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CGB : la filière sucre doit s’adapter à la récente réforme de son OCM

Prendre en compte la réforme du marché du sucre et tirer profit des besoins en biocarburants sont les défis de demain pour les betteraviers.

REFORME ET BIOCARBURANTS ont été au centre des débats qui ont rythmé l’assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) qui s’est tenue le 6 décembre au Palais des congrès à Paris. Le virage libéral de l’organisation commune du marché du sucre européen inquiète à juste titre la profession qui a accueilli le ministre de l’Agriculture, venu les soutenir en fin de matinée. Ce dernier a insisté sur l’opportunité des biocarburants. L’après-midi, consacrée aux perspectives sur le marché des matières premières énergétiques, a été animée par un débat avec, entre autres, l’économiste Philippe Chalmin, le spécialiste du marché de l’énergie Jean-Marie Chevalier et Claude Roy, coordinateur interministériel pour la valorisation de la biomasse.

La réforme du marché du sucre nécessite une adaptation

Avec une baisse des recettes estimée à 17 % pour les producteurs de betteraves inclues dans le quota A/B, et un recul équivalent pour l’industrie sucrière, la filière va devoir s’adapter à la récente réfome de leur organisation commune de marché (OCM). Premier objectif : répondre à la demande européenne et s’y tenir, l’exportation de sucre à destination des pays tiers ayant été récemment condamnée devant l’OMC. Ainsi, les betteraviers s’interrogent légitimement sur les quantités de betteraves à planter pour la prochaine campagne. «Toute tonne excédentaire sera reportée sur l’année suivante (…) Il faut donc produire uniquement la surface correspondant aux betteraves contractualisées», a expliqué Dominique Ducroquet, président de la CGB. Même si la France dispose d’un complément de quota de 352.000 t, la CGB a encouragé ses adhérents à ne produire que les quantités contractualisées, pour éviter un déclassement important si le plan de restructuration n’est pas suffisamment efficace en cette première année d’adaptation. Ainsi pour 2006, la CGB préconise une formule pour calculer sa surface de betteraves à implanter, la voici : quota A/B 2005 + contrat alcool et éthanol 2006 - report de 2005 sur 2006 / rendement moyen des trois dernières années.

Par ailleurs, la réforme de l’OCM sucre induit certaines mutations au sein de la filière et de ses règles propres. En premier lieu, l’accord professionnel actuel qui doit répondre aux enjeux de la réforme. Un nouvel accord avec les industriels est donc demandé par la CGB. «Cet accord est indispensable et il faut terminer la négociation fin janvier 2006 pour laisser le temps au ministère de l’homologuer. Il est hors de question que cet accord ne soit pas porté à la connaissance des planteurs avant les semis», a affirmé Dominique Ducroquet. Dans cet accord seraient définis les critères de répartition du quota supplémentaire de 352.000 t attribué à la France, les prix des différentes catégories de betteraves hors quota (sucre, alcool, éthanol) et la mise en place de nouveaux mécanismes de report de droits non produits sur l’année suivante. Ensuite, les producteurs souhaitent revenir sur la réglementation de 1964 relative à la définition de la betterave marchande «qui n’est plus adaptée à la betterave 2005», selon le président de la CGB. Celle-ci veut «éviter que l’amélioration de la betterave, et en particulier le sucre obtenu dans le collet, ne vienne pas pénaliser la recette du planteur pour le seul profit du fabricant de sucre».

Enfin profitant de la visite du ministre de l’Agriculture, Dominique Ducroquet a évoqué le dossier des aides compensatoires et des droits à paiements uniques. Il a demandé à Dominique Bussereau «que les aides compensatoires soient réparties sur les hectares de hors quota à raison de l’équivalent d’une aide Scop, et le solde sur les surfaces 2000/2002 pour la cohérence de l’exercice vis-à-vis des autres cultures». En réponse, le ministre a indiqué qu’il était «favorable à des DPU calculés sur la situation la plus récente et à la mobilisation partielle de l’enveloppe sucre pour ceux ayant connu une reconversion depuis la période 2000/2002».

Les biocarburants au cœur des espérances

Dans son discours, Dominique Bussereau a insisté sur l’importance des biocarburants qui «sont une contribution forte du monde agricole à la protection de l’environnement» et rappelé l’engagement de la France décidé par Dominique de Villepin d’atteindre «dès 2008 avec deux ans d’avance, l’objectif communautaire de 5,75 % d’incorporation des biocarburants, et même 7 % en 2010».

La table ronde a mis en évidence la necessité de ne pas laisser passer le train des biocarburants déjà occupé par certaines puissances agricoles telles que le Brésil, qui «a déjà annoncé plus de 60 projets, soit 120 Mt de canne en 2011/2012, dont 41 en exécution pour 71 Mt de canne sur la même échéance», comme l’a rappelé Samy Demal, directeur général de Sucden. De son côté, Philippe Chalmin estime que «les prix doivent soutenir les productions de bioénergie pour inciter les producteurs». Concernant les réserves de pétrole, Jean-Marie Chevalier juge fausse «la rumeur médiatique sur l’insuffisance du pétrole». Pour lui, «la limite arrivera par le prix car il existe des réserves». Plus pragmatique, Claude Roy a insisté sur le véritable objectif à atteindre : «la pire des choses serait de ne pas exploiter la biomasse» qui, laissée à l’abandon, «devient un gros émetteur de gaz à effet de serre (GES) et bien plus que l’activité agricole», a-t-il déclaré, recevant une grande ovation de la salle. Avant d’ajouter : «L’agriculture et la forêt sont les premiers remparts contre le réchauffement climatique et les moins chers à développer», et de conclure par une question restée sans réponse : «Mais, l’important est-il de développer les biocarburants ou de réduire les émissions de GES ?».

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