Météorologie
Ça chauffe pour les cultures d'hiver...
Le mois de décembre a été le plus chaud depuis 1900... Les cultures sont donc bien développées et risquent de souffrir du gel, si le froid venait à s'imposer brutalement.
« La France a vécu sa troisième année la plus chaude depuis 1900 », a indiqué le 4 janvier, Météo France. Selon Agreste, les températures du mois de décembre ont été largement supérieures aux normales saisonnières avec 9,8 °C, soit +3,8 °C sur la normale. Cet écart a été davantage marqué dans le Nord (+4,8 °C), contrairement à la Corse (+2,2 °C). Avec des semis précoces et des températures élevées, le développement des céréales est donc très avancé. « Sur le quart Nord-Est, au 10 octobre, les 75 % des semis étaient réalisés. Début janvier, les céréales sont en pleine vernalisation mais possèdent toujours leur résistance au froid. Elles sont au stade 2-3 tales et, favorablement, les jours courts empêchent la montaison du blé et des orges », remarque Luc Pelcé, ingénieur Arvalis des régions Bourgogne et Franche-Comté.
Une pression des ravageurs plus élevée
Quant aux colzas, « à ce jour, les températures relativement douces n'ont pas endurci les plantules au gel. Ils sont toujours en repos végétatif. Fort heureusement, aucune montaison ni reprise de végétation n'est observée dans la moitié Est du pays », explique Terres Inovia. Les colzas restent capables de déclencher l'initiation florale puisqu'il faut six à dix semaines de température entre 5 et 10°C. Par ailleurs, l'activité des insectes d'automne est favorisée par la douceur des températures et Terres Inovia met en garde les agriculteurs quant à l'activité des ravageurs sur les cultures.
Des gelées tardives à risque
Mais ces derniers ne doivent pas céder à la panique, on peut se remémorer l'hiver 2011/2012 qui était également très doux. Cette année-là, à la mi-janvier, une vague de froid brutale avait stoppé le développement des cultures. « En vingt-quatre heures, la température avait chuté de +7 à - 15°C et le froid avait perduré pendant dix jours. Si cette année encore, le gel venait à arriver brutalement, les cultures devraient en pâtir. Mais si au contraire, le froid s'installe progressivement, les plantes sauront s'adapter », tempère Luc Perclé. Mais ces scénarios qui semblent se réitérer de plus en plus souvent, pourront à terme faire évoluer les pratiques culturales. « Peut être que dans quelques années, avec des variétés plus adaptées aux semis tardifs, les agriculteurs pourront assurer leurs rendements et s'adapteront ainsi au changement climatique », suggère l'ingénieur d'Arvalis. Mais ce climat doux ne fait pas que des anxieux. Avec ces températures douces, les éleveurs peuvent laisser leur animaux pâturer et ainsi donner un peu de souffle à leur trésorerie, tendue en ce moment.