Céréales : début d'un “cycle déflationniste”, selon Thierry Pouch
L'économiste de l'APCA, Thierry Pouch, juge que la baisse des prix des matières premières agricoles, dont les céréales, pourrait s'auto-entretenir.
« Le super cycle haussier initié en 2007/2008 a été beaucoup plus court que prévu », a témoigné Thierry Pouch, économiste au sein de l'APCA, lors des vœux à la presse de l'organisme public le 13 janvier. Il juge possible que le processus de baisse des prix « s'auto-entretienne. Les pays producteurs de pétrole, importants acheteurs de céréales, vont voir leurs recettes diminuer et vont donc moins importer. On parle déjà de cycle déflationniste pour les matières premières agricoles. »
Le pétrole, au cœur de l'évolution des cours
Selon l'expert, le baril de pétrole est le principal indicateur à suivre. L'Arabie saoudite, l'Algérie et l'Iran, tous de grands importateurs de céréales, voient leurs réserves de devises fondre. « L'Arabie saoudite est en déficit budgétaire, ce qui est exceptionnel. L'Algérie est à suivre. Sa mauvaise situation économique pourrait inciter le gouvernement à stopper les subventions au pain, et créer une situation encore plus instable dans la région », alerte Thierry Pouch. La réunion réclamée par le président de l'Opep début mars, afin de discuter de la chute des prix de l'or noir, pourrait ne rien changer au contexte baissier selon le spécialiste. « Malgré la dégradation de sa situation économique, l'Arabie saoudite souhaite toujours mettre en difficulté ses rivaux, à savoir les États-Unis (gaz de schiste), l'Iran et la Russie (conflit syrien). On s'approche du scénario d'un baril à 20 $. » Seule une catastrophe météorologique affectant les cultures pourrait retourner la tendance, selon lui.
Au niveau français, la baisse des prix n'incite pas les agriculteurs à vendre, ce que regrettent bon nombre d'OS et Sénalia. La position de ces derniers exaspère Guy Vasseur, le président de l'APCA. « J'aurais aimé que les OS, notamment Axéréal, et Sénalia fassent passer le message directement aux agriculteurs, plutôt que par voie de presse. Faire étalage sur la place publique que les agriculteurs font de la rétention est scandaleux, et jette le discrédit sur la profession. Ensuite, nous n'avons été prévenus que trop tardivement, courant décembre. Pourquoi ne pas nous avoir conseillé de vendre en novembre, quand les prix étaient plus hauts ? », a-t-il dénoncé lors des vœux 2016 de l'APCA à la presse.