Aller au contenu principal

Biocarburants : l’Etat s’engage un peu plus dans le développement

 

Le gouvernement a annoncé, au Sia, qu’1,1 Mt de nouveaux agréments de production seront accordés aux professionnels avant la fin de l’année.

LE DEVELOPPEMENT des filières biocarburants va pouvoir s’accélérer. En visite au Salon international de l’agriculture (Sia) le 28 février, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé qu’ «une nouvelle tranche d’agréments d’1,1 Mt devrait être lancée d’ici la fin de l’année». Sur ce nouveau contingent, 950.000 t concerneront le biodiesel et 150.000 t l’éthanol. Ajouté à la deuxième phase (1,8 Mt, dont 1,335 Mt de biodiesel et 465.000 t d’éthanol), cet accroissement des capacités suppose un investissement industriel d’1MdE pour la construction de dix nouvelles usines, comme l’a précisé Dominique de Villepin. Elles viennent compléter les six prévues l’an dernier. «C’est très encourageant. Cela montre que le gouvernement a pris à bras le corps le problème des biocarburants en allant au delà des directives de Bruxelles. Il nous donne une visibilité jusqu’en 2015, ce qui est assez rare», a commenté Philippe Pinta, représentant des producteurs de blé. Les filières bioéthanol, AGPB, AGPM et CGB, ont d’ailleurs salué, dans un communiqué commun, «cette nouvelle étape franchie par le gouvernement». Ils regrettent néanmoins que cette répartition de 522.000 t de bioéthanol (80.000 t en 2006, 112.000 t en 2007 et 330.000 t en 2008) «ne permette pas aux trois projets industriels qui avaient déjà reçu des agréments d’obtenir leurs volumes économiques minimum de production». Ils jugent en revanche «très positive» l’annonce du Premier ministre d’accorder 150.000 t de bioéthanol supplémentaires d’ici la fin de l’année, mais insistent sur le fait qu’elles «devront bien entendu être complétées» pour atteindre les objectifs d’incorporation de bioéthanol, fixés par le gouvernement avec une première étape de 7 % en 2010.

Tenir les objectifs gouvernementaux

Ces décisions s’inscrivent en effet dans le cadre des mesures prises, en novembre dernier, par le gouvernement et les représentants des secteurs de l’automobile, de l’agriculture et du pétrole, pour développer les biocarburants en France. Ils devraient représenter 5,75 % de la consommation totale de carburants d’ici 2008. En volume, ce plan prévoit l’incorporation de 2,2 Mt de biodiesel et 1,8 Mt d’éthanol d’ici deux ans contre, respectivement, 400.000 t et 100.000 t sur un total de 40 Mt utilisées en 2005. L’ambition est d’augmenter le taux à 7 % à l’horizon 2010 et 10 % en 2015.

Les filières se sont fait entendre

Le gouvernement a donc, en partie, répondu aux attentes des différentes filières concernées qui ont eu l’occasion de s’entretenir avec le président de la République, le 25 février dernier sur le stand de l’Odyssée végétale. Les présidents de l’AGPB, Philippe Pinta, de l’AGPM, Christophe Terrain, et de la Fop, Xavier Beulin, rappelant au chef de l’Etat les avantages que réserve le développement de ces carburants alternatifs «sur les plans économique, social et environnemental», ont insisté sur le fait que «confrontés à de très bas niveaux de revenus, les producteurs mettent beaucoup d’espoir dans les nouveaux débouchés». Et d’insister alors sur «la place prépondérante» qu’ils doivent prendre dans la montée en puissance de ces filières. Les représentants ont toutefois soulevé des sujets de préoccupation, et notamment appelé à ce que l’Union européenne prenne «les mesures nécessaires afin d’éviter des importations de biocarburants qui annihileraient ces retombées positives».

Les biocarburants au cœur des débats

Pour rappel, le Brésil, leader mondial en matière de bioéthanol, affiche déjà un taux d’incorporation de 40 %. Comme l’a lancé le président de l’Oniol, Pierre Cuypers, le 27 février sur le plateau du “Grand débat” organisé sur le Sia par Marc Autheman, « il faut rattraper le retard». Celui-ci regrette par ailleurs que l’on ne force pas les pétroliers à incorporer des biocarburants. Claude Roy, coordinateur interministériel pour la valorisation de la biomasse, explique que cela est dû au fait «qu’il faut trois ans pour construire une usine» et avoir une capacité de production suffisante. Pourquoi alors avoir perdu autant de temps par rapport à la concurrence ?… comme l’interrogeait en substance Bernard Mary, représentant du Crédit agricole. Simplement parce qu’avec un prix du baril à 20 $ aucun investisseur ne se serait lancé dans cette aventure. Aujourd’hui le cours de l’or noir culmine à plus de 60 $ et légitimise le fait de parier sur l’or vert.

Invité sur le même plateau à débattre de l’avenir de l’agriculture française, le président de la Coordination rurale, Xavier Lucas, a, quant à lui, caractérisé ce XXIe siècle comme celui de «la révolution du carbone». Selon lui, la disparition progressive du pétrole pourrait conduire à une compétition au cœur même du secteur agricole mettant dos-à-dos productions énergétiques et alimentaires.

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : activité calme malgré le recul des prix de l’azote

L’activité du marché des produits azotés reste modérée durant avril, période de réapprovisionnement. 

Marché des céréales du 8 avril 2025 - Les prix du blé tendre français repassent la barre des 215 €/t, dans le chaos ambiant créé par la guerre commerciale états-unienne

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 4 et le 7 avril 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne