Bilan plutôt tendu en orge pour 2015/2016
L'offre européenne et mondiale d'orge est projetée en recul pour 2015/2016, compte tenu d'une baisse de la production globale et d'une hausse de la demande. De leur côté, les surfaces françaises de printemps sont revues à la baisse.

« Depuis trois ans, on assiste à une baisse continue de la production d'orge mondiale », a signalé Aubry Lheritier, trader chez Soufflet Négoce, lors du colloque d'Arvalis à Paris le 16 avril. Estimée à 143,5 Mt en 2013/2014, elle tombe à 140,3 Mt en 2014/2015 et est projetée à 138,2 Mt pour 2015/2016. De son côté, la demande mondiale est estimée à un peu plus de 140 Mt sur la prochaine campagne, un chiffre supérieur à la production, engendrant un bilan tendu.
Attention aux accidents climatiques
« La moindre contrainte climatique pourrait provoquer un bouleversement du marché », prévient le trader de Soufflet Négoce. Si les productions au Canada, en Argentine et en Australie devraient progresser, celles de l'UE, de la Russie et de l'Ukraine, reculeraient, du fait de la situation économique précaire des deux pays de la mer Noire. Le potentiel exportable des principaux pays exportateurs passe de 24,67 Mt en 2014/2015 à 22,10 Mt en 2015/2016.
La France, la Finlande et le Danemark, les seuls pays de l'UE à disposer des certificats phytosanitaires néces-“saires pour vendre à la Chine.
Concernant l'Europe des 28, le bilan est particulièrement étroit en orge de printemps où les stocks sont évalués à 315 kt en 2015. Le ratio stock/consommation est inférieur à 5 %, soit seulement ” 15-20 jours de consommation. La situation française est à l'image de la situation européenne. « Les surfaces sont évaluées à 0,464 Mha, en repli de 11,8 % par rapport à 2014 », explique Luc Pelce, animateur national de la filière Orges brassicoles chez Arvalis. La situation en orge d'hiver est bien moins tendue, avec des stocks UE de 700 kt, et un ratio stock/consommation de 30 % environ.
En France, les surfaces en orges d'hiver progressent de 4 % d'une année sur l'autre, pour atteindre 1,293 Mha en 2015.
Près de 2,5 Mt d'orges françaises vendues à la Chine sur 2014/2015
« La France, avec la Finlande et le Danemark sont les seuls pays de l'UE à avoir les certificats phytosanitaires nécessaires pour exporter en Chine », observe Aubry Lheritier. Ce qui explique les bons chiffres à l'export sur cette destination, qui constitue le poumon des ventes nationales.
Pour 2014/2015, près de 2,5 Mt d'orge “made in France” y ont été exportées, soit 80 % des exportations hexagonales, dont environ 800 kt d'orge de brasserie. Pour la prochaine campagne, la demande chinoise resterait dynamique, à 7-7,5 Mt (idem qu'en 2014/2015). Les raisons : une production de bière, qui a doublé entre 2003 et 2013, et une production d'orge, qui recule chaque année de 15 % par an depuis 2010 au profit du blé, chiffre qui devrait néanmoins s'atténuer dans les années à venir. Attention toutefois aux perspectives de ralentissement de la croissance du pays et, surtout, à la possibilité que d'autres pays obtiennent les précieux certificats. « Le Royaume-Uni, ne pouvant actuellement pas exporter en Chine, se montre plus compétitif, avec des prix actuellement inférieurs de 12 €/t », rappelle le trader de Soufflet. Les origines mer Noire seraient également bien placées, illustrant une forte concurrence des autres pays.
L'Arabie saoudite pourrait limiter ses importations
Un point sur l'Arabie saoudite, premier importateur mondial, a également été fait. « Les fabricants d'aliments du bétail sont en train de changer leurs formulations, et devraient à l'avenir produire des aliments à partir d'autres matières premières que l'orge et la luzerne, telles que le maïs ou le blé », prévient Aubry Lheritier. L'occasion d'inciter les opérateurs français de se mettre, dès maintenant, à chercher d'autres débouchés.