Biocarburant : la Commission peu réceptive pour le moment
Mechthild Woersdoerfer, directrice pour la Politique énergétique au sein de la Commission européenne, a justifié l’objectif de 3,8 % d’usage de biocarburant de première génération à l’horizon 2030.
La levée de bouclier des industriels contre la proposition de Bruxelles de réduire l’usage des biocarburants de première génération (1G) à 3,8 % en 2030, contre 7 % actuellement, n’a pour le moment pas fait mouche. « Les biocarburants, c’est un débat très animé. Certains y croient, d’autres pas du tout. De notre côté, nous n’avons pas supprimé l’usage de la 1G, nous avons baissé les objectifs à l’horizon 2030, et les taux d’incorporation ne baisseront qu’à partir de 2020, pour que l’industrie ait le temps de s’adapter et de faire émerger la deuxième génération (2G) », a indiqué Mechthild Woersdoerfer, directrice pour la politique énergétique au sein de la Commission européenne, lors du colloque annuel des énergies renouvelables le 31 janvier à Paris. Ainsi, la Commission n’entend pas, pour le moment, revenir sur sa proposition. Néanmoins, elle a rappelé que le projet sera soumis à discussion, notamment auprès du Conseil et du Parlement européen.
Michel Boucly monte au créneau
Michel Boucly, directeur général délégué du Groupe Avril, présent lui aussi au colloque, lui a pourtant rappelé les arguments de la filière, à savoir que le biodiesel « permet, grâce à la production de tourteau de colza, de réduire les importations européennes de 5 Mt de soja OGM par an ». Il a ajouté que les délais proposés par Bruxelles pour le développement de la 2G, produite sur des sites de production de 1G, étaient trop courts. « La 2G n’est pas assez mûre. Nous avons investi 180 M€ dans un site pilote de 2G (le site de Dunkerque). Nous sortirons des milliers de tonnes en 2019, pour un processus industriel en 2025. Mais si nous commençons à réduire le soutien à la 1G dès 2020, on ne verra jamais ce projet aboutir » prévient-il. « Il ne faut pas que l’Europe détruise cette industrie assise sur la production de carburants renouvelables », renchérit de son côté Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.