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C. Terrain : «ne pas laisser la parole aux seuls opposants» aux OGM

Pourquoi avoir choisi de passer à l’offensive en communiquant sur le maïs OGM, alors que la loi sur la coexistence n’est pas encore parue ?

Christophe Terrain, président de l’AGPM : Tout d’abord, parce que nous considérons qu’une communication transparente et objective doit être privilégiée. Pourquoi faudrait-il dissimuler une réalité de production alors que celle-ci est effectuée dans un cadre légal ? Non, nous sommes partisans de la clarté et donc de ne pas laisser supputer des choses qui seraient fausses ou de laisser la parole aux seuls opposants. La réalité aujourd’hui, c’est que des variétés OGM sont autorisées et que, parallèlement, nous avons défini des modalités de production rigoureuses en termes de coexistence. Enfin, si nous communiquons, c’est aussi pour répondre à la demande de nombreux médias qui souhaitent contribuer à la compréhension du débat parlementaire en cours.

En vous engageant autant en faveur des OGM, vous engagez la responsabilité de votre syndicat. Etes-vous persuadé que vous ne prenez pas un risque important au niveau juridique ?

C. T. : L’AGPM travaille pour tous les producteurs de maïs, qu’ils produisent du maïs conventionnel, bio ou OGM. Et c’est notre responsabilité de filière que d’assurer la co-existence entre les productions et de respecter les différents marchés.

Quant à l’aspect juridique, je vous rappelle qu’il s’agit de variétés et d’évènements génétiques dûment autorisés. En conséquence, il n’y a aucune difficulté, en l’état actuel de la réglementation, à ce qu’un producteur acquière et mette en culture des variétés OGM, bien qu’il n’existe pas de règle officielle de production. C’est cela que nous regrettons et c’est pour cela que nous préconisons, dans l’attente d’une réglementation, des pratiques de production précises et issues des expérimentations.

Qu’est ce qui vous rend si confiant par rapport à vos protocoles de coexistence des cultures OGM/non OGM ?

C. T. : Pendant trois ans, l’AGPM en liaison avec l’institut technique Arvalis et la recherche, a conduit un programme expérimental intitulé POECB (Programme opérationnel d’évaluation des cultures issues des biotechnologies). Ce programme, particulièrement rigoureux au niveau des protocoles, du suivi et des analyses, a permis de définir des règles strictes de production OGM. Ces règles ont été éprouvées en termes de traçabilité et de coexistence, et ainsi permettent de respecter le seuil communautaire de 0,9 %. Elles ont ensuite été mises en œuvre sur une plus grande échelle dès 2005, et le sera encore davantage cette année.

Il est aussi utile de préciser que le résultat de POECB est repris dans un guide de bonnes pratiques qui fait aujourd’hui référence, et qui est annexé à chaque dose de semences. J’indique enfin que la France n’est pas le seul pays à avoir travaillé ainsi. C’est le cas de l’Espagne, qui a eu une démarche identique et qui cultive aujourd’hui 50.000 hectares de maïs Bt.

Pourquoi un syndicat d’agriculteurs fait la promotion des OGM. Votre communication ne sert-elle pas davantage les coopératives et les semenciers que les agriculteurs ?

C. T. : Absolument pas. Si l’AGPM accompagne des agriculteurs intéressés par ces nouvelles variétés, c’est parce que ces variétés sont de nature à répondre à d’importants défis auxquels sont confrontés les producteurs : technique, de qualité du grain, économique, voire environnemental par la diminution des traitements. Mais aussi pour répondre à de nouveaux débouchés.

Un producteur, s’il acquiert une semence OGM, c’est parce qu’il en retire un avantage. En l’espèce, avec le maïs Bt, il peut répondre aux attaques de certains ravageurs tels que la pyrale et la sésamie, qui peuvent occasionner jusqu’à 30 % de perte selon les années et les localisations. Soyons clairs : au-delà de l’intérêt intrinsèque d’une variété, le producteur en mesure le retour sur investissement.

Vous allez beaucoup plus loin que la FNSEA sur cette question des OGM, n’êtes-vous pas en porte-à-faux vis-à-vis de la “grande maison” ?

C. T. : La FNSEA a un positionnement clair sur cette question en souhaitant que l’autorisation et la production d’OGM puisse se réaliser dans la clarté. Cela signifie des règles précises en matière d’évaluation des variétés, d’information des consommateurs et, parallèlement, que la réglementation permette la cohabitation des différentes filières et le respect des différents marchés. Si l’AGPM et la filière maïs dans son ensemble sont beaucoup plus visibles, c’est tout simplement parce qu’en Europe, donc en France, seul le maïs est aujourd’hui véritablement concerné par les OGM.

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