Portrait - Centre Ouest Céréales
Chalandray, un complexe bien huilé
Doté d’une usine de trituration en 2007 et d’unités de raffinage et d’estérification en 2008, l’appareil industriel de Chalandray (Vienne) de la coopérative Centre Ouest Céréales a permis d’écraser 230.000 t de graines oléagineuses en 2011/2012 pour une production de 140.000 t de tourteaux et 60.000 t de biodiesel.








Une juxtaposition impressionnante de silos, de cuves, de tuyaux gris métallisés sinuant entre les différentes structures. Les installations (silos, usines de trituration, de raffinage et d’estérification, stations de traitement des eaux usées et de l’air) ont totalisé un investissement de 35 M€ pour le groupe coopératif de Poitou-Charentes, Centre Ouest Céréales !
Un nouveau débouché pour les agriculteurs de la région
La mise en place de cette usine de biodiesel a permis de résoudre en partie le problème du grand assolement de maïs de la région, face à des perspectives d’irrigation aléatoires. Centre Ouest Céréales a entraîné ses adhérents dans la production de colza à travers la démarche de Sofiprotéol pour récolter les graines sur les terres en jachères. Quelque 90 % de ses 1.600 adhérents se sont engagés dans le projet. Une année normale, leur collecte totalise 100.000 t. Les 130.000 t supplémentaires sont achetées à l’extérieur, à des coopératives de Poitou-Charentes et du Centre. Ce sont à 90 % des graines de colza et 10 % de tournesol. Environ 80 % de la production de biodiesel quitte le site par voie ferrée, un gros avantage en terme de bilan Carbone, qui s’affiche à 60 %.
Première étape : l’usine de trituration. Le vrombissement incessant des machines cache un enchaînement d’étapes précis et bien rodé. Les graines de colza et de tournesol sont d’abord écrasées à froid dans une première presse, ce qui permet d’extraire 70 % de l’huile, appelée huile vierge. Les tourteaux de première pression montent dans des tours de réchauffage où la température s’élève jusqu’à 140 °C, puis ils redescendent dans des presses de deuxième pression afin d’extraire le reste de l’huile. « L’extraction étant mécanique et non chimique, les tourteaux ont l’avantage d’être gras avec 10-12 % d’huile », précise Lionel Gibier, directeur général de Centre Ouest Céréales. Avant d’être vendus à des fabricants d’aliments du bétail de Poitou-Charentes, Pays de la Loire et du sud de la Bretagne, les tourteaux finissent par la case “granuleuse”. L’huile brute sera en partie vendue en l’état, mais la majorité sera raffinée. L’usine de trituration écrase 720 tonnes/jour en tournant 24 h/24 toute l’année.
Après avoir été raffinée, l’huile est débarrassée des sédiments restants et va pouvoir être estérifiée. La phase principale consiste à mélanger 80 % d’huile et 20 % de méthanol. À la sortie : du biodiesel lavé et séché d’un côté, et de l’autre de la glycérine et des acides gras comme coproduits. La raffinerie et le complexe d’estérification tournent en même temps, 24 h/24 et 6 j/7.
Une logistique exigeante pour un planning de ventes serré
« Les tourteaux sortent bien en hiver mais beaucoup moins en été, alors que le biodiesel et l’huile se vendent toute l’année », explique Lionel Gibier, ce qui engendre « une gestion des flux et un planning des ventes serrés ». Biodiesel, huiles brutes et raffinées, tourteaux... Les espaces de stockage sont conséquents, avec une capacité totale de 260.000 t (céréales/oléagineux) et de 12.000 m3 (huile/biodiesel). D’autant qu’entre chaque étape, les différents produits repassent par des cuves dédiées : « Toutes les opérations sont découplées, afin qu’elles soient indépendantes les unes des autres en cas de problème. » Le site est également muni d’un laboratoire pour caractériser les différents produits sortis des usines, ainsi que d’une station de traitement de l’air et d’une station d’épuration.