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Bilan 2005 : les marchés manquent de fluidité et les prix restent bas

Blé tendre

L’année 2004 a été marquée par une chute des cours de 156,5 E/t début janvier à 110,45 E/t à la moisson, la récolte française retrouvant, après la sécheresse de 2003, des niveaux plus conformes à la normale en 2004 (+24 % sur un an à 36 Mt). 2005, avec 34,9 Mt, n’a pas connu de telles amplitudes.

Si les vendeurs jugeaient les prix NR trop bas pour s’engager durant l’été 2004, la situation est encore moins motivante en juillet 2005 : 8,5 E/t séparent les prix des deux cuvées en blé standard départ Eure-et-Loir. Avec un marché d’export irrégulier en farine et des Fab qui gèrent leurs approvisionnements au coup par coup compte tenu des incertitudes liées à la grippe aviaire, l’intérêt acheteur est peu pressant. L’activité est poussive sur l’intérieur comme sur l’intracommunautaire. Au Sud, en effet, les Espagnols, confrontés à la sécheresse, se sont largement couverts au printemps 2005. Demande qui a profité à la France et dopé les cours de plus de 8 E/t entre avril et juin (108 E/t). Une fois ces consommateurs repus, les cours se sont repliés. Au Nord, la concurrence est vive avec d’importantes disponibilités en blés fourragers. Le mimétisme entre 2004 et 2005 se retrouve à l’export : la fermeté de l’euro vis-à-vis du dollar reste pénalisante. De plus, la concurrence est vive à l’international avec la présence, désormais récurrente, des pays riverains de la mer Noire. Sans parler du Canada, des Etats-Unis et de l’Australie qui séduisent régulièrement les consommateurs, y compris nos plus fidèles clients. Ainsi, malgré des prix bas, l’export ne décolle pas. Du coup, les opérateurs ont, comme l’an dernier, les yeux rivés sur Bruxelles. Et, sur un marché qui tarde à trouver son rythme de croisière et un blé à 99,14 E/t en départ, les vendeurs sont de plus en plus tentés par l’intervention.

Orge de mouture

Contrairement à l’année 2004 où les cours avaient joué aux montagnes russes, les cotations de l’orge de mouture ont évolué dans une fourchette nettement plus étroite en 2005, ne dépassant guère les 10 euros. Il faut dire que la fin de la campagne 2004/2005 n’a pas donné lieu à une activité débordante. A noter cependant deux pointes de fermeté : une première en février qui correspond à des couvertures sur le Maghreb et l’Arabie saoudite. Une activité à l’exportation bien vite stoppée par l’arrêt des subventions à l’exportation par Bruxelles qui privilégie alors les adjudications de volumes d’ex-intervention, allemande essentiellement. Une décision qui perturbe d’autant plus le marché libre, dont l’activité végète et les cours ne cessent de perdre du terrain jusqu’en mai. C’est alors que les conséquences de la sécheresse sur la Péninsule ibérique provoquent des achats de couverture de la part de l’Espagne principalement. De fait, les cours reprennent du poil de la bête. Cependant, l’effet est de courte durée puisque les livraisons outre-Pyrénées ralentissent dès la mi-juin, conduisant à un repli des cours. La nouvelle récolte qui reprend le relais au 1 er juillet poursuit ce mouvement de repli, avant qu’une demande de couverture en portuaire, face à une offre alors peu présente, ne soit à l’origine d’une petite remontée des prix en août. A partir de ce moment, le marché ne fait que vivoter avec des affaires au coup par coup, qui peinent à soutenir les prix. Puis le réveil de la demande sur le bassin méditerranéen et sur l’intracommunautaire à l’approche de l’hiver permet aux cours de se stabiliser voire de se raffermir en portuaire. Cependant, en ce début janvier, le marché tarde à redémarrer.

