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Blé tendre bio, collecte en repli, demande en hausse

Finie très tard, la récolte 2014 du blé tendre bio est décevante, en quantité comme en qualité. En repli de 15 % en volumes, elle a subi des baisses de rendement et des problèmes de germination, donc de déclassements. D'où une pression sur les prix de la qualité meunière.

Alors que la demande en blé meunier bio progresse, notamment en origine française, sa disponibilité régresse : cette année, malgré une hausse des surfaces, la collecte de blé tendre bio est estimée par FranceAgriMer à 71.500 t(1), contre 84.000 t la campagne précédente, elle-même en recul par rapport à celle de 2012-2013. Selon les régions, les cultures ont subi de nombreux aléas : semis trop tardifs en raison de la météo dans le Sud-Ouest, échaudage dans le Sud, dégâts de rouille jaune, dus à un hiver doux et trop d'humidité en fin de cycle un peu partout. « Je n'avais jamais vu des blés, pas encore mûrs, en train de germer sur pied, début juillet », s'étonne encore Jean-Marie Pautard, président de la Cocebi, coopérative bio ” de Bourgogne. Cette région a été l'une des plus touchées par la germination, avec le Centre, l'Alsace, le Nord-Est. Chez Dijon Céréales, 40 % des blés ont été déclassés illico. Dans le Sud-Est, « les volumes ont chuté de 30 %, avec des rendements à 25 q/ha en moyenne, déplore Hervé Mucke, directeur de Bio Sud-Est. Dans certains secteurs, des lots germés ont dû être déclassés. » Idem dans le Sud-Ouest, avec une chute de 25 % des volumes de blé tendre. L'Ouest est un peu épargné : « À la Cavac, nous avons enclenché la récolte rapidement, puis séché le blé, ce qui a évité la germination », explique Pascal Gury, producteur vendéen apporteur à la Cavac et président de la section Bio d'Intercéréales. Néanmoins, les rendements sont inférieurs de 3 à 5 q/ha aux autres années, avec des résultats très variables selon les sols, entre 10 et 45 q/ha. « Nous devons impérativement rechercher des variétés résistantes, notamment à la rouille jaune, contre laquelle nous n'avons pas de solutions en bio », insiste le producteur. De son côté, le Poitou-Charentes s'en sort plutôt bien, avec une récolte meilleure que l'an dernier – qui était très mauvaise – et des rendements en blé entre 25 et 30 q/ha, avec des protéines à 10,5 %.

Une collecte estimée à 71.500 t, contre 84.000 t l'an passé.

Déclassements limités

Partout, le budget d'analyses a été exceptionnellement élevé : « Heureusement, les meuniers ont revu leurs exigences quant aux seuils d'indice de chute de Hagberg, à notre grand soulagement », rapporte Jean-Marie Pau-tard de la Cocebi. Ce qui limite le niveau de déclassement. Certains meuniers ont accepté des temps de chute de 150 secondes, au lieu de 250 secondes habituellement, et grâce à des mélanges réalisés aux moulins, ils trouvent des compromis, compte tenu d'un taux de protéines acceptable, au dessus de 10,5 %. « Ces meuniers peuvent ainsi satisfaire la volonté de leurs clients distributeurs de ne vendre que de la farine bio d'origine française, avec une traçabilité optimale pour se prémunir de tout risque », explique un courtier en marchandises.

Les importations de blés bio sont anticipées en hausse de 9 % par FranceAgriMer.

Néanmoins, les importations continuent et se sont même renforcées, estimées par France Agri-Mer à 50.000 t en blé tendre, soit une hausse de 9 % par rapport à l'an dernier (sachant qu'une partie – non précisée – est destinée aux fabricants d'aliments pour animaux). La crainte de manquer de blé bio et de subir une envolée des prix, qui affecterait la pérennité de la filière (cf. p. 6), explique ces achats extérieurs, venus d'Europe de l'Est, et même d'origines plus lointaines. Car il faut répondre à la demande en blé meunier bio qui poursuit sa progression, évaluée à 4 % par France AgriMer par rapport à l'an dernier, pour at” teindre 92.000 t. « C'est pourquoi, même si les volumes français sont en repli, les cours ne flambent pas, bien qu'ils restent très fermes. Cela s'explique aussi parce que, partout en Europe, la récolte 2014 a été médiocre », analyse un courtier. Conséquence, les prix de la farine vont devoir augmenter, entre 6 et 8 %.

(1) Le C2 (conversion 2e année pouvant être utilisé en alimentation animale) est évalué à 3.500 t (-47 % par rapport à la campagne précédente), en raison du ralentissement des conversions.

Pénurie de grand épeautre

Le grand épeautre bio a le vent en poupe. Longtemps cantonnée au marché allemand et autrichien, cette céréale rustique, encore confidentielle, est convoitée par les consommateurs bio d'Europe, et séduit le marché mondial. Les volumes sont encore modestes, mais les pains ou gâteaux au grand épeautre remportent un succès grandissant.

L'an dernier, malgré une récolte normale, cette flambée de la demande a déclenché une envolée des cours qui a pris tous les opérateurs par surprise. Mais cette année, avec des pertes de 45 % des volumes espérés dans les régions plus au Nord, pouvant atteindre 50 % dans le Sud-Ouest (notamment en raison de la rouille jaune), c'est déjà la rupture de stock en France, comme ailleurs en Europe, avec des cours qui ont atteint le zénith.

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