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Alimentation animale
Céréopa : la chasse à la protéine de blé tendre est ouverte

L’association estime qu’une hausse du taux de protéines dans le blé tendre engendrerait une économie significative du coût de fabrication des aliments pour animaux.

Le Céréopa (Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales) a présenté, lors d’une conférence le 16 mai à Paris, une série de leviers susceptibles d’améliorer la santé économique des fabricants d’aliments et des éleveurs. L’un d’entre eux est la hausse du taux de protéines dans les blés. Selon les études prospectives du cabinet d’étude, une progression de 2 % de la teneur en protéines engendrerait une baisse de 2,5 % du coût de fabrication des aliments pour animaux (cf. graphique). « Les monogastriques (volailles, porcins) sont ceux qui en bénéficieraient le plus », précise Patricia Le Cadre, directrice des études Alimentation et filières animales du Céréopa. Ainsi, « il serait bon que ce ne soit pas que les seuls exportateurs de blé tendre meunier qui s’approprient les lots dotés des meilleurs taux de protéines, mais également la nutrition animale. […] Tout le monde pourrait bénéficier du plan Protéine », prône Patricia Le Cadre.

Réorientation souhaitée d’une partie des exports vers l’intérieur

« Il faut soutenir les filières génératrices de forte valeur ajoutée, comme les filières Viandes », indique Yves Trégaro, médiateur délégué au ministère de l’Agriculture. Ce dernier comprend qu’il est difficile actuellement pour un vendeur de blé tendre de privilégier la nutrition animale française, alors qu’un client algérien est disposé à mieux rémunérer une marchandise à 13 % de protéine. Patricia Le Cadre admet, elle aussi, qu’il sera ardu de trouver une solution « gagnante-gagnante entre utilisateurs et producteurs de protéines végétales ». Pour résoudre ce dilemme, Yves Trégaro recommande la contractualisation, de l’amont à l’aval de la filière. « Il faudrait des contrats spécifiques entre fabricants d’aliments, coopératives et la grande distribution, qui proposeraient une rémunération supérieure aux vendeurs de grains, et qui impliqueraient un petit effort des consommateurs finaux dans l’achat de la viande ». Mais pour cela, il s’agira de convaincre ces derniers de payer plus cher. Le spécialiste du ministère de l’Agriculture propose de promouvoir auprès des consommateurs « un produit que l’on pourrait imaginer être de la "viande standard ++". Des animaux nourris avec des céréales locales, participant au maintien du tissu économique dans les régions, à l’aménagement des territoires… »

Autonomie totale en soja : une fausse bonne idée

Réduire les importations de soja est un objectif, mais il ne faut pas en faire une obsession, estiment les experts du Céréopa. « Rechercher à tout prix l’autonomie en soja n’a pas de sens. Cela pourrait coûter plus que ça ne rapporte », alerte Patricia Le Cadre. Les développements des cultures de protéagineux, de production de luzerne déshydratée, de farine d’insecte… peuvent réduire cette dépendance de la France. Mais toutes ces solutions ont un coût, et ne compensent pas toujours les qualités du soja importé. « Le pois présente des atouts certains, comme un bon taux de protéines, une bonne solution agronomique dans la rotation. Mais la culture n’est pas rentable aux yeux des agriculteurs, et est facilement substituable par d’autres produits », rappelle Étienne Laffitte, responsable technique chez Wisium France. En témoigne les 5 % de pois seulement utilisés en nutrition animale en 2015/2016, d’après FranceAgriMer. Une aide gouvernementale, d’environ 23 % du prix du pois (soit 50 €/t actuellement), payée aux industriels, serait nécessaire, selon le Céréopa. La luzerne déshydratée est intéressante, mais la culture et les usines sont concentrées dans le nord-est de la France. Ensuite, le marché d’exportation (Arabie saoudite, Chine…) séduit les vendeurs, entrant en concurrence avec le débouché français, indique le cabinet d’étude. Concernant la farine d’insecte, la production mondiale réduite (quelques milliers de tonnes) engendre un prix d’achat trop élevé pour le moment.

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