Orge de brasserie

En 2005, l’évolution des cours des orges de brasserie sur le début de campagne est inversée par rapport à 2004, après avoir connu une baisse continuelle sur la fin de l’exercice commercial précédent (mais dans une moindre mesure !). Ce repli progressif des cotations est à mettre sur le compte d’un marché inactif pour ne pas dire léthargique en ce premier semestre 2005, en raison des difficultés rencontrées par le secteur de la malterie européenne, en proie à une baisse de la consommation de bière. Ce recul est brutalement interrompu par l’apparition durant les moissons d’un problème qualitatif majeur concernant les orges de brasserie de printemps du quart nord-est de l’Hexagone. Leur teneur trop élevée en protéines est à l’origine de leur déclassement en orges fourragères. En conséquence, de nouveaux flux de marchandises se mettent en place : les origines britanniques et danoises rafflent les parts de marché de la France sur l’intracommunautaire. Et comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, les opérateurs apprennent dans le même temps que la Chine —premier consommateur mondial d’orge de brasserie— se tournerait vers le Canada et l’Australie, dont les récoltes sont, ou s’annoncent, conséquentes. Ainsi les cours de la nouvelle récolte ont nettement progressé jusque la mi-août sur un marché dépourvu d’affaires, les opérateurs étant alors dans l’attente des résultats des récoltes européennes pour se positionnner. Puis, le constat étant fait, les cours se sont tassés pour atteindre un niveau plancher qu’ils n’ont plus quitté, l’activité étant bloquée par le manque d’intérêt acheteur. Le marché de la malterie vit une situation dramatique, qui a conduit en décembre Malteurop à annoncer la fermeture de son unité de production de Reims. En ce début d’année, les opérateurs dépités se tournent déjà vers la nouvelle campagne dont les perspectives sont des plus floues.

Maïs

En fin de campagne 2004/2005, le marché se montre très actif. Dès la mi-mai, la sécheresse, installée sur la France et la Péninsule ibérique, relance l’activité dans le Sud-Ouest et enflamme les prix sur la NR. Cette demande fait fondre les stocks et naître des inquiétudes quant aux approvisionnements sur la période de soudure. Le marché est alors très réactif. Dans le Sud, comme au Nord, les cours s’envolent. De 110,6 E/t en avril, le rendu Bordeaux AR vaut 127,9 E/t en juillet et entraîne la NR dans son sillage. La hausse fait fuir les Fab. Le retour des pluies vient ensuite détendre l’atmosphère et les cours. En début de campagne 2005/2006 , le maïs se négocie à des niveaux supérieurs à ceux de 2004/2005. En effet, en septembre, le fob Creil se situe à 112,8 E/t contre 101,6 E/t un an plus tôt. Sur l’intérieur, les opérateurs restent en retrait tant que le profil de la cuvée 2005 n’est pas identifié. Le niveau de production se révèle finalement moins catastrophique que prévu, en particulier au nord de la Loire, et les cours tendent à se replier. La demande des Fab reste peu pressante. Déjà frappé par une baisse d’activité depuis plusieurs campagnes, ils gèrent leurs approvisionnements avec prudence face aux incertitudes liée à la grippe aviaire. Sur l’intracommunautaire, l’origine française bénéficie, dans un premier temps, du retard pris par la récolte hongroise avant de se heurter à des problèmes logistiques sur la façade Est qui se soldent par une tension des cours. Avec des prix assez élevés (113,2 E/t en décembre, contre 104,8 E/t en 2004 en fob Creil), le maïs perd rapidement sa compétitivité vis-à-vis des blés fourragers. De son côté, comme l’an dernier, la Hongrie (sur)alimente l’intervention...

Issues de meunerie

Si les niveaux de prix du blé ont joué un rôle dans l’évolution des cours des issues de meunerie en 2005, l’activité de la meunerie française y a également tenu une place importante. Le début de l’année s’est caractérisé par une relative stabilité des cours des sons qui a duré jusqu’à la mi-mars où le manque de dynamisme à fait régresser les cours des sons fins jusqu’à la fin de la campagne céréalière. En quatre mois, les cotations sont descendues à leur plus bas niveaux de l’année pour approcher les 42 E/t en moyenne sur le mois de juin. En 2004, il a fallu attendre octobre pour que les sons fins atteignent un prix plancher. La stabilité des cours, enregistrée au début de l’année, et leur fermeté est davantage liée à une offre peu conséquente qu’à une demande soutenue. En effet, le manque d’activité des meuniers a eu pour effet de doper les prix malgré le faible intérêt qu’ont porté les fabricants d’aliments du bétail aux coproduits de la farine. Toutefois, ce renchérissement des cours va rapidement laisser place à un repli, qui s’amorce en mars compte tenu de la léthargie du marché, présentant peu d’intérêt pour les Fab. A l’intercampagne, les cours des sons fins ont commencé à se ressaisir comme c’est souvent le cas à l’approche de la nouvelle récolte de blé. Ainsi jusqu’à mi-septembre, portés par une demande de plus en plus importante —et rarement assouvie— et par la hausse du prix des matières premières, les cotations des sons fins sont nettement remontées pour atteindre leur maximum en 2005 (72 E/t pour septembre). D’octobre à mi-novembre, le recul de la demande, le retour de l’offre et des problèmes logistiques ont fait reculer les cotations. Elles se sont ensuite redressées grâce à la disponibilité retrouvée en fret qui a remotivé les achats malgré une offre trop faible en cette fin d’annes.

Oléagineux

La récolte européenne engrangée en 2004 a maintenu les cours sous pression tout au long de la campagne. A plus de 296 E/t avant la récolte, le prix du colza rendu Rouen chute en un mois à 231 E/t, puis se déprécie régulièrement pour ne plus valoir que 193,75 E/t en février 2005. Si la période d’intercampagne est tendue avec des approvisionnements serrés, la perspective d’une progression des volumes en 2005 pèse sur les prix. A la fin de l’été, la flambée des cours du pétrole, galvanisant l’intérêt pour les biocarburants, redonne de la vigueur au marché. L’accélération de l’estérification ravive la demande en colza. La fermeté du débouché non alimentaire se répercute sur le marché alimentaire. Et, alors que les triturateurs, qui bénéficient de marges exceptionnelles, pensaient être largement alimentés compte tenu du niveau de la récolte, le marché manque de fluidité. Les vendeurs offrent leur colza au compte-gouttes et se retirent du marché au moindre signal baissier. Les cours progressent jusqu’à 227,5 E/t en novembre. En tournesol, la perspective d’un recul de la production soutient les prix en fin de campagne 2004/2005. Par la suite, l’envolée des cours de l’huile de colza conduit la filière alimentaire à triturer du tournesol pour regonfler les stocks d’huile. Mais, l’importance des récoltes attendues dans les pays de l’Est met vite fin à la fermeté. De plus, une fois les disponibilités restaurées, les triturateurs évincent le tournesol de leurs programmes et privilégient le colza plus rémunérateur. Faute de pouvoir vendre leurs graines de tournesol, les pays de l’Est en exportent l’huile à des prix très compétitifs. De 252,7 E/t en juillet, le tournesol vaut moins de 216 E/t fin 2005.

Pulpes de betterave déshydratées

En 2004/2005, comme en cette première partie de campagne 2005/2006, les éleveurs n’ont pas affiché de besoins particuliers en fourrages, ni d’empressement à passer aux achats. Si en 2004 la pénurie de fourrages —consécutive à la canicule de 2003— se fait encore ressentir, le retour à une production plus proche de la normale en 2004 a fait chuté les prix, de 146 E/t en septembre à 108 E/t en novembre. Fin 2004, la tonne de pulpe de betterave 8 mm départ Marne ne vaut plus que 104 E/t. Le marché n’affiche pas de grande volatilité au cours de l’année 2005. Les prix oscillent entre 103 et 104,75 E/t. Notons tout de même que la vague de froid observée en mars a ponctuellement renforcé l’intérêt acheteur. L’importance des disponibilités, combinée à la perspective d’une belle récolte, a pesé sur les prix d’intercampagne. Mais depuis, le marché enregistre une activité sans débordements.

