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Campagne « catastrophique » pour les semences certifiées

Baisse des cours des céréales, progression des charges, demande faible… les semences certifiées perdent du terrain face aux semences fermières

CHUTE. Le marasme économique actuel a fait plonger, en grandes cultures, la part des semences certifiées au profit des semences fermières. Suivant les espèces, les résultats sont contrastés mais le constat demeure. Le phénomène est d’autant plus marqué pour les céréales à pailles, comme le blé et l’orge, dont les cours ont nettement reculé par rapport à la précédente campagne. Alors que les semences certifiées étaient proportionnellement plus importantes que leurs homologues fermières à l’échelle française, elles passeraient en blé sous la barre des 50 % pour la campagne actuelle, soit une chute de près de 10 % sur 2009/2010 selon le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants).

Seul le blé dur tire son épingle du jeu
    C’est une première – à l’exception de la campagne 1994/1995 pendant laquelle les producteurs de blé avaient boudé les semences certifiées en réaction à la réforme de la Pac – : la part de semences certifiées en blé tendre est inférieure aux semences de ferme sur le territoire hexagonal. Le taux d’utilisation de semences certifiées en blé tendre serait de seulement 49 %, contre 58 % observé lors de la campagne précédente. « Des résultats catastrophiques. Nous n’avons jamais enregistré de chute aussi brutale », selon Philippe Silhol, responsable du service statistiques du Gnis. Une situation qui s’explique d’abord par « le contexte de prix » assure Philippe Roux, secrétaire général de la section céréales du Gnis. Mais aussi par « un creux de l’innovation variétale en blé ». « Nous ne pouvons espérer de relance importante à moins d’une reprise des cours. Mais, vu le contexte, cela semble difficile. La reprise dépendra aussi des nouvelles variétés. D’autres moteurs existent comme la protection des semences mais nous n’attendons pas de nouvelles molécules cette année malheureusement », regrette Philippe Roux. En orges d’hiver, la situation est également inquiétante pour les semenciers. Si les semences certifiées restent majoritaires, leur proportion est aussi en forte régression, perdant 11 % pour passer de 69 % en 2008/09 à 58 % cette année.
    Seul le blé dur parvient à afficher une utilisation stable, toujours à 81 % d’utilisation en certifiées. « Le marché se tient bien avec de bons rendements. Les ventes ont été bonnes dans les régions traditionnelles et dans le Centre », indique Philippe Roux.

De plus en plus de producteurs ont recours aux semences fermières
La Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF) est, de son côté, « très satisfaite de ces résultats ”, regrettant néanmoins le fait qu’ils traduisent une conjoncture financièrement difficile. Pour Sylvain Ducroquet, président de la CNDSF, si « la principale raison réside dans la baisse des prix, elle peut également s’expliquer par une exagération du prix des semences depuis deux ans et la pénuerie de certaines d’entres elles comme Claire ou Biscais, des variétés anglaises à fort rendement, recherchées dans la région Nord ».
    Le nombre d’agriculteurs utilisateurs de semences fermières progresserait aussi selon le CNDSF, mais il reste dur à mesurer. Autre indicateur, les ventes de matériel de triage à façon, qui auraient le vent en poupe. « Il y a un engouement cette année, une vraie progression comparable à ce qu’on a connu en 1992/1993 », confirme Alain Dorez, directeur de la société Dorez.
    Un élément pourrait relancer la demande les semences certifiées : le climat. Une mauvaise récolte réduirait drastiquement l’offre en semences fermières, entraînant un retour forcé vers les certifiées.

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