Bioplastiques, une filière dont le développement ne tient qu'à un vote
L'interdiction des sacs plastiques sur les points de vente, sauf s'ils sont biodégradables et biosourcés, pourrait permettre à la filière française des bioplastiques d'émerger.


« Il nous faut un marché français d'au minimum 50.000 t de résine de bioplastique si l'on veut implanter une bioraffinerie, a explique Christophe Doukhi-de Boissoudy, président du Club Bioplastiques, lors d'une conférence de presse au Sia, le mardi 24 février. C'est pourquoi nous voulons fortement que le texte du Sénat (relatif au projet de loi sur la Transition énergétique) passe car il fait référence, à la fois, aux sacs de caisse et ceux de fruits & légumes. » Ce qui permettrait d'atteindre « un marché potentiel de 70.000 t si l'ensemble de la production reste en France ». La version de l'article 19 bis du texte législatif, voté par l'Assemblée nationale en octobre, interdisait les « sacs de caisse en matières plastiques à usage unique » à compter du « 1er janvier 2016 », sans offrir l'alternative de les remplacer par des « sacs compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées ». Une solution offerte aux sacs dits de Fruits & Légumes, interdits à partir du 1er janvier 2017.
Relocaliser une économie
Si la Commission mixte paritaire, qui doit se réunir le 10 mars, penche en faveur de la version sénatoriale de l'article, « une filière française du bioplastique pourra se développer, avec à la clef la création de 4.000 emplois », se réjouit Christophe Doukhi-de Boissoudy. Et ce sont « 6.000 à 7.000 ha de céréales », du maïs majoritairement, qui pourront trouver un « débouché local », renchérit Arnaud Rondeau, président de la commission Biomasse de l'AGPB/AGPM. Si cela ne représente que « 0,02 % de la SAU française, ce qui ne va pas révolutionner le marché », remarque-t-il, ce nouveau débouché a le mérite de « relocaliser toute une production », insiste pour sa part le président du Club Bioplastiques. La fabrication de sacs de caisse est de fait concentrée en Asie (cf. n°4061).
Il faut savoir que les sacs en bioplastique ne sont biosourcés qu'à hauteur de 20 à 40 %. Ils sont composés, par ailleurs, de polymères biodégradables et compostables d'origine fossile.