Luzernes déshydratées

Très élevés en raison d’une pénurie de fourrages sur le premier trimestre 2004, les prix ont dégringolé à la moisson. Le marché se montre depuis assez calme. Il faut dire que les cours des céréales restent ancrés à des niveaux peu élevés et cela n’incite pas à la consommation de déshydratés. Les cours, en 18 % départ Marne, évoluent dans une fourchette allant de 107,6 E/t en janvier, pointe de fermeté liée à des retards d’exécution à 102,25 E/t, plancher atteint en avril 2005. Sur un marché peu demandé, le report de l’AR sur la NR a pesé sur les prix sur la période d’intercampagne.

Complexe protéique

Débutant le mois de janvier sur des niveaux de prix très bas par rapport à l’année précédente (la récolte 2004 étant nettement plus abondante que celle de 2003, victime de la sécheresse), le marché des pois protéagineux peine à enregistrer un volume d’échanges satisfaisant au premier trimestre. Le secteur de l’alimentation animale est en effet marqué par une sous-consommation : l’hiver se révèle bref avec un retour rapide des températures clémentes. Jusqu’au mois de mars, les prix du pois protéagineux restent donc influencés par le marché de la protéine à Chicago, plutôt bien orienté en cette période, en raison des inquiétudes concernant la météo défavorable au bon développement des cultures en Amérique du Sud. Cette hausse des cotations est plus ou moins accentuée sur le marché français au gré de l’évolution de la parité euro/dollar. A partir d’avril, la forte baisse sur le marché du blé fait dégringoler les cours du pois sur l’ensemble du territoire, alors que l’amélioration du temps sur le Brésil et l’Argentine conduit à une détente du tourteau de soja sur Chicago et, par répercussion, sur le marché français. Puis l’effet «fin de campagne» se fait ressentir avec une reprise des cours qui s’explique par l’amenuisement de l’offre face à une demande, modérée mais persistante. Un renchérissement accentué par les craintes concernant le niveau des récoltes à venir, dégradées par les températures caniculaires du début de l’été et les pluies au moment des moissons. Après avoir atteint un pic à la mi-août, les cours se stabilisent à un niveau supérieur à celui de l’année précédente, soutenus davantage par un tourteau de soja ferme que par une activité débordante. Le spectre de la grippe aviaire, qui a fait son apparition à l’automne, limite les achats des fabricants d’aliments.

Marché international

La production mondiale de blé 2005 est estimée à 611 Mt, en baisse de près de 13 Mt sur 2004, selon le CIC. Le record de 2004 s’est illustré sur Chicago par une dépréciation des cours de 122 $/t en avril à 80,13 $/t en décembre. Avec des volumes plus limités en 2005, les cours renchérissent. Néanmoins, face au léger raffermissement du dollar, l’évolution est moins marquée. Les cours n’ont ainsi pas dépassé les 103 $/t en 2005 (octobre). Il faut dire que le marché est très concurrentiel. En effet, si les Etats-Unis avec 57,1 Mt engrangés en 2005 contre 58,7 Mt en 2004, l’UE (122,7 Mt/136,1 Mt), l’Argentine (12Mt /16 Mt) et le Brésil (4,8 Mt/6 Mt) enregistrent des contre-performances, certains pays exportateurs ont vu leurs volumes croître. C’est le cas de la Russie, avec une récolte qui progresserait 45,3 Mt de 48,5 Mt, de l’Ukraine (16,5 Mt à 19,5 Mt), du Kazakhstan (10 à 11,5 Mt) et de l’Australie 23,5 Mt (20,4 Mt), dont les volumes sont régulièrement relevés. Des pays que l’on retrouve souvent dans la liste des fournisseurs retenus lors des appels d’offres lancés par les importateurs.

A 616 Mt, les prévisions de consommation pour 2005/2006 progressent (606 Mt). Les échanges mondiaux de blé et farine sont estimés à 108,9 Mt (109,3 Mt) avec des importations attendues en hausse en UE, Afrique du Nord, Amérique du Sud et Proche-Orient, mais ces gains sont éclipsés par la chute des achats chinois. Les surplus exportables devraient largement satisfaire la demande, bien que l’offre de blés meuniers de qualité supérieure soit plus faible que la normale chez certains exportateurs, comme le Canada. Avec des récoltes exceptionnelles en Russie et Ukraine, les disponibilités exportables sont larges en blés de moindre qualité.

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