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Organismes génétiquement modifiés
Cacophonie autour du dépôt de la clause de sauvegarde sur le Mon 810

Les partisans des OGM ont sévèrement critiqué la décision de l’État

PAUSE. Après plusieurs semaines de polémique autour du maïs transgénique Mon 810, Matignon a tranché en annonçant le dépôt de la clause de sauvegarde auprès de l’administration bruxelloise en vue d’interdire sa culture sur le territoire français. La décision, annoncée tard dans la soirée du vendredi 12 janvier par le service de presse du Premier ministre, François Fillon, fait suite à l’avis émis par le Comité de préfiguration d’une haute autorité sur les OGM, faisant état de « la publication de plusieurs faits scientifiques nouveaux concernant l’impact du Mon 810 sur l’environnement, sur la santé humaine, l’économie et l’agronomie », et de « questions insuffisamment prises en compte ou nouvelles devant être prises en considération dans l’évaluation des impacts de tout OGM ». Jean-François Legrand, président de la haute autorité, a évoqué « des doutes sérieux » quant à l’intérêt des cultures de maïs résistant à la pyrale et à la sésamie. La clause de sauvegarde que compte activer le gouvernement conduira à l’interdiction de cette culture pour l’année 2008 au moins. Environ 20.000 ha de cette variété ont été plantés l’an passé en France. Les syndicats majoritaires de producteurs de grandes cultures et de semences se sont montrés particulièrement virulents à l’encontre de la décision initiée par le président de la République. Certains membres de la majorité gouvernementale se sont aussi joints à la contestation. Pour la Confédération paysanne, et notamment José Bové, qui était entré en grève de la faim, l’activation de la clause de sauvegarde est une bonne nouvelle. La Coordination rurale a elle aussi salué la décision.

« Mensonges et politique politicienne » pour le syndicat majoritaire

« L’utilisation de l’expression « doutes sérieux » par le président de la haute autorité ne correspond à rien d’autre qu’à une référence orientée et complaisante à des termes employés par le président de la République », a dénoncé Orama, faisant référence aux propos tenus par Nicolas Sarkozy, précédants la remise de l’avis, promettant qu’en cas de doutes sérieux, la clause de sauvegarde serait activée par la France. Pour le syndicat, l’État a donné raison aux faucheurs volontaires, et notamment à José Bové, qui avait entamé une grève de la faim pour protester contre l’absence de dépôt de clause de sauvegarde, alors que le ministère de l’Écologie l’avait promis pour la fin novembre. « Les producteurs de maïs Bt, respectueux des cadres légaux et victimes des fauchages, se sentent injuriés par la légitimation, dans les faits et politiquement, des auteurs de tels actes », s’insurge Orama. Et d’ajouter : « les pouvoirs publics ont apparamment choisi de privilégier un certain type d’interlocuteurs. Message reçu ». Même frustration du côté des semenciers. Dans un communiqué commun, le Gnis, l’UIPP, Oleosem et Seproma dénoncent le triomphe de la « démagogie » sur l’innovation agricole « qui se fera désormais sans la France ». De lourdes critiques sont aussi intervenues de la part d’un groupe de quatorze membres de la haute autorité chargé d’évaluer le Mon 810. Pour eux, l’avis ne permettait pas d’émettre de « doutes sérieux », contrairement aux déclarations de Jean-François Legrand. Ce dernier a vivement réagi en assurant que « les 14 ont validé ligne par ligne, mot par mot, référénce par référence » l’avis rendu par la haute autorité. Les interrogations soulevées dans ce dernier « constituent des doutes sérieux », a réaffirmé Jean-François Legrand.

Par ailleurs, certains membres de la majorité ont également contesté l’objectivité de la décision. Le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a qualifié de « procès en hérésie » l’avis de la haute autorité, avant de reconnaître que la clause de sauvegarde n’est qu’une « décision transitoire qui ne concerne qu’un maïs cultivé de façon très minoritaire ».

45 millions d’euros de crédit consacrés à la recherche publique

Seul signe positif pour les partisans des organismes génétiquement modifiés, l’annonce d’un crédit de l’État de 45 millions d’euros consacrés à la recherche publique sur les biotechnologies végétales. « Enfin, c’est une bonne chose », estime Pascal Coquin, chargé de mission économique à Maizeurop. « Mais c’est encore trop peu par rapport à ce qu’octroient l’Allemagne ou les États-Unis », relativise-t-il. Et de s’interroger : « s’agit t-il de biotechnologie verte (agriculture) ou blanche (secteur de la pharmacie) ?». Pour Philippe Gracien, porte parole du Gnis, « l’annonce de crédit est un signe positif », mais il regrette que « le gouvernement ait brisé la phase dynamique » antérieure à l’annonce du dépôt de la clause de sauvegarde, car « les entreprises semencières manquent encore plus de de visibilité maintenant ».

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