il a suggéré des rotations introduisant entre les récoltes de blé d'été et les semis de betteraves en mars du pois d'hiver, du sarrasin, du blé noir, pour tirer meilleure partie des terres champenoises. Les participants se sont réjoui de la reconquête de terres agricoles sur une ancienne base aérienne, à contre-courant de l’artificialisation des parcelles.

Claude Roy, président du club des bio-économistes, a souligné les atouts de la France en bioéconomie, en estimant que la filière biocarburants évite à la France d’importer un milliard d’euro par an de pétrole, soit 70 tankers de moins en Manche. La nouvelle bioéconomie a créé 100 000 emplois en 20 ans, d'après lui, 40 000 dans les biocombustibles,15 000 dans les biodéchets, 16 500 autour des biocarburants, et 25 000 en chimie du végétal.

Un événement en Grand-Est ne pouvait passer sous silence le cluster IAR, qui apporte 2000 emplois à la région rémoise. Jean-Christophe Duval, directeur du développement d’ARD, a rappelé que sa structure permet à des start-up de tester leurs projets à l’échelle industrielle. « Ainsi, un jeune entrepreneur sait à quel prix il trouvera une rentabilité », a-t-il dit, citant le projet primé de la chaire agrobiotechnologie industrielle d’AgroParisTech, à Pomacle (Marne).

Quelque 180 professionnels participaient à ce Siñal, un carrefour visant à faire le point sur les valorisations non alimentaires des agro-ressources. Autour de l’alchimie du végétal, 24 intervenants ont planché sur la bio construction. Pierre Bono, directeur de Fibres Recherche-Développement (photo 2), a comparé le cycle de vie d’un composite bio-sourcé et d’un analogue du marché. « L’origine botanique a un impact sur l’itinéraire technique » a-t-il relevé, notant des variations de 1 à 2 sur le taux de cellulose pour le lin. Le prétraitement de la biomasse permet de conférer au matériau des propriétés hydrofuges, thermiques, etc. « Soyons pragmatiques sur les itinéraires de production, le juge de paix étant celui demandé par les industriels » a-t-il pointé. Sa société présentait sur le salon une cabine de TER en composite lin et chanvre, plus légère de 23 % par rapport à l’existant.

Des produits utilisés à 100 %

Alice Gueudet, ingénieur au service bio-ressource de l’Ademe, a cité un composite lin et chanvre, destiné à la bio construction, démontrant ses avantages, légèreté, transport moins coûteux, et intégrant des chutes de production dans la fabrication des panneaux. « En lin et chanvre, on utilise toutes les fractions de la plante, et il n’y a pas de déchets » a-t-elle noté, se basant sur le test d'un constructeur automobile allemand. Jérémy Ferrari, du Codem Le Batlab, a noté que les panneaux isolants bio-sourcés sont moins polluants pour les logements que leurs équivalents classiques. Plus marketing, Philippe Willems, d.g. d’Orineo, a montré qu’en partant du recyclage d’un résidu agro-industriel, tel que les tourteaux d’oléagineux ou la pulpe de betterave, une TPE belge peut trouver un marché.
En aval de l’industrie, Camille Viot, chef de projet R & D chez Extractis, consultant, proposait une solution pour traiter les effluents salins des IAA avec des micro-algues, appliqué en Slovénie par un producteur de lactosérum.

Quelques projets européens bien dotés

L’Union européenne soutient la bioéconomie, avec le programme de financement public-privé BBI (bio-based industries). Orineo et le sucrier Royal Cosun sont partenaires du projet Pulp2value, porté pour 6,6 M€ par l’UE depuis deux ans. Des fibres de cellulose sont extraites de déchets de betterave (13 Mt/an produites dans l’Union) pour fabriquer des panneaux d’ameublement. Autre projet, Bioskoh vise à tirer un carburant de 2ème génération de pailles, en Slovaquie. Il est doté de 21,5 M€. Citons encore GreenProtein, valorisant des déchets verts en protéines et extraits végétaux (4,2 M€), ou Libbio, qui raffine du lupin en biomasse (4,9M€).

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