Bio contre bio
Depuis quelques semaines, les producteurs de biocarburants protestent contre le procès dont ils font l’objet dans le cadre de la crise alimentaire. A juste titre, ils s’étonnent que les médias nationaux se focalisent sur leur activité alors que d’autres facteurs auraient dû être mis en avant, comme l’état de l’offre et de la demande mondiale, la spéculation des fonds de pension ou l’absence de politique agricole dans les pays en voie de développement. Récemment, certains ont même qualifié de « crimes contre l’humanité » la production d’agrocarburants. Pour mémoire, le Mondial de l’auto 2006 avait consacré la filière bioéthanol française. Le Premier ministre y avait promis un fort soutien de l’Etat. On comprend donc le malaise qui touche cette industrie, consacrée hier et décriée moins de deux ans plus tard. Jean-François Loiseau, de Passion Céréales, s’étonnait dans nos colonnes que l’on ne crie pas au scandale « quand l’agriculture biologique laisse échapper 4 à 5 t/ha de façon idéologique ». Dans BLÉ Contact de mai, l’AGPB persiste et signe, expliquant que l’objectif de 20 % des surfaces en bio « devrait faire baisser de 4,5Mt notre production de blé et de maïs ». On ne s’étonne pas de la légitime frustration ressentie par les bioéthanoliers. Pour autant, est-il necéssaire de se venger sur l’agriculture biologique, une filière jusqu’à présent moins chouchoutée par le gouvernement ?