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Biotech: le collectif anti-OGM poursuit son combat en 2005

Semeurs et faucheurs volontaires ont procédé cette année encore à une campagne d’actions clandestines contre les essais OGM en plein champ, mis en place par les sociétés de biotechnologie.

JOSÉ BOVÉ l’avait promis, semeurs et faucheurs volontaires l’ont fait. Fidèles à «l’appel du 18 juin» lancé par l’ex-leader de la Confédération paysanne lors de la journée mondiale contre les organismes génétiquement modifiés, le collectif des faucheurs volontaires a revendiqué pas moins de 8 actions contre les expérimentations en plein champ de cultures d’OGM en France depuis début juillet. Cette nouvelle série d’arrachages, de nuit cette fois-ci, à laquelle s’ajoute une opération de semis au printemps dernier, a entraîné les foudres des firmes de biotechnologie qui voient des années de recherche partir en fumée.

Les essais pharmaceutiques n’ont pas été épargnés

La société de biotechnologie, Meristem Therapeutics, a été particulièrement touchée par les actions des faucheurs volontaires cette année. Depuis la mi-juillet, 4 sites ont été pris pour cible par le collectif anti-OGM qui a revendiqué les arrachages du 18 juillet à Beaulieu (Puy-de-Dôme), du 2 août à Issoire (Puy-de-dôme) et au Broc (Puy-de-Dôme). Dans un communiqué de presse du 4 août, les faucheurs volontaires réaffirment, leur «opposition à toute culture en champ de plantes transgéniques», et ce, «même si l’objectif proposé est de fabriquer une lipase gastrique». Pour le collectif, «d’autres moyens existent pour fabriquer ce produit à partir de bactéries ou de levures en laboratoire clos. Depuis plus de vingt ans, la production de protéines d’intérêt pharmaceutique par transgénèse est pratiquée en laboratoires en utilisant des micro-organismes en fermentateurs». Les faucheurs dénoncent aussi la volonté de Meristem de «produire dans du maïs transgénique en plein champ un médicament non homologué à ce jour». «Le fait de vouloir faire produire de manière artificielle un tel produit dans une plante alimentaire en milieu ouvert sur des surfaces agricoles importantes est une hérésie scientifique et agronomique», affirme le collectif anti-OGM.

Depuis l’an dernier, les méthodes des faucheurs ont évolué, suite aux violentes réactions des forces de l’ordre mobilisées pour soutenir les efforts de recherche des firmes biotechnologiques. «Pour les opérations d’arrachages, on agit de nuit dorénavant pour que les violences cessent contre les faucheurs, on ne veut pas renouveler ce qui s’est passé l’an passé», explique un responsable du collectif. En mai dernier, les faucheurs se sont transformés en semeurs, pour contrecarrer les projets de Monsanto dans la Vienne en procédant à une opération de semis sur une parcelle destinée à recevoir un essai transgénique.

Seule ombre au tableau des faucheurs agissant jusqu’ici de manière «non violente», la récente accusation de la société Pioneer. Selon les affirmations de la société semencière, un vigile aurait été «brutalisé» au cours d’une action d’arrachage à Menville en Haute-Garonne. Si le collectif des faucheurs a revendiqué le fauchage, il a vivement contesté les accusations de la filiale de Dupont de Nemours, qui n’a d’ailleurs pas porté plainte au sujet de l’agression du gardien.

Colère des semenciers et passivité du gouvernement

Depuis plusieurs étés maintenant, les campagnes françaises sont le théâtre de ces arrachages clandestins d’OGM cultivés en plein champ. Les firmes biotechnologiques n’en finissent plus de compter le nombre d’années de recherche perdues. «Les chercheurs en ont ras-le-bol et sont en colère», a de nouveau affirmé Allain Toppan, responsable des essais en plein champ chez Biogemma. «José Bové serait-il au dessus des lois ? Va-t-il continuer longtemps à appeler à des destructions sans que personne ne s’occupe de mettre un terme à ses appels répétés ?», s’est-il interrogé au lendemain d’arrachages dans le Puy-de-Dôme. Toutefois malgré les protestations de la profession, la position du gouvernement évolue peu, et les fauchages se poursuivent sans décroître. Dans un communiqué du 11 août, le ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, a toutefois condamné «avec la plus grande fermeté» les arrachages, et a rappelé que «les expérimentations d’OGM en plein champ sont autorisées conformément à la réglementation nationale en vigueur». Rappelons à ce titre que les réglementations européennes sur l’utilisation confinée et sur la dissémination et la mise sur le marché d’OGM, n’ont toujours pas été transposées en droit français, comme le réclament les professionnels des semences et de la protection des plantes.

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