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Agriculture biologique
Campagne 2008/09, la grande inconnue

Après une campagne déstabilisée par la chute des volumes et l’envolée des prix, les opérateurs s’engagent avec circonspection sur la nouvelle

ATTENTISME. Alors la nouvelle campagne démarre dans l’expectative, chacun attendant que la récolte en cours soit engrangée pour se prononcer, celle qui s’est finie restera mémorable. Pour les professionnels, la plus grande crainte était de revivre de telles difficultés, mais il semble que la récolte 2008 se présente sous de meilleurs auspices. « Malgré quelques problèmes sanitaires, les rendements moyens semblent être passés du simple au double, commente un producteur de l’ouest de la France. Il faut dire que ceux de l’an passé étaient particulièrement bas ». Rendements faibles, voire quasi nuls pour les protéagineux dans certaines régions, et qualité médiocre ont caractérisé la récolte bio française de 2007, dans la majorité des régions, le Sud-Est ayant été épargné. Les volumes étaient en nets reculs par rapport à l’année précédente, et les prix en forte hausse à la mi-campagne, n’ont compensé, qu’en partie, le manque de volume. Qu’en sera-t-il cette année, alors que la récolte bat son plein ?

Des rendements en nette hausse

Les rendements 2008 semblent nettement supérieurs à ceux de 2007, voire bons. Ce, à un bémol près : que les problèmes de salissement ne viennent pas les compromettre.

En Bretagne par exemple, le blé et le triticale dans une parcelle propre peuvent atteindre les 50 q/ha et l’orge, 40 à 45 q/ha, ce qui est très satisfaisant en bio. En revanche, s’ils sont envahis de vesce sauvage, “une plaie” qui raffole des terres battantes et de l’humidité comme il y en a eu au printemps, les rendements chutent. Certaines parcelles ne sont même pas récoltées. Les rendements totaux risquent d’en être affectés. De surcroît, ce problème va plomber les frais de séchage et tri, indispensables car la vesce provoque des taux d’humidité de 20 à 25 %.

En protéagineux, les résultats s’avèrent plutôt corrects, avec des rendements avoisinant les 25 q/ha. Certes, le pois a souffert dans les zones plus humides ou gélives. La féverole s’en sort mieux, à condition d’avoir choisi la bonne variété, notamment Maya, qui est vraiment une des deux mieux adaptées aux pratiques de l’agriculture bio, mais qui souffre d’une disponibilité restreinte en semences biologiques, voire non traitées. Le choix de variétés résistantes aux maladies est d’ailleurs une des préoccupations majeures des producteurs bio. Sans possibilité de lutte chimique, ceux-ci ne peuvent compter que sur des variétés sélectionnées pour des itinéraires bio. Et elles sont encore trop rares. En blé, Renan en est l’exemple, et cette année, c’est cette variété qui semble donner les meilleurs résultats, moins sujette à la fusariose et la septoriose et moins affectée par ces champignons que les cultures conventionnelles.

Dans le Sud-Ouest, les rendements aussi sont au rendez-vous, atteignant en moyenne 35 q/ha en blé, le double de l’an dernier. Mais le taux de protéines serait nettement inférieur, dépassant difficilement 10,5-11 %. D’où la déception des professionnels qui comptaient sur une récolte répondant aux principales attentes des meuniers. Dans le centre, même s’il est encore trop tôt pour faire un bilan, l’inquiétude aussi reste de mise. Certes, comme ailleurs, les rendements sont au rendez-vous, mais la qualité des blés est très hétérogènes : le PS est faible, les taux d’humidité et d’impuretés sont élevés. Le risque d’un fort taux de déclassement est réel.

La prudence est de mise

Dans ces conditions, les opérateurs hésitent encore à s’engager sur des prix. Ils veulent connaître le résultat des analyses pour savoir dans quelle mesure les déclassements de blé meunier en fourrager affecteront les cours. Les coûts du tri et du séchage aussi doivent être pris en compte. Sachant qu’il n’y a aucun stock de report, la prudence est donc de mise, surtout au regard de l’expérience de l’an dernier, où les prises de positions rapides du début de campagne ne reflétaient pas la situation. Les collecteurs avaient été pris de court. Alors que la demande des meuniers et des fabricants d’aliments du bétail explosait, la chute de la collecte en blé et en triticale, due aux mauvaises conditions climatiques, a justifié une hausse des prix très marquée qui n’avait pas été anticipée. Le bilan a été déficitaire, et les importations sont reparties à la hausse, alors qu’elles avaient pratiquement disparu en France ces dernières années. Les paramètres ont été modifiés, et le marché, très tendu à des niveaux de prix supérieurs à l’an dernier à la même époque, joue l’attentisme.

Un marché porteur

Difficile dans ces conditions de faire des pronostics. Les faibles volumes proposés comparés à ceux du conventionnel expliquent les retournements de situation. En 2007-2008, les surfaces en blé tendre seraient stables, autour de 30.000 ha, à l’instar de 2006-2007. En revanche, même si des inconnues subsistent, les rendements à la hausse vont entraîner certainement une collecte supérieure à l’an dernier. Celle-ci avait d’ailleurs subi une baisse de 26 %, pour atteindre en fin de campagne 52.000 t. Elle pourrait retrouver le niveau de l’année précédente qui se montait à 70.460 t.

Une consommation attendue en hausse

Quant aux utilisations intérieures, elles devraient poursuivre leur progression, sachant que la demande du marché de la farine bio progresse actuellement de 15 à 20 %. En 2007/2008, les achats des meuniers se sont montés, en fin de campagne, à 59.000 t. En revanche, ceux des fabricants d’aliments composés ont chuté : fin juin, l’Onigc évaluait ce recul à 21 % (14.000 t contre 17.768 t en 2006/2007). En effet, les ventes aux meuniers ont été privilégiées, pour répondre à une forte demande et à un prix d’achat stimulant.

Pour compenser le manque de volume en blé tendre, la filière a dû recourir aux importations. Au 1er février 2008, les quantités importées avaient plus que triplé, passant de 1.141 t à 3.811 t. Selon les opérateurs, les principales origines seraient l’Italie, les pays de l’Est (Roumanie notamment), le Kazakhstan, voire l’Amérique du sud. D'exportatrice nette en blé tendre bio, la France est redevenue importatrice nette.